Jean-Claude Vannier, vous l’avez sûrement entendu, sans forcément le savoir. Auteur de nombreuses BO de films et arrangeur pour plusieurs chanteurs français allant de Brigitte Fontaine à Henri Salvador (ce qui en fait du chemin), il est surtout connu (lorsqu’on se rappelle de lui) pour être l’homme derrière (Serge Gainsbourg étant devant) Histoire de Melody Nelson, où sa présence fut bien plus que celle d’un simple arrangeur. Et pour ceux qui connaissent bien le chef d’oeuvre de Gainsbourg, ils remarqueront notamment quelques parallèles dans cet usage très particulier des cordes dans Danse des mouches noires gardes du Roi, 3e piste de L’Enfant assassin des mouches, son premier album solo paru en 1972 (un an après Melody Nelson). A l’instar de In Search de Chance, nous voici face à un autre fourre-tout musical, moins brute et plus léché, mais encore plus fou.
L’album raconte soi-disant l’histoire (écrite par Gainsbourg) d’un enfant qui s’amuse à attirer les mouches avec des allumettes sur un papier tue-mouche, se fait embarquer dans le royaume souterrain des dites mouches, tue leur roi (on entend presque les “nananère” sur la piste n°6), et finit agonisant sur un “papier tue-enfant”. Notons que le bon Serge a écrit ça après avoir entendu la musique de Jean-Claude Vannier, donc la narration ne suit pas la musique de manière très rigoureuse, mais le nom des pistes qui en résulte contribue à donner à l’album son atmosphère troublante (comme si la musique n’avait pas suffi).
Les gardes volent au secours du roi
Dans Les gardent volent au secours du roi, piste centrale de l’album de Jean-Claude Vannier, on pense notamment à Atom Heart Mother Suite des Pink Floyd, avec ces choeurs grandiloquents, entrecoupés de cris et de bruits, au rythme d’une batterie. Et bien sûr au Cargo Culte qui clot Histoire de Melody Nelson, avec ce quelque chose de primitif, spirituel, et ivre. Et à la fin de ce carnaval foireux où genres et instruments forniquent dans des positions pour le moins inventives, nous avons un des moments les plus étranges de l’album : un tic-tac morbide, une voix qui halète, et un enfant aux paroles difficiles à distinguer. A écouter le soir avant de dormir !
Bien sûr, isoler une seule piste dans un tel disque n’a pas grand sens, il faut écouter L’enfant au assassin des mouches en entier avec son mélange de musique orientale, prog, funk, classique contemporain, musique de cirque, et que sais-je encore. Un voyage dérangeant, parfois cacophoniques, rempli d’instruments bizarres, de choeurs épiques, et qui s’achève sur une doucerette petite comptine d’enfant.
Chaque mardi, retrouve un morceau rétro* sélectionné avec soin, décortiqué et partagé sur Indeflagration pour le délice de vos oreilles en quête de souvenir ou de fuite du temps présent. Tout cela afin de tenter de fusionner les époques par la musique.
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* le mot sexy pour « vieux »