Jeudi 26 mai 2016 à 19h30, ouverture de Folk You 2016.
Il n’est jamais facile de débuter un festival, de performer face à une salle vide surtout lorsqu’on est seul sur scène. Le Monsieur Loyal prend ses précautions et invite le peu de personnes présentes à se rapprocher de la scène pour accueillir au mieux une toute jeune artiste qui nous vient de Rennes : Marion Mayer.
Marion Mayer, entrée convaincante
La chanteuse plutôt à l’aise sous son Trilby, derrière sa frange, nous livre des ballades folk qu’elle accompagne d’une guitare légère et sans fioritures. Marion Mayer n’a rien à envier à ses pairs dans sa manière d’occuper la scène et réussit assez bien à nous mettre dans l’ambiance folk apaisée de la soirée. C’est une agréable mise en bouche, sans défaut mais sans grande surprise. Un apéro au Kir Breton mais sans saucisson !
Sparky In The Clouds, quand la simplicité séduit
Ce trio est né en 2010 (1988 selon le guitariste) de la rencontre entre deux sœurs et chanteuses anglaises, Miranda et Bryony Perkins, et d’un guitariste français, Matthias Castagné, arborant son Trilby aussi fièrement que sa guitare.
Si rien n’est a priori extraordinaire dans cette formation (on peut difficilement faire plus minimaliste que deux voix accompagnées d’une guitare sèche), cette simplicité nous séduit et le groupe a le mérite d’être efficace. Bien que la salle qui se remplit soit encore peu expressive, les trois jeunes savent communiquer leur enthousiasme au public en le transportant dans leur univers folk hétéroclite.
Entre ballades celtiques mélancoliques évoquant les plaines irlandaises (He Walks Alone, Black Fades Into Blue), du rock énergique presque agressif (Take Away My Love) et un blues qui remontrait à ses origines louisianaises (Underneath), nous ne savons que choisir.
La complémentarité vocale du duo sororal se traduit par une alternance de contrechants et de canons dont la superposition apporte une profondeur à la faible instrumentation. Le tout est porté par une guitare aux ostinatos entêtants qui impriment en nous ces rythmiques folk.
Nous avons presque eu envie de danser. Nous avons été séduits.
Coco Méliès – Folkaribou, c’est bou la vie, pour les grands les poutits
Une (petite) chanteuse attachante et pleine d’énergie et un chanteur à Trilby (encore !) qui ignore qu’en France on parle mieux français qu’anglais, voici comment on pourrait décrire simplement ce duo qui nous vient tout droit du Québec (tabarnak !). Nous ne pouvons pas reprocher à ce groupe son manque d’implication, l’énergie dépensée est impressionnante et ce jusque dans leur réglage son (il a fallu au moins 6 morceaux pour que les guitares, les voix et les retours leur conviennent).
Cette folk brute, presque rock ne parvient pas cependant à briser l’inertie qui a regagné un public qui attend impatiemment David Zincke. Et c’est à notre plus grand désarroi que nous reconnaissons avoir été difficilement convaincu par ce groupe à qui nous n’avons rien à reprocher. Avec leurs morceaux propres et (un peu trop) prévisibles, ils ont eu le mérite de nous livrer de la folk, de la vraie, made in North America !
David Zincke, le meilleur pote
David Zincke clôture cette première journée du festival Folk You 2016.
Ce n’est pas la première fois que cet étrange poète au look McCartneyien des 60’s nous fait face. Il y a en effet presque 4 mois jour pour jour que nous le découvrions made in Capitol, aux côtés de Medi, son fidèle compagnon de scène, au Club Heritage à Paris.
Cette fois, il est accompagné d’une véritable bande de musiciens : 1 batteur, 1 batteur-bassiste-guitariste, 1 guitariste-claviériste et 1 guitariste amateur de lap steel (oh yeah!).
Les associations mélodiques subtiles proposées autrefois par les 2 musiciens, celles qui firent chavirer nos petits cœurs sensibles, sont ici moins évidentes. Cette nouvelle configuration vient briser le cocon intimiste et harmonieux pour faire émerger quelque chose de nouveau, plus dynamique, plus énergique mais aussi moins doux et sans doute moins apaisant.
D’humeur à nous contredire, David interprète, en plein cœur de son show, une chanson blues mélancolique où justement douceur et poésie seront les maîtres qualificatifs. Il l’introduit avec humour en disant (en français !) que cette chanson est dédiée à son chat, avant de diriger son regard vers le le ciel, une main sur le cœur, l’autre en l’air. Il détend rapidement l’atmosphère en ajoutant que ce chat est juste au dessus de la scène en train de le regarder. La salle rigole. Puis, comme pour faire disjoncter notre ascenseur émotionnel, il rajoute enfin : « Non en fait il est vraiment mort. » Une partie de la salle sourit pudiquement, ne sachant plus trop quelle vérité croire, et une autre, dont nous faisons partie, continue de rire, car l’humour noir, nous, on aime ça. Le morceau se nomme : Until It’s Over, et c’est très beau.
L’arrangement musical percutant, les textes forts en sens et en vérité et l’empreinte country-folk laissée par le groupe sur toute la durée du concert, donnent un rendu à la hauteur de nos attentes. La folk délivrée par mister Zincke est à nos yeux, la plus puissante et la plus authentique de la soirée.
Avec son flegme que nous envions à nos voisins d’outre-Manche, l’artiste n’a rien du showman. Il bouge peu sur scène, reste très modéré quand il s’agit d’envoyer des décibels, s’excite peu et a fait le choix d’une look pas très rock n’ roll (étonnante coupe au bol, gilet, chemise blanche et jean). Il cultive son image folk en allant jusqu’à s’excuser par avance quand il se saisit de l’instrument de la trahison dans la culture folk : sa guitare électrique (le temps d’un morceau).
Malgré cela, lorsque la machinerie musicale est lancée, c’est bien un réel show auditif auquel nous assistons. La foule bouge de plus en plus, et certains énergumènes dépensent toute l’énergie qui leur reste dans l’exécution de danses endiablées, décomplexées et souvent inadaptées (d’un point de vue sobre). Il nous arrive alors d’oublier que le spectacle se tient sur scène et non autour de nous, tant nous sommes fascinés par ces danses extatiques.
Une autre partie est occupée à chanter (pour certains yaourter), en bons groupies qui se respectent, les paroles de tubes tel que: Oh My, issu de leur dernier EP (The EP), et d’autres enfin restent accoudés à la rampe de la mezzanine, une pinte à la main, un smartphone dans l’autre, et immortalisent quelques instants marquants de la soirée (nous ne vous dirons pas qu’il s’agit de nous).
Final folky town pour le jour 1 du Folk You Festival 2016
Tous les artistes de cette première soirée du festival Folk You 2016 rejoignent ensuite David Zincke et ses musiciens sur scène pour célébrer la fin de cette belle soirée folk autour du titre : The Weight, tube mythique de la scène folk-rock des Sixties. Cette reprise est maladroite et non préparée, mais nous apprécions cette légèreté et cette spontanéité.
Nous rentrons chez nous le coeur apaisé.
Longue vie au festival Folk You, longue vie à la folk, et si tu penses autrement, folk you!