Jamais deux sans trois. Après nous avoir régalés avec deux albums impeccables, les rois du surf revival à la cool Allah-Las enfoncent le clou avec Calico Review. Dans ce disque somptueux, plus question de se contenter de réminiscences classieuses. On passe à la vitesse supérieure, le tout en douceur et sans donner l’impression de bousculer les bonnes vieilles habitudes. C’est balèze et ça méritait bien une petite chronique.
| Live-report de leur concert à Miami Marketta, sur la Gold Coast australienne
Allah-Las, disciples de la Coolitude
Faut-il encore présenter Allah-Las ?
Les membres fondateurs du groupe californien le plus fascinant de ces dernières années se sont connus chez Amoeba, le disquaire-culte accessoirement temple de la coolitude, immortalisé sur la pochette du mythique Endtroducing de DJ Shadow. Révélés au yeux du public en 2012 avec la sortie de leur album éponyme produit par Nick Waterhouse, les quatre escogriffes récidivent deux ans plus tard avec l’excellent Worship The Sun (toujours Waterhouse aux manettes). Cet opus leur permet d’accéder à l’enviable statut de chefs de file du courant surf revival. Un truc qui – couplé avec une paire de Wayfarer vintage – doit quand meme vachement bien marcher avec les gonzesses.
Tell Me (What’s On Your Mind), extrait de Allah-Las (2012)
Rupture subtile
C’est vers la fin de 2016 que les Allah-Las publient Calico Review. Le choix de l’hiver peut étonner tant leur musique évoque le mythe californien de l’Endless Summer. Vous savez, cette quête sans fin de l’onde sonore parfaite qui fleure bon le soleil et le sable chaud… On ne peut que vous conseiller de jeter une oreille à Cass McCombs pour vous y immerger encore plus.
Ce timing n’est peut-être pas innocent, car si les deux premiers albums pouvaient sembler issus de la meme session d’enregistrement, on perçoit une rupture avec ce troisième opus. Un changement subtil mais néanmoins palpable. En effet, cette évolution ne se situe pas tant au niveau des sonorités, qui restent dans la lignée de ce que le groupe a proposé jusque-là. Mais plutôt du coté de la composition.
Could Be You de Allah-Las (Calico Review, 2016)
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Quand ça ne rentre plus dans le garage
En ces temps de classements par playlists thématiques il est des signes qui ne trompent pas. Les catégories garage et surf sont soudainement devenue trop étroites pour les titres de Calico Review. Au fur et à mesure qu’on s’immerge dans cet album il devient évident que l’écriture du groupe est entrée dans une autre dimension. Il ne s’agit plus de clins d’oeil habiles à la fratrie Wilson. Cette fois on s’invite à la table d’Arthur Lee et on fait du pied à Jim Morrison.
Les morceaux sont plus ciselés, plus articulés, en un mot : plus riches. Mais sans pour autant abandonner la spontanéité et la (fausse) simplicité qui fait le charme des Allah Las. Comment en effet ne pas songer aux Doors tant le fantôme de Ray Manzarek semble hanter l’orgue de Place In The Sun, le titre qui conclut magistralement ce disque somptueux ?
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Du désert aux oasis
Si la production évoquait jusque là des images de traversée des déserts de Baja en combi Volkswagen à la recherche d’un spot de surf désert filmées en Super 8, le quatuor s’offre avec Calico Review le luxe d’une incursion vers de nouvelles contrées plus verdoyantes, faites d’oasis énigmatiques riches de sensations nouvelles. On prendra en guise d’exemple le thème central du titre Mausoleum qui évoque les plus belles heures des Beach Boys post-Pet Sounds :
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En marge du grain et de la reverb caractéristiques qu’on retrouve avec un plaisir non feint, le véritable dénominateur commun de l’oeuvre de Allah-Las, c’est un soleil éclatant qui jaillit sans interruption des speakers et irradie la pièce.
Pour terminer, voici un dernier extrait qui, espérons-le, vous donneront envie d’écouter Calico Review ou de découvrir ce groupe aux chansons simples et aux allures majeures :
Famous Phone Figure de Allah Las (Calico Review, 2016)
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Attention aux Allah-Las, car avant meme que vous ne vous en aperceviez ils pourraient faire la BO de votre été. Nous, ils nous ont déjà conquis en live sur la Gold Coast australienne.