Placez le dernier opus d’Other Lives sur votre platine et laissez votre esprit vagabonder sur les plaines de l’ouest américain. Car du cinéma tendance morriconienne vous en verrez à coup sûr à l’entour du microsillon !
La dimension cinématique d’Other Lives
Le leader d’Other Lives, Jesse Tabish, originaire d’Oklahoma a déménagé en 2019 vers l’Oregon pour se ressourcer et revenir à des racines americana plus fortes après le détour électro de Rituals en 2014.
Le quintet d’origine s’est recentré cette fois autour des figures de Jenny Hsu et Colby Owens mais l’ADN du groupe reste le même, l’écrin cinématographique. For Their Love est un album d’un grande beauté mais cela n’est en rien une esthétique de façade, la construction s’avère sophistiquée et soignée à outrance. La tradition folk rock qui a fait la renommée du groupe est à nouveau très présente, à cela s’ajoute de somptueux choeurs féminins semblables à des sirènes et surtout cette dimension cinématique puissamment orchestrée.
For Their Love, entre Tindersticks et 16 Horsepower
Les dix pistes du nouvel album sont un véritable enchantement pour nos oreilles, une pop baroque évanescente… Certes le thème n’est pas des plus légers : le rêve américain et ses désillusions à tout va.
Mais l’art de Jesse Tabish est de nous emmener dans son univers grâce à un songwriting d’orfèvre. Beaucoup y voient les influences d’autres grands de la folk anglo-saxonne comme Tindersticks ou Midlake. Jesse Tabbish a quant à lui souvent rappelé son penchant marqué pour les grandes envolées musicales de Sigur Ros et Godspeed You Black Emperor.
J’ai pour ma part une sensation double en repassant une énième fois For Their Love. J’y retrouve la forte empreinte folk de 16 Horsepower avec cette voix parfois ténébreuse mais ô combien captivante et aussi l’impression de retrouver l’esprit festif de Devendra Banhart et sa joyeuse clique californienne. Cette double référence en fait, selon moi, un album luxuriant et captivant.
Et un espace de lumière comme final…
Les guitares sont de retour, les arrangements de cordes offrent une forme organique à l’ensemble. D’entrée, The Sound of Violence nous embarque dans une ballade complainte en mode far west moderne.
Le grandiose All Eyes / For Their Love démarre sur une instru subtile et progressive puis libère le timbre chaud de Jesse Tabish. Hey Hey souffle avec puissance quelques sonorités soul très seventies. Sur We Wait, Jesse Tabish se livre avec force et tendresse en rendant hommage à son ami d’enfance. Il sortira dévasté de cette tragédie, et rappelle en cela la période noire traversée par Nick Cave.
For Their Love termine l’exercice sur une note d’optimisme avec la ballade Sideways, le rai de lumière existe nous disent Other Lives :
« It’s bright cause you’re the one… »
Other Lives
Cette dernière oeuvre d’Other Lives sera sans conteste l’un des joyaux de 2020 et sacre Jesse Tabish comme immense songwriter de l’indie folk outre-Atlantique.