Nous connaissons tous Avalon, le dernier album studio de Roxy Music sorti en 1982. Nous avions même chroniqué Take A Chance With Me dans un précédent Rétro du mardi. Mais le groupe mené par Bryan Ferry a essaimé la décennie 1972-1982 de 8 albums studio au total, tous méritant qu’on y porte attention.
Parmi eux le sublime et mystérieux Siren, paru en 1975 avant un break de 4 ans sans nouvelle sortie. Connu en particulier pour le mythique Love Is The Drug (n°2 au Royaume-Uni), cet opus est plus brut et groovy qu’Avalon et ses envolées oniriques. Plus ‘guitare’ que ‘synthé’. Plus animal que romantique. Sentimental Fool en est sans doute l’exemple le plus frappant.
Sentimental Fool : Roxy Music au sommet de leur art
Les premières 2 minutes du morceau seront même difficilement supportables aux oreilles habituées à la soupe radiophonique, avec une guitare complètement saturée jouant des notes dissonantes. Puis la basse et d’autres pistes de guitare entrent en jeu, suivies de la batterie à 2:22. Mais c’est véritablement quand la voix si reconnaissable et incroyablement sexy de Bryan Ferry fait irruption que Sentimental Fool débute.
Tout en conservant l’atmosphère mystérieuse initiée, dont l’empreinte reste grâce à la basse, le shift est très clair vers une mélodie ‘Bowiesque’ au rythme très marqué. Sur fond d’un saxo très présent sur ce 5e album de Roxy Music, on ressent des émotions presque similaires à celles provoquées par le Young Americans de David Bowie. C’est groovy, on entend chaque piste instrumentale très distinctement, et on marque le rythme dans sa tête. Mais Sentimental Fool nous réserve encore d’autres surprises…
Fin de morceau magnétique
Soudainement, à 4:47, tout bascule. Le piano fait irruption avec 4 notes inquiétantes descendant en cascade et répétées jusqu’au bout. Associée à une ligne de basse diablement efficace, un riff à la guitare aussi saturée que sur l’intro et la voix de Bryan Ferry métamorphosée, la mélodie fait mouche.
L’effet magnétique est même immédiat. On se sent aspirés dans une spirale sans fin vers les ténèbres des fonds marins. Le morceau prend une dimension terriblement sexy et terrifiante à la fois. Il faut dire que la pochette de l’album Siren, qui affiche Jerry Hall – petite amie de Bryan Ferry – en sirène accrochée à un rocher dans une posture indescriptible, aide l’imagination.
Enfin, quelle meilleure manière de finir Sentimental Fool qu’avec brutalité, sur une telle phrase :
“The beat of your heart is like a drum. Will it stop.”
Découvre un autre Rétro du mardi consacré à Roxy Music : Take A Chance With Me (Avalon, 1982)
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* le mot sexy pour « vieux »