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Tout le monde connaît Moby. Maître absolu de l’écho et de la répétition incantatoire, de la musique d’ambiance qui nous sort de notre état plutôt que de nous y conforter en se faisant oublier, il offre à nos oreilles, en quête de nouvelles épopées sonores, son nouvel album, Innocents. Fan inconditionnel de Porcelain depuis The Beach de Danny Boyle (voir la vidéo à la toute fin de l’article), j’ai souhaité ici faire en sorte que vous ne ratiez rien de ce nouvel album globalement très réussi.
Les morceaux d’Innocents qui m’ont enthousiasmé et transporté
- Everything That Rises – #1
Moby est sans doute un des grands chantres de la musique évocatrice. Chacune de ses chansons nous transmet une sensation, en particulier de mouvement. Alors quand le nom du morceau indique de lui même une envolée, cette impression ne peut qu’être démultipliée. Les percussions s’harmonisent au rythme des battements du coeur, tandis que l’écho lancinant des instruments à cordes n’est remué que par des sons électroniques lointains répétés à mesure que la montée se fait de plus en plus inexorable. Un morceau entièrement instrumental pour enclencher un voyage transcendental …
- A Case For Shame (feat. Cold Specks) – #2
La voix fait son entrée. Comme souvent avec Moby, elle est d’abord dépourvue de son attribut langagier, pour en isoler la musicalité. Mais cette fois-ci, les mots sont au rendez-vous, même si le “You Today” est prononcé de la manière la plus épurée possible. Les voix s’allient et se répondent, constituant la musique presque à elles seules, les cordes et le piano permettant néanmoins à leur accumulation d’évoluer vers un climax prenant.
- Almost Home (feat. Damien Jurado) et Going Wrong – #3 et #4
Encore une fois, les paroles jouent un rôle secondaire derrière la musicalité de la voix, qui se marie parfaitement aux cordes, et perdure ainsi comme instrument à part entière. Tout contribue à former une ambiance à la fois cohérente et hors du monde terrestre, que poursuit Going Wrong avec brio.
- The Perfect Life (feat. Wayne Coyne) – #5
Les choeurs entrent presque instantanément en scène accompagnés du piano, et rappellent fortement Dario G et son album Sunmachine. Le refrain nous interpelle alors :
Oh
We close our eyes,
The perfect life
Is all we need
Il nous invite à fermer les yeux, et entrevoir le bonheur, dans sa dimension de satiété parfaite, d’apaisement des tensions de l’âme (ataraxie quand tu nous tiens) au gré de la musique, et alors qu’une voix de gospel s’élève pour achever le tableau.
- The Last Day (feat. Skylar Grey) – #6
Oh mais que ce début appelle Natural Blues – une phrase presque parlée, modifiée pour paraître lointaine, entrée en elle-même, et répétée tout le long du morceau – alors qu’une nouvelle voix, qui n’a rien à envier à Daughter, London Grammar et BOY vient nous ensorceler avec de nouveaux enchaînements harmonieux et choeurs qui … transportent tout simplement.
- Saints – #9
De nouveaux échos de choeurs répétés, épurés, accumulés, avec cette fois-ci le son d’instruments à vent (auxquels un synthé a sans doute était substitué) ajoutant sa patte à cette ambiance bien fournie, que jamais les instruments à cordes ne quittent et que les percussions appuient avec ferveur. Un morceau rythmé qui connaît montées et pauses, agrémentées de perpétuelles variations vocales et musicales.
- The Dogs – #12
Un doux morceau de 9:26 pour conclure ce nouvel album ; des cordes et choeurs toujours parfaitement maîtrisés en fond ; des paroles simples, toujours pour n’en garder que l’essentiel, la musicalité de la voix primant encore sur le sens lui-même.
“This is how, how we tried
This is where, where it died
This is how, how we cried
Like the dogs left outside“
D’ultimes nuances, changements de rythme et notes mises en valeur pour nous faire sombrer une dernière fois dans un abîme sonore que l’on se plaît à explorer … La musique et les cordes ayant retenti à tout moment sans exception cessent alors brutalement, seul persistant un angoissant et désagréable écho, dont l’étouffement progressif, qui nous fait remonter à la surface de l’univers parallèle dans lequel nous étions plongé, signe la fin du nouvel album de Moby.
Bon, et pour finir, on se dit à bientôt avec Porcelain ?
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