Nous avions la chance d’être présents, Dandy et Fab, le lundi 23 octobre dans la magnifique salle du Grand Rex pour assister l’unique show parisien des Ecossais de Mogwai, en tournée mondiale pour la promotion de leur dernier album sorti en septembre – Every Country’s Sun.
Sacred Paws ou De l’inconsistance des premières parties
Nous doutons régulièrement de la pertinence des choix de premières parties et Sacred Paws ne nous donne pas tort. Hormis leurs origines britanniques et leur label, ce groupe d’afro-pop aux influences légèrement post-punk n’a pas grand chose en commun avec Mogwai.
Le duo (puis trio à partir de l’arrivée de la bassiste) féminin, qui mêle nonchalance et hyperactivité, ne parvient pas à nous convaincre et les morceaux les plus dansants ne semblent pas prendre dans une salle où les quelques spectateurs, assis au fond de leur fauteuil, attendent patiemment la performance post-rock de Mogwai. Comme tout le monde, nous assistons passifs au déroulement d’une première partie rapidement rébarbative.
Mogwai, un récital à la violence sublime
21h01, ça y est ! Les cinq musiciens de Mogwai, hiératiques et taiseux, s’emparent de la scène pour nous offrir ce que nous attendons : du post-rock au Grand Rex ! Sur le papier l’association entre le cocon confortable du Grand Rex et la batterie puissante, les synthétiseurs et les guitares débridées de Mogwai, semble improbable mais le mélange est parfait et nous sommes transportés dans l’univers intense et spatial de Mogwai où les tensions harmoniques et la violence sonique nous enveloppent sans jamais nous agresser.
| Voir aussi : Récit d’un autre concert exceptionnel au Grand Rex, celui de Sufjan Stevens en septembre 2015
La magie opère dès le premier morceau – Crossing the Road Material – tiré du dernier et 9e album studio que les Glaswégiens nous présentent – Every Country’s Sun. Finalement la salle est taillée sur mesure pour recevoir la déferlante de guitares alors que nous sommes comme enveloppés par les fauteuils du Grand Rex.
Un déluge instrumental à la précision chirurgicale
Nous ne sommes pas spécialement habitués aux concerts essentiellement instrumentaux comme celui-ci. Les parties chantées par Stuart Braithwaite font exception sur Party in The Dark et Take Me Somewhere Nice. La voix apparaît cependant dans d’autres morceaux – Hunted by a Freak – en ayant perdu toute substance humaine derrière le vocoder. Nous avons l’impression d’assister à un récital de musique classique, la salle est silencieuse et disciplinée, si l’on oublie les quelques cris de fans entre les morceaux et les légers mouvements de tête des spectateurs.
Les accords s’étirent comme suspendus hors du temps, le son est puissant et soigné, les Ecossais ne laissent rien au hasard. Il ne s’agit pas de performeurs offrant un show mais bel et bien de musiciens à la précision chirurgicale qui déroulent un set maîtrisé et enlevé.
Envoûtés par la déferlante sonore
Le son Mogwai fonctionne par paliers sonores et nous admirons chez Mogwai la maîtrise des variations, du crescendo et du diminuendo, du jeu sur les superpositions d’accords et d’instruments jusqu’à atteindre, parfois, un fortissimo presque insoutenable qui nous scotche à nos fauteuils. Ce soir là, le groupe joue avec la limite de décibels autorisés en intérieur, mais tout est sous contrôle, notre seuil de saturation n’est jamais atteint. Leur musique est hypnotique et nous saisit par sa puissance, nous sommes envoûtés et écrasés par la déferlante sonore. Il y a du sublime chez Mogwai.
Avec Mogwai Fear Satan, les cinq musiciens atteignent un sommet de la performance live. Après nous avoir fait planer pendant de longues minutes, le morceau explose dans un tonnerre étourdissant et violent qui nous envahit et nous submerge. Un peu plus de dix minutes suffisent pour admirer l’étendue du talent des Ecossais – puissance et orchestration. Les styles de Mogwai sont multiples et variés à l’image du set de la soirée. Tour à tour planant avec Coolverine, mélancolique quand Take Me Somewhere Nice a retenti, électronique pour Don’t Believe the Fife et Remurdered, rock avec Old Poisons.
Un set hors du temps…
Le tempo assez lent et la longueur des morceaux nous font perdre toute notion du temps. En 1h15 de set et un rappel de plus d’un quart d’heure, nous sommes déconnectés alors que Mogwai a su nous présenter son dernier album tout en re-visitant certains de ses classiques. Le concert s’achève avec l’ultra-violent et mystique We’re No Here.
Mogwai fait partie de ces groupes qui, en live, prennent une autre dimension.
Setlist du concert de Mogwai au Grand Rex
- Crossing the Road Material
- I’m Jim Morrison, I’m Dead
- Party in the Dark
- Take Me Somewhere Nice
- Coolverine
- Hunted by a Freak
- Mogwai Fear Satan
- Don’t Believe the Fife
- Remurdered
- Every Country’s Sun
- Auto Rock
- Old Poisons
- [Rappel] 2 Rights Make 1 Wrong
- We’re No Here