Le renouveau du punk américain
En 1980, le punk commençait à s’essouffler en Angleterre. Sid Vicious était mort, London Calling était sorti, et on parlait déjà de post-punk. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, il était en plein essor. Fresh Fruit for Rotting Vegetables (“fruits frais pour légumes moisissants”, et je crois que par légumes moisissants, ils parlaient de nous), premier disque des Dead Kennedys, est un des albums fondateurs du punk “hardcore”. Plus rapide et plus brutal que le punk tout court (ou c’est comme ça qu’il est vendu en tout cas).
“Kill the Poor” en est la piste d’ouverture. Et autant dire que ça sent bon la pâquerette dès le début.
Une modeste proposition des Dead Kennedys
On peut faire remonter ce type d’humour noir poussé jusqu’à l’absurde à Jonathan Swift, et son pamphlet anonyme de 1729 intitulé Humble proposition pour empêcher les enfants des pauvres en Irlande d’être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public (le titre lui-même étant une jolie parodie de ceux à rallonge de l’époque), où il propose avec force raisonnements logiques d’utiliser les nourrissons irlandais en guise de repas afin de régler le problème de la famine (pas si bête après tout, non? bon…).
Les Dead Kennedys sont un poil plus radicaux en suggérant l’utilisation de la bombe atomique, rapide et efficace. Entre cette voix bizarrement tremblante et un peu dégénérée, et surtout le refrain entêtant qui donne terriblement envie de le chanter à tue-tête, nous avons là plus qu’un bel hymne à la bêtise. Car si la “proposition” des Dead Kennedys n’a bien évidemment aucun sens, elle pose aussi une question : est-ce que les mesures actuelles en ont beaucoup plus si elles ne résolvent rien ? Sorti la même année que l’arrivée de Reagan au pouvoir, Fresh Fruit for Rotting Vegetables ne sera que plus bienvenu dans une décennie marquée par la libéralisation à outrance.
Chaque mardi, retrouve un morceau rétro* sélectionné avec soin, décortiqué et partagé sur Indeflagration pour le délice de vos oreilles en quête de souvenir ou de fuite du temps présent. Tout cela afin de tenter de fusionner les époques par la musique.
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* le mot sexy pour « vieux »