Après le concert hard-rock de All Them Witches en début de semaine, Indeflagration est retourné à La Maroquinerie pour une prestation venue d’un univers radicalement différent mais tout aussi riche signée Emancipator Ensemble.
Emancipator + 3 potos = Emancipator Ensemble
Ce vendredi 15 septembre 2016 donc, l’ambiance était très décontractée, avec un concert sans première partie (à cinq minutes du début du set, la plupart des gens étaient encore assis dans la fosse). Il s’agissait pourtant pour nous d’un véritable événement dans le milieu electro/trip-hop puisque le petit génie Emancipator ne faisait qu’une seule escale à Paris pour présenter son nouvel opus Seven Seas. Et nous n’avons effectivement pas été déçus…
C’est dans cette ambiance plutôt intimiste qu’est arrivé Doug Appling aka Emancipator. Accompagné par trois potos à la basse, à la batterie et au violon, il impose rapidement son style simple rayonnant de calme. Avec sa casquette classique et son T-shirt un peu ample, le maestro se cale rapidement derrière son synthé, à proximité de son Mac, de son pad et de sa guitare.
Mais ce soir, on a beaucoup de chance. On n’est pas venus voir Emancipator seul mais Emancipator Ensemble. Et ça change tout.
Section rythmique folle (basse, batterie)
Si sa musique est principalement électro, elle n’en reste pas moins naturelle d’un point de vue instrumental. Avec une énorme composante rythmique caractéristique du trip-hop, l’ajout d’un couple basse/batterie en live apporte une toute nouvelle dimension. Ce n’est pas pour rien que la section rythmique représentait la moitié de la formation ce soir-là : il faut bien ça pour rendre compte des lignes de basse et des beats puissants des chansons d’Emancipator.
On notera en particulier un batteur incroyable capable de tenir les grooves souvent intenses se résumant tantôt à « défoncer violemment le charley de sextolets en mettant des grosses lattes régulières sur le snare » et tantôt à « exploser le mini-snare en allant chercher tous les toms et cymbales en même temps ». Écoutez Old Devil et imaginez ça en live. Ben ça défonce. Tout simplement. Sa performance est déjà impressionnante en soi, imaginez-vous qu’il doit aussi respecter le tempo qu’il a dans l’oreille et que, en plus, EN PLUS, il doit vider ses Kro stratégiquement placées à côté de sa batterie avant le concert (on a compté 2,84 bouteilles vidées pendant le concert). Ce n’est pas pour rien que certains des spectateurs sont venus après la performance pour le féliciter (et récupérer au passage ses baguettes qui faisaient bien la gueule après toute cette violence).
Section chic (violon, synthé, guitare)
Bassiste tout à gauche, batteur tout à droite, le centre était lui réservé au cœur des morceaux (ces propos ne témoignent pas d’un positionnement politique) avec Douggie Appling et son violoniste. Si on a d’abord eu peur d’une basse écrasant le violon, les réglages ont été faits par la suite pour donner plus de volume à cet instrument d’une importance primordiale dans la musique d’Emancipator. Capable de lui aussi bidouiller sur son Mac pour faire preuve de polymorphisme, le violoniste se place aussi bien en son d’ambiance qu’en tant qu’instru principal pour certains morceaux, notamment sur un medley exceptionnel basé sur Anthem au moment du rappel.
Et bien sûr, à ses côtés, Emancipator. Tel un chef d’orchestre pour son Ensemble, il enchaîne les samples tout en enregistrant ses loops au synthé, agrémentant le tout de ses fameux passages plus mélodiques directement sortis de sa Strat. Pour le plus grand bonheur de chacun, les morceaux sortis étaient aussi bien des hits plutôt percutants à l’image de First Snow ou de Rattlesnakes que des chansons venues du nouvel album Seven Seas.
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Quatuor ravageur, au calme
Un mélange des genres opéré à la perfection par M. Appling, DJ placé entre le violoniste et le batteur fou, qui fascine. A l’issue du morceau final, un When I Go hypnotisant, ce dernier garde son style habituel pour remercier le public. Un sourire timide, voire gêné, devant la salle l’acclamant avant de repartir tranquillement. Le mystère et la magie de ses compos planantes restent intactes.
Pour conclure, Emancipator Ensemble en live est définitivement une expérience à voir pour tout amateur de trip-hop/downtempo, rien que pour le relief incroyable donné par la section rythmique folle au cours du concert.
| Voir aussi : notre playlist spéciale trip-hop/downtempo