Pour cette édition spéciale à l’occasion des 30 ans de la Cigale, Les Inrocks ont fait revenir Temples et The Pastels, deux groupes emblématiques du rock indé britannique. Les Ecossais The Pastels, dont l’âge d’or remonte à la fin des années 1980, sont les vétérans de la soirée. Mais ces derniers n’ont jamais bénéficié de la notoriété à laquelle semblent promis les jeunes Anglais de Temples.
Si Monsieur A demande, interloqué, à Monsieur B “C’est pas la tête d’affiche ?” à l’arrivée de The Pastels, il est le seul à s’en étonner.
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The Pastels, couleurs pastel ou couleurs fades ?
The Pastels débutent en douceur avec Slow Summits. La flûte traversière ouvre la soirée avant que les autres instruments s’ajoutent un à un. Cette ballade instrumentale nous apaise à la façon d’une musique de film et nous procure les mêmes émotions que Sacred Sand des géniaux Allah Las.
Après cette délicate introduction, les voix inhabituelles et très différentes des deux chanteurs et membres historiques du groupe (le guitariste Stephen McRobbie et la batteuse Katrina Mitchell) permettent d’atténuer la monotonie du show qui devient rapidement mou et fade. Entre chaque morceau, un silence gênant s’installe, et l’extrême timidité du chanteur quand il s’adresse au public ne fait qu’accentuer la rigidité du set.
Le dynamisme de Check My Heart fait exception mais n’est pas suffisant pour nous réveiller. Ce mélange de pop nonchalante et de désenchantement post-punk, dont Stephen McRobbie est l’incarnation la plus absolue, nous anesthésie. Le raté sur Summer Rain, que le groupe préfère reprendre au 2e couplet plutôt qu’au début, est symptomatique. Le concert manque d’engagement et les musiciens semblent à bout de souffle. Malgré la puissance de la guitare saturée, le tout ressemble à une musique d’ambiance, sympa mais un peu triste.
Le tout est fortement déconseillé aux individus à tendances dépressives.
Temples, Toujours Haut en Couleur
Ironie du sort ou choix stratégique, les Temples démarrent avec Colours To Life, morceau pop très rétro issu du premier album du groupe. Quelques secondes suffisent au quatuor anglais pour réveiller et embarquer le public grâce à une interprétation live énergique et engagée et à de très courtes pauses entre leurs chansons.
L’alternance de morceaux des deux albums, aux styles très différents, dynamise le set. Il y en a pour tous les goûts, du rock rythmé et puissant sur Keep In The Dark et A Question Isn’t Answered, de la pop solaire et dansante sur Open Air, de la pop planante et phasante sur How Would You Like To Go?
Le groupe nous offre une version allongée de Mesmerise sur laquelle les musiciens déambulent sur scène, comme possédés, pendant de longues minutes purement instrumentales et hypnotisantes.
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Les problèmes techniques (guitares muettes) rencontrés par le leader, chanteur et guitariste James Bagshaw nuisent malheureusement à la performance du groupe sur Mystery of Pop et s’ajoutent à une qualité de son pas toujours impeccable et à l’inertie inexplicable du public. Ceci ne nous permet pas de revivre l’expérience extraordinaire et tant appréciée de la Route du Rock mais n’empêche pas à Temples de sauver la soirée en nous mettant des couleurs plein la tête. Nous quittons la Cigale avec le refrain de Shelter Song en boucle dans la tête.
Merci à Antoine Monégier du Sorbier (site officiel – Instagram) pour la photo de Temples qui illustre cette article !