Jour 3 au festival Beauregard 2018 – Parquet Courts, The Breeders, At The Drive In… Ce dimanche après-midi au festival Beauregard 2018 s’annonçait étonnant, rock et américain (Brooklyn, Boston et El Paso pour les villes d’origine). On n’a pas été déçus !
| Le live report complet du festival
Parquet Courts, Talking Heads modernes et plus encore
On avait raté David Byrne à la Philharmonie de Paris plus tôt dans la semaine, c’était sans savoir que nous allions avoir la chance de voir se produire à Beauregard ses fils légitimes Parquet Courts.
On pense à Talking Heads en particulier sur One Man, No City, moment fort du set des natifs de Brooklyn. On est même étonnés de découvrir que les héros de ce début d’après-midi sont Américains, tant les influences post-punk british sont marquantes.
En formation rock classique (basse, batterie, 2 guitares) sous une chaleur étouffante, la bande d’Andrew Savage et Austin Brown impose sa marque. Basse très présente, tempo un lent, presque lancinant. Les riffs sont tous plus que stylés, avec des moments psychés, d’autres déstructurés, une distorsion qui prend les tripes.
On est totalement conquis, bluffés par le final instrumental extrêmement intense de près de cinq minutes que nous offrent Parquet Courts.
The Breeders, revival grunge
Les Américains ont la main à Beauregard, avec The Breeders prenant la suite de Parquet Courts. Le groupe formé par Kim Deal, alors bassiste des Pixies, et Tanya Donelly, guitariste des Throwing Muses au tout début des années 1990, est sur un créneau différent.
Après le post-punk modernisé de Parquet Courts, ce sont les prémices du rock alternatif et du grunge dont The Breeders nous font la démonstration. On a l’impression de reconnaitre The Cranberries ou Alanis Morissette par moment, on pense même à Courtney Barnett sur le placement du chant, nonchalant.
Tout de noir vêtues, Kim Deal et Tanya Donelly mènent les débats. Un concert de gloires du passées ? Non non, The Breeders ont sorti leur nouvel album All Nerve sur 4AD et ont bien l’intention de démontrer leur renouveau. Fortes personnalités apparentes, très souriantes, elles semblent heureuses surprises d’être là. Tanya lance même avec désinvolture, déclenchant chez nous un sourire inévitable :
“I’m gonna dedicate this song to whoever built this chateau, and to you all of course”
En-dehors des guitares saturées, on retiendra en particulier No Aloha, Drivin’ on 9 (1993), la nouveauté All Nerve (2018), les riffs dark de Glorious (1990) et le finish parfait sur le tube Cannonball.
Oscar & The Wolf / Grande Roue / Ibeyi
Mea culpa, on a profité du live d’Oscar & The Wolf sur la scène John pour tester la Grande Roue, installée pour la toute première fois pour fêter les 10 ans du festival.
Perchés dans les airs, le vertige en plus, nous n’étions pas aussi concentrés sur la musique que pour les autres concerts, mais on a eu le temps d’identifier deux morceaux sortant du lot : Touch Down et Strange Entity.
On enchaîne alors avec Ibeyi, qui signifie “jumelles” en yoruba. Et on comprend pourquoi Lisa-Kaindé et Naomi Diaz ont choisi ce nom tant leur alchimie sur scène est criante. Alternant entre clavier et percussions, leurs voix entrent en harmonie à la quasi-perfection.
Le moment le plus marquant du concert sera sans doute l’interprétation du morceau No Man Is Big Enough For My Arms, construit autour du sample d’un discours de Michelle Obama sur la défense des droits des femmes.
Ibeyi interagissent en permanence avec leur public, nous entraînant à chanter leurs chansons avec elles. Deathless (ou plutôt “Deux flèches”, ce que nous avions compris) sera le sommet de la communion des deux jumelles avec le public de Beauregard.
At The Drive In, complètement fous
En bons élèves, on avait écouté At The Drive In avant le festival et… on appréhendait un peu. Le groupe américain originaire d’El Paso au Texas ne fait en effet pas dans la douceur. Amplis à fond, batterie omniprésente et voix hard les caractérisent. Mais nous ne nous attendions pas vraiment à cette prestation. Sur scène, une hyène géante en illustration de fond nous attend.
Puis le groupe arrive enfin, et après quelques morceaux, on se rend compte que le chanteur Cedric Bixler-Zavala est FOU. Il saute sans cesse, il balance le micro, trimballe le pied de micro partout et le fait tourner au dessus de sa tête. il vient faire des grimaces à la caméra, et on en passe ! Mais ce nounours bouclé a aussi une voix plutôt intéressante et variée.
Finalement, le concert de At the Drive In est plutôt une bonne surprise. Nous avons même eu droit à un passage de melodica (totalement dissonant cela dit). On aurait quand même aimé que le chanteur se calme un peu, sa mise scène étant un peu trop exagérée à notre goût.