Cat Stevens a pris quelques rides et changé de nom, mais il a toujours la même voix jouissive et passionnée. De retour à Paris au Zénith dimanche dernier, Yusuf nous a emmenés en voyage. Récit de la soirée et enregistrements du live.
Live report du concert de Yusuf / Cat Stevens, heure par heure
19h : la salle est déjà bien remplie. On y trouve des jeunes des moins jeunes, et même des enfants. On attend une première partie, comme dans la plupart des concerts, mais il n’y en aura pas. Cat/Yusuf a choisi d’occuper la scène plus de 2 heures avec 25 minutes d’entracte à mi-temps. La pause est longue mais cela vaudra la peine d’attendre.
Autre particularité : alors que dans la plupart des concerts, les décors restent sobres et que l’ambiance scénique se construit principalement par des jeux de lumières, avec Cat la magie opère dès le rideau levé. Une petite gare en bois clair, fin XIXe-début XXe siècles, semblant tout droit sortie d’un western, se dresse sur cette large scène du Zénith. Une impression paisible se dégage de l’ensemble. En fond, un beau ciel onirique dont les couleurs apportent un sentiment « peace and love », signe précurseur du message principal que le chanteur britannique diffusera subtilement à son public durant tout son concert.
Ce « tout » demeure parfaitement cohérent avec le nom de sa tournée : « Peace Train let again… », en référence à l’un de ses plus célèbres titres (le son en live ci-dessous). Seul anachronisme du décor : une pancarte où est inscrit : « Paris ». Nous avions presque oublié où nous étions …
19h20 : la star est sur scène, il commence directement le show avec l’un de ses plus vieux tube – The Wind – que l’on est heureux de redécouvrir. La voix n’a pas changé, et le cœur y est. Pas trop d’inquiétude, donc, concernant la suite du spectacle. Au menu du début de ce concert, de nouvelles chansons signées Yusuf telles que : Dying To Live ou encore I Was Raised In Babylone, qui pourraient immédiatement prendre leur place dans les incontournables de Cat tant elles nous semblent familières dès la première écoute.
La setlist du concert est très équilibré entre nouveautés, classiques et un nombre important reprises dont le célèbre All You Need Is Love qui fera l’unanimité dans tout le public tant il mettra le feu sur la scène. On note également une reprise presque « habitée » de Oh Lord, Don’t Let Me Be Misunderstood de Nina Simone.
Enfin dans les classiques, les célèbres : The First Cut Is The Deepest, Morning Has Broken, Sad Lisa ou encore Where Do The Children Play sur lequel il nous fera vibrer par des graves sublimes dans les refrains.
Le coup de coeur : Father and Son quarante ans après …
Mention particulière pour son majestueux Father and Son dont l’émotion suscitée est toujours aussi forte qu’auparavant. Le public lui accorde d’ailleurs un silence religieux tant il est accroché à chacune des notes qui survolent la salle. Cette chanson est d’autant plus touchante que Yusuf est devenu aujourd’hui le père avec qui le Cat, jeune et insouciant, aurait pu tenir cette conversation (retranscrite dans ce morceau), lors de sa conception. Un espèce de prodige de la musique, qui nous rappelle le récent film Sils Maria (l’héroïne joue les deux personnages principaux d’un même film à deux stades très différents de sa vie) et nous offre une reprise dont Kierkegaard aurait pu se délecter : une chanson remplace la pièce de théâtre (La crise et une crise dans la vie d’une actrice) mais l’émotion due au poids de l’âge pour un même “rôle” est la même. Un instant de transcendance de l’existence. Le temps s’est arrêté.
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Le public réclamera en rappel l’incontournable tube My Lady D’Arbanville, sans succès, mais sans rancune puisqu’on aura tout le même le droit à un Wild World aussi jeune et dynamique que celui enregistré il y a presque 40 ans de cela. Le message transmis n’a pas perdu de sa vérité avec les années.
Yusuf reviendra 2 fois sur la scène, très ému, presque surpris de se voir tant aimé de son public français. Après une absence de presque 30 ans, un retour à la musique en 2006 et à la scène en 2010, il semble avoir retrouvé le plaisir de l’osmose en concert avec ses fans de tous âges.
30 ans pour faire arriver le train de la paix, c’est un peu long mais ça valait le coup d’attendre. Peace and love Mister Cat/Yusuf.
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