La torpeur hivernale et la morosité ambiante invitent à se tourner vers des espaces de chaleur, de lâcher-prise, des bulles d’air en somme… Une jeune colombienne, nom de scène Ela Minus, tombe à pic pour recharger nos batteries et nous inviter à la danse.
Son premier album Acts of Rebellion sorti à l’automne est une belle découverte. Que les réfractaires aux sonorités techno chassent leurs démons et osent cette curiosité musicale. Car la jeune Ela Minus est un véritable phénomène naissant.
Ela Minus, jeune colombienne au parcours atypique
Originaire de Colombie, elle vit à Brooklyn depuis dix ans. Elle intègre son premier groupe à douze ans seulement comme batteuse dans une formation punk hardcore. Ela Minus s’applique à jouer de cet instrument dix ans durant à Bogota et migre ensuite à Boston pour passer un diplôme en batterie jazz et conception analogique.
Avec Acts of Rebellion, on est d’emblée capté par le son techno tendance pop atmosphérique, et aucune lassitude ne s’installe au fil des écoutes. Trois singles dominent véritablement l’opus en s’adressant à notre corps par dessus tout.
Invitation au dance-floor
L’excellent Megapunk est un acte de résistance et une charge contre le sexisme. « You won’t make us stop » repris en boucle tel un slogan militant s’adresse aux hommes patriarcaux. Ce leitmotiv enveloppé d’un beat entêtant est asséné par la voix spectrale d’Ela Minus qui nous happe et nous entraîne dans son combat.
They told us it was hard but they were wrong est aussi un tube taillé pour le dance floor. La voix est posée, presque lointaine voire même irréelle. Le synthé est ici relayé au premier plan et poussé en mode staccato. La fin du morceau monte en puissance et devient quasi obsessionnelle, comme une transe chamanique qui nous aspire, c’est juste jouissif.
El cielo no es de nadie s’ouvre sur un chant posé et apaisant, un parlé-chanté entre rêve et détermination, tel est le mystère de son phrasé. Le rythme reste quant à lui celui des clubs techno avec un gimmick entêtant qui nous tient véritablement. La chanteuse nous invite à nous enthousiasmer devant tous les actes héroïques au plus près de nous. Elle précise en interview :
« C’est tout l’amour que je vois dans les petits actes du quotidien »
Des espaces de poésie sonore
Des plages plus posées ont aussi toute leur place et installent un climat d’entre deux à l’instar de Pocket Piano qui nous glisse dans un univers vaporeux et réconfortant. Globalement, ce sont des nappes de sons reposantes et captivantes à la fois, elles arrivent avec justesse pour digérer les déferlantes techno-pop. Ce sont des douceurs essentielles pour mieux savourer les rythmes clubbing.
Le clip de Do whatever you want nous embarque dans cet univers cher à Ela Minus, entre délicatesse et poésie sonore. Comme elle le dit :
« Les temps sont obscurs, créons une musique lumineuse ! »
Ela Minus, inspirée de Radiohead et de l’esprit punk
Cet album d’Ela Minus est un pur produit de créations analogiques. Pour bien s’en rendre compte, il faut jeter un oeil sur le clip Patch Notes qui dévoile le making-of des compositions.
On y retrouve la panoplie complète de l’acte créateur avec synthés, boites à rythme, séquenceurs et autres échantillonneurs. « J’aime les machines » lâche Ela en interview. Et c’est un pur régal de voir la jeune colombienne autour de toutes ses machines. On comprend ici le processus de création menant à cette pop hypnotique et minimaliste.
Fan de Radiohead, Ela Minus a été captivée par leur son de synthé. Et sa touche à elle est l’apport d’une dose de punk dans cette musique analogique. Elle a tout conçu seule chez elle autour d’un programme somme toute assez simple : faire danser, réfléchir et se charger de compassion pour les plus petits, les plus humbles.
Pari réussi chère Ela ! Poursuivez votre voie entre rêve et esprit punk, cela vous sied à merveille.