Point zéro – avant Jordan Klassen, clarifications sur l’espace spatio-temporel
Dandy est en avance et est venu en métro, Socrate vient en Autolib’ et est à l’heure (mais celle de son fuseau horaire que personne n’utilise). Le lieu de rendez-vous se trouve tout près de La Villette, dans un coin tout à fait sympathique du 19earrondissement, idéal pour vous faire prendre conscience de votre babtou-fragilité… L’Espace B s’y est égaré, dans des ruelles sombres que seule la motivation d’un concert peut vous faire arpenter. Une chose est sûre, cet espace est coupé du monde et sa porte est une sorte de portail qui nous transporte directement dans un bar un peu vieillot et clairement bobo dont la clientèle (essentiellement le public du concert) n’est autre qu’un troupeau cosmopolite et chéper communiquant dans la langue de Shakespeare. Le lieu est insolite et son organisation déroutante (après le bar et la salle de restaurant, on accède à la « salle de concert » par le couloir des WC). Charmant en somme.
Comme la ponctualité ne semble pas être de mise dans cet établissement (mais quel concert débute à l’heure après tout ?), nous décidons donc de patienter le verre à la main.
La première partie – Jordan Klassen – New age minimaliste
Nous sommes de ceux qui vont aux concerts pour la première partie si cela nous chante. Nous avions hâte d’écouter Jordan Klassen qui, après avoir erré un moment dans la salle afin de vendre quelques exemplaires de son dernier album (que nous vous recommandons impétueusement), monte sur scène armé d’une guitare et nous annonce que c’est uniquement son deuxième voyage en France. Ce grand timide de Vancouver aux allures de geek, trop doux pour être bûcheron, devient étonnamment passionné lorsqu’il se lance dans l’interprétation de ses morceaux. Pas étonnant que ses plus grandes sources d’inspiration soient Patrick Watson et Sufjan Stevens (vous n’imaginez pas le nombre d’informations croustillantes que Jordan Klassen nous a révélés).
Au cours du concert, le minimalisme instrumental nous rappelle ses premiers albums et nous ramène aux rudiments de la country-folk : 6 cordes de guitare, 4 cordes d’ukulélé et 2 cordes vocales lui suffisent amplement.
Voici la courte set-list de ce live. Gardez à l’esprit que ces morceaux sont, bien entendu, entrecoupés d’anecdotes sur sa vie, ses proches, sur le sujet de ses chansons, son accent… Jordan a aussi tendance à exagérer son enthousiasme à propos de sa présence à ce concert et devant ce public. Ça en devient touchant.
- Call and Answer, on commence en douceur avec une ballade folk délicate
- No Salesman, dont Jordan Klassen nous avait gratifié d’une session privée, extrait de la session flagrante #9 à paraître très vite (voir ci-dessous)
- Go To Me, il sort alors le ukulélé et alterne entre un chant surpuissant et une voix délibérément effacée, le contraste est saisissant sur cette mélodie qui tend vers la country
- Hot Ashes, Dandy était sous le charme de ce morceau “so country” qui évoque pour lui les lamentations d’un cowboy mélancolique.
- Gargoyles : dans ce morceau, Jordan Klassen dépense une énergie folle pour reconstituer les différents sons présents sur l’album studio (Javelin). Sa caisse de résonance remplace les percussions, il ressemble à un homme orchestre fou essayant de reconstituer au mieux une composition assez complexe… De même que pour les autres morceaux de Javelin interprétés, un quasi travail de réécriture est nécessaire pour permettre le passage d’une version studio très riche à une performance acoustique
- Delilah, dont Jordan nous apprend qu’elle a été inspirée par la surprise causée par la perte par sa mère de sa foisonnante tignasse rousse à la suite d’une chimiothérapie.
- Baby Moses, une version totalement différente de la version studio, l’interprétation avec pour seul accompagnement une guitare acoustique (plus de violoncelle, plus d’effet masqué sur la voix, plus de chœurs célestes…) altère légèrement la profondeur du morceau original à découvrir ci-dessous
- Firing Squad, le concert s’achève ici sur une touche dynamique aux airs de country mass market (Taylor Klassen, ça ne sonne pas si bien. Jordan Swift, c’est mieux !)
Version acoustique captivante de No Salesman, interprétée par Jordan Klassen au Studio Flagrant
Baby Moses et Firing Squad en écoute sur Soundcloud
Prestation de courte durée, sans grands moyens, mais c’était bien sympa !
Interlude – Les photos du concert de Jordan Klassen
La deuxième partie – Le duo fracassant Burger B-Pinte
Ce que l’on retiendra :
- De très bonnes frites maison
- 2 bonnes pintes
- Les derniers burgers de la soirée (au grand dam de nos voisins de table)
- 2 bonnes pintes
- Une mauvaise estimation du temps
- 2 bonnes pintes
- « Merde, on a loupé le concert de Whitney »
Qu’y a-t-il de plus enviable que de pouvoir refaire le monde, tout en péchant par gourmandise dans un bar du 19e arrondissement, sans se soucier de l’heure qui tourne ?
Notre note (Socrate Flagrant et Socrate Flagrant) :
Jordan Klassen : iii
Discrétion et passion folk font bon ménage. À revoir dans toute sa richesse instrumentale.
Le baromètre de notation Indeflagration évolue de i (déconseillé) à iiii (indispensable)
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