Ce nouvel article spécial confinement est consacré à Black Bones et leur nouvel album Ghosts & Voices sorti le 27 mars de ce beau printemps passé chez soi. Pas à pas, Dandy Flagrant analyse ce nouvel opus en profondeur…
Dead Skies : un morceau léger et estival
Commençons par le morceau qui, le premier, a attiré notre oreille : Dead Skies. Malgré un titre dont la noirceur n’augurait rien de bon, nous nous sommes laissés tenter et, dès les premières notes (17 premières secondes), nous avons instantanément plongé dans les Sixties. Celles-ci nous ont rappelé le thème de la célèbre chanson Speedy Gonzales de David Dante (1960) popularisée par Pat Boone à l’aube des années 60 (1962). Nous ignorons s’il s’agit d’une référence volontaire ou fortuite mais pour nous parallèle flagrant il y a. Cette introduction donne le ton, l’ambiance est solaire et joyeuse et évoque l’insouciance des années 60. S’ensuit un morceau léger dont les chœurs nous ramènent aux grandes heures du surf rock.
À 01:35, nous n’avons pu nous empêcher de penser à un autre tube du siècle dernier : Sugar baby love (1974) du groupe pop britannique The Rubettes. La voix perçante du chanteur de Black Bones nous rappelle le fausset (de Paul Da Vinci ou d’Allan Williams, selon les versions) le plus célèbre des années 70 qui a fait la réputation des Rubettes et que nous vous laissons redécouvrir.
Dead Skies nous a donné envie d’en savoir plus sur le nouvel album de Black Bones – Ghosts & Voices – que nous attendions avec impatience.
Mais qui se cache derrière Black Bones ?
Avant de poursuivre, nous tenons à rappeler que les os noirs sont nés sur les cendres des mains ensorcelées ! It makes sense! (Rires diaboliques). En effet, Black Bones est le nouveau projet d’Anthonin Ternant, chanteur et prodige rémois des Bewitched Hands dont la séparation remonte à 2014. Les plus fins connaisseurs auront reconnu sa voix si particulière (à que vous pouvez écouter dans Sur le quai). Derrière la voix de femme se cache Marianne Mérillon, autre rémoise et ancienne de Bewitched Hands. Black Bones est donc (cocorico !) un groupe certifié made in France.
Un album psychéclectique signé Black Bones
Comme Dead Skies le laissait imaginer, l’album ‘Ghosts and Voices’ est un riche cocktail psychédélique made in France comme nous en voyons peu. Riche car les inspirations de Black Bones sont variées, le groupe explore de nombreux styles tout en nous plongeant dans son univers d’horror show joyeux et déjanté.
Le nom du groupe, les squelettes omniprésents sur la pochette de l’album, le titre de l’album et de certains morceaux (I’m a Believer, Creepy Rain, Dead Skies, Monster, New Angel…) donnent tout de suite le ton : fascination pour l’horreur, les morts-vivants, le mysticisme et Satan (comme l’illustre le clip de Heart on Fire). En plus, la légende dit que cet album a été enregistré dans un ancien couvent. Tout cela nous fait un peu penser à l’univers du groupe de heavy metal Ghost.
Cette ambiance fantasmagorique se retrouve aussi en musique, avec les orgues, les chœurs et les incantations à la limite de l’inquiétant, mais surtout avec les influences doom indéniables des morceaux Love as a child et Heart on Fire. La voix nasillarde d’Anthonin Ternant est d’ailleurs très doom metal compatible, mais elle n’est pas indispensable comme nous pouvons le voir dans les deux dernières minutes, purement instrumentales, de Heart on Fire, puissantes et écrasantes, pouvant symboliser la victoire des ténèbres sur la lumière.
Mais cette victoire est de courte durée car cet album est dans l’ensemble joyeux et léger et il nous donne plus envie de danser que de crier « gloire à Satan ! ».
Creepy Rain nous offre des notes de ska légèrement syncopées qui évoquent une BO kitsch de film d’horreur, I’m a Believer ressemble à un trip mystique coloré, Destiny parodie la pop de la fin des années 70 (le groupe lui-même présente ce morceau comme une parodie de participation de la France à l’Eurovision dans un clip délicieusement vintage), Marianne nous offre un voyage électro-médiéval, Beauty mélange cloches et chœurs d’église avec un basse funk sur laquelle nous ne pouvons nous empêcher de nous déhancher…
Il n’y a pas deux morceaux qui se ressemblent mais le tout tient grâce à un solide squelette psychédélique qui rend l’album cohérent et facile à écouter.
Voilà de quoi mettre un peu de piment dans nos journées.