On ne peut assurément tacler le duo The Limiñanas sur le manque de constance dans la production musicale depuis une décennie. Mais à l’annonce d’une collaboration avec le DJ iconique de l’hexagone, Laurent Garnier, il y avait de quoi être surpris. Et finalement, on a certainement entre nos mains le meilleur album de nos rockers perpignanais.
Une ambiance très cinématographique pour cette association The Limiñanas / Laurent Garnier
La rencontre Laurent Garnier / The Limiñanas accouche d’une oeuvre enivrante et même obsédante. C’est beau et hypnotique, romantique et trippant à la fois. On se situe musicalement entre Gainsbourg, période Melody Nelson, et le rock psychédélique des californiens de Moon Duo. Bref, un objet musical captivant qui reste assurément un des plus beaux opus de l’année 2021.
Et si l’album semble rencontrer un réel succès, c’est qu’il se dégage de ces douze morceaux une atmosphère envoûtante. Le duo perpignanais a toujours été fasciné par la création cinématographique et particulièrement les univers de Sergio Leone, Quentin Tarantino et autre Ennio Morricone. Le nom de ce concept-album De Película (film en espagnol) tend à nouveau vers ce penchant road trip. Car c’est bien le cas ici. On est propulsé au milieu des années 80 avec l’histoire de Saul, ado paumé qui s’éprend d’une jeune prostituée. Une histoire d’amour qui finit mal bien évidemment…
Lionel et Marie Limiñana nous embarquent dans un univers sombre et romantique, un peu sur les traces de Sailor et Lula, sauf qu’ici on est dans le sud de la France, à la frontière espagnole.
La musique est un art de partage selon Lionel Limiñana
Le talk over très gainsbourien rend l’oeuvre musicale hyper cinématique. Et le phénomène Laurent Garnier avec ses claviers et sa touche faite d’arrangements remarquables propulse l’histoire vers les dancefloors. D’emblée, on se dit que la pâte du DJ culte n’est pas si flagrante au regard de son univers marqué électro mais la collaboration apporte de fait un son qui va au-delà du garage krautrock cher aux Limiñanas. Et c’est la magie d’une telle rencontre que d’aboutir au final sur une odyssée cinématographique psychédélique.
D’autres invités de marque sont présents sur De Película. Bertrand Belin apparaît sur une ballade très moriconienne « Au début, c’était le début ». Il y dépose sa voix caressante et se rapproche ici du très regretté Alain Bashung.
L’autre surprise et vraie découverte vient du chilien Edi Pistolas qui déchire tout et nous propulse sur la piste pour une transe extatique dantesque Que calor. The Limiñanas raffolent de ces collaborations. On avait en effet eu droit précédemment à de belles performances avec Anton Newcombe et Peter Hook. Et on a raté de peu Iggy Pop sur cet album, partie remise certainement…
Un album ni vraiment rock ni vraiment techno…
Même si l’ensemble est d’une cohérence totale, on a des séquences bien distinctes tout de même. Le rock psyché des Limiñanas est toujours mis en avant avec « Saul » et leur style krautrock resurgit sur « Je rentre par le bois…BB ». Mais des créations instrumentales complètement hallucinantes sortent aussi du lot telles « Steeplechase » ou « Ne gâche pas l’aventure humaine ». Et bien évidemment, on reste bluffé et excité à l’écoute du tube transe « Que Calor » qui nous invite à pousser les meubles pour un trip dansant détonnant.
Comblés par cette sortie automnale, on espère que la version live de De Película pourra apporter les mêmes sensations et excitations ressenties sur disque. Laurent Garnier ne pourra assurer la tournée en cours mais Lionel et Marie Limiñana ont promis la grosse formation au complet pour rendre intense la transposition scénique.