En vadrouille en Estonie pour la Tallinn Music Week 2018 (et pourquoi pas ?), nous avons découvert le charme insoupçonné de la ville de Tallinn, entre rails de tramways, zones désaffectées devenues branchées et centre historique typique.
Surtout, nous avons enfin défriché la méconnue et pourtant riche scène balte. Voici 3 (+ 1) exemples de groupes à suivre de près, pour impressionner vos potes, et tout simplement parce qu’ils méritent de hanter vos nuits. Sans vouloir éviter les conflits, Frankie Animal et Põhja Konn viennent d’Estonie, Garbanotas Bosistas de Lituanie et Polifauna de Lettonie. Baltics ALL rock 🤘
Frankie Animal, sensualité poussée à l’extrême
Annoncés comme groupe à ne pas manquer à la Tallinn Music Week par Europavox, Frankie Animal n’ont pas déçu. Dans une salle bondée et électrique, le groupe estonien a fait progressivement monter l’intensité. Avec leur succès Nightlights d’abord, la température a initié son ascension sur de belles harmonies et des parties instrumentales exécutées à la perfection.
Mais c’est surtout avec le rythme coupé et binaire de Pretty Late d’une part, et le charme de la chanteuse Marie M. Vaigla drapée d’une cape rouge d’autre part, que le set de Frankie Animal est entré dans une sphère de sensualité permanente. Le tube (Can’t Keep) Calling Misty apporte son riff entêtant et son solo de guitare puissant pour maintenir le rythme.
Marie interagit régulièrement avec la salle, demandant notamment à un moment “Who is from Finland? Who is from Estonia?” et un incongru “Who is from France?”. J’ai crié tout seul, me faisant repérer.
Sur un tempo toujours lancinant, la chaleur se fait plus intense. Marie M. Vaigla continue de se mouvoir avec aisance, faisant d’un espace sonore qui semble conçu pour elle un véritable espace scénique. Des passages instrumentaux élaborés, soulignés par de très bons solos et des distorsions Pink Floydiennes, achèvent de nous convaincre.
On finit avec grand plaisir sur Obsession dont le gros riff et la batterie mettront fin au set de Frankie Animal en beauté.
Garbanotas Bosistas, les futurs héros du rock psychédélique
Sans aucun doute notre concert n°1 de cette Tallinn Music Week. Le groupe lituanien Garbanotas Bosistas, dans la lignée des groupes psyché dont il est impossible de se souvenir du nom, et dont les membres semblent tout droit sortis du Seigneur des Anneaux (Šarukas, Mantas, Kipras et… Mantas encore) démarre fort sur un thème psyché instrumental extrêmement lourd. Avec une batterie déjà incontrôlée et un tempo qui accélère, c’est la vie qui s’agite.
Devant l’intensité des saturations des 1ers morceaux, seuls les “vrais” restent au premier rang. Garbanotas Bosistas enchaînent alors avec Wonderland, l’un de leurs morceaux les plus connus construit autour d’une seule phrase répétée en boucle, absolument entêtante.
All I ever wonder who’s gonna get closer to you
Les sublimes mélodies nous embarquent totalement, et la salle commence à danser frénétiquement à chaque changement de tempo. La musique de Garbanotas Bosistas est définitivement énervée, tout en restant mélodique. Les 4 membres du groupe sont dans leur son, les plus jeunes de l’assistance se chargeant, en dansant au premier rang, de transmettre l’énergie au reste de la salle.
Nous n’aurions jamais pu anticiper un final aussi dingue, le groupe reprenant en boucle les paroles de John Lennon sur Dear Prudence :
The sun is up, the sky is blue, it’s beautiful, and so are you
Tellement dingue que… le groupe est revenu pour un rappel, ce qui n’arrive littéralement JAMAIS en showcase festival. Garbanotas Bosistas reprennent alors Long Ago Far Way, sans doute leur morceau le plus rapide et électrisant. La foule entre une dernière fois en transe, consciente d’avoir assisté à un grand moment de musique.
Põhja Konn, le prog rock à la mode en Estonie
Le groupe local de rock progressif Põhja Konn nous avait été conseillé par leur manager, Henri Roosipold, qui gère également la plus grande salle de Tartu, 2e ville du pays. Et vous vous doutez bien que pour avoir du succès en faisant du progrock en 2018, il faut apporter une touche moderne au mix.
Põhja Konn, ce sont de gros sons à la guitare, de grosses saturations, de gros solos et une énorme énergie sur scène. 2 guitaristes, 1 basse, 1 batterie maniées par des musiciens exceptionnels créent un fond musical fourni et qui capte les rock addicts. Surprenament, le chant en Estonien est plutôt agréable, se mêlant parfaitement aux riffs très 70s des morceaux de Põhja Konn.
Le groupe termine sur Selle ilma igav kainus, leur hit épique qu’on dirait tout droit sorti d’un jeu vidéo d’aventure fantasy, et qui nous rappelle des morceau du groupe néerlandais PAUW.
Bonus : Polifauna, la dreampop lettonne pas en reste
Nous n’aurons malheureusement pas eu la chance de voir jouer Polifauna du fait d’un timing serré… Pas facile de voir tous les groupes que l’on souhaite en à peine 2 jours.
Le groupe letton qui a sorti son nouvel album You Look Like A Lost Soul il y a pile un mois, déroule une dreampop qui n’a rien à envoyer aux chantres du genre. C’est doux, apaisant, et on se sent aspiré dans une spirale d’émotions positives et mélancoliques. Nous sommes tombés sous le charme de Last Days of Summer que l’on vous invite à découvrir :