Baxter Dury signe sous le label PIAS son 5ème opus, Prince of Tears, dont la catchline pourrait être 10 titres pour renaître après une rupture amoureuse.
Même si les histoires d’amour peuvent mal finir (en général), le dandy anglais nous fait ici cadeau d’un album subtil et jouissif, entre regard désabusé et cynisme. Certes, il n’est pas le premier à surfer sur les dépouilles d’un amour perdu. Mais lui, au moins, sait le faire avec élégance.
Baxter Dury ou l’art de sublimer une rupture
Ce “fils de” est un crooner brillant à la voix suave et grave. Son accent cockney lui donne de surcroit un charme fou et rend ses mélodies à part dans le champ de la brit-pop. Enfanter un album dans la douleur, avec un mois d’aout plombé par une rupture – « le pire mois de mon existence » confie t-il même – et en faire un subtil objet de pop décalée. Tel est le talent de Baxter Dury.
Mais cet opus n’est pas seulement la B.O. d’un roman autobiographique, naviguant entre tragique et burlesque. Il nous fait aussi vivre avec des personnages masculins dont Baxter Dury se moque éperdument. Le britannique a le don de mettre à mal la masculine virilité, comme sur le premier single Miami. Ici, la cité floridienne s’en trouve également écornée au passage, le luxe et la superficialité des locaux étant véritablement dézingués par le chanteur anglais.
La douceur du chanté-parlé
Côté musique, Baxter Dury sait, comme à l’accoutumée, utiliser son talk-over (chanté-parlé) qu’il maîtrise à la perfection. Mais il y associe cette fois un chœur féminin et notamment deux voix d’exception : celles de M. Hart et de E. Dougall. On est pris entre douceur et phrasé flegmatique. L’Anglais a également fait appel à un orchestre de cordes pour sublimer sa douleur, et la magie opère ici superbement.
Sur les dix pépites du nouvel album, il en est une qui surprend et retient l’attention, le morceau de clôture Prince of Tears. Ce dernier apparaît d’emblée comme un hommage à peine déguisé à L’homme à la tête de chou du grand Serge Gainsbourg. Et on se dit d’ailleurs que le dialogue qu’instaure Dury avec les voix féminines renvoie au parfait style gainsbourgeois. Notamment lorsque ce dernier invitait de grandes dames pour lui donner la réplique…
Autour de Prince of Tears
Un petit mot également sur cette belle pochette d’album. On y voit l’ami Baxter en costume blanc (de marié ?), se battant lamentablement avec des dunes de sable. Il semble repartir à chaque fois d’où il est venu, tel un Sisyphe oeuvrant à aller de l’avant, mais en vain… Serait-ce une allégorie cruelle de l’être aimé qui s’en est allé ?
Enfin, hasard du calendrier (ou pas), ce disque de Baxter Dury sort quasiment jour pour jour au moment de la réédition du mythique New Boots and Panties de son défunt père Ian Dury, 40 ans après sa sortie. L’auteur de Sex, Drugs and Rock’n’Roll ne pourrait qu’être fier du fiston, traçant son propre sillon pop, mais toujours avec un ADN punk bien marqué.
Pour info, Baxter Dury défendra son Prince of Tears le 1er décembre prochain au Trianon.