Le Pop-Up du Label nous a accueilli mardi 10 mai dernier pour un concert que nous n’aurions manqué pour rien au monde. Si vous ne connaissez pas encore Meilyr Jones, jeune gallois d’une trentaine d’année, le meilleur moyen d’y pallier est de l’écouter et le regarder à l’oeuvre.
Le cadre est planté : un gus extravagant comme seul le Royaume-Uni sait en fournir, avec une voix rappelant souvent Mark Hollis, le charisme et un goût prononcé de la mise en scène de soi à la David Bowie. (Promis, on en a fini avec le name dropping).
Au diable nos appréhensions !
Son premier album 2013, paru l’année dernière, pouvait paraître au premier abord terriblement prétentieux – le clavecin en 2016, c’était plutôt old school –, volontairement fouillis, bien que rempli de pépites. Et comme on peut le redouter dans ces cas là, quand on décide de voir ce que tout ça donne en live, la peur de se retrouver devant un artiste prétentieux, distant et pas bien intéressant grandit. Elle était présente ce soir-là, au Pop-Up du Label.
Et pourtant, c’était sous-estimer le garçon, qui nous a offert un set tenu de bout en bout, puissant, maîtrisé, captivant.
Un dandy au charisme indiscutable
La précision de l’interprétation, l’intensité que le Gallois met dans chaque seconde de son concert nous cueillent dès le premier titre. Et pas des moindres : How To Recognize A Work Of Art, cette boule d’énergie, chanson pop ultime qui flanque l’envie d’apprendre à jouer de la trompette… Ne cherchez pas, on ne peut pas mieux commencer un concert.
Meilyr Jones a fait sien le raffinement de la pop britannique. Il y a mêlé du baroque, du clinquant, de la folie. Et ce mélange détonnant prend encore davantage en live. Son charisme et sa présence scénique y sont pour beaucoup, la qualité des musiciens pour tenir tête au garçon aussi. On sent la quête de la perfection, dans la façon de travailler ses morceaux. Des pièces aux multiples facettes, dont on apprend petit à petit à apprécier chaque détail, dont on s’amuse à décortiquer chaque ligne mélodique, qui nous prennent par surprise comme sur Passionate Friend.
T’es pas net, Meilyr Jones !
Meilyr Jones nous fait petit à petit rentrer dans le bordel de sa tête de musicien. Ça part dans tous les sens, ça peut devenir dissonant même, mais tout trouve sa cohérence sous sa baguette de chef d’orchestre.
Durant le set, il déroule les chansons de son premier album, tantôt mélancoliques, tantôt enjouées, toujours avec classe. En guise de final, le plus trop original mais toujours beau et efficace morceau en acoustique dans le public, Be Soft, nous laisse sur notre petit nuage de douceur.
On vous le dit : si ce petit gars se débrouille bien, il a une sacrée carrière qui l’attend.