Que pouvez-vous dire des Bee Gees dix ans avant leur tube planétaire Stayin’ Alive (1977) ? A moins que vous ne soyez un grand connaisseur du groupe, probablement pas grand chose (hors Children of the World sorti un an auparavant). Et pourtant, les Bee Gees, c’était mieux avant !
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Nous vous conseillons donc, pour la suite de cet article, de laisser de côté vos idées reçues sur les frères Gibbs. Oubliez leurs voix de faussets, leurs looks disco et leurs coiffures léonines. Nous sommes à la fin des années 60, le rock et la pop sont sous acide, ils deviennent alors psychédéliques (ils rendent l’âme visible), la coupe au bol est toujours tendance mais les cheveux ont poussé, on porte désormais un col roulé rouge ou un costard flashy et ample (mais, no worries, on joue encore avec la guitare remontée jusqu’au sternum, Sixties obligent !), les scènes rock américaine et britannique sont de plus en plus influencées par les mouvements hippies… Vous y êtes ? C’est dans ce contexte que nous retrouvons la fratrie britannique accompagnée, à l’époque, d’un batteur (Colin Petersen) et d’un lead-guitariste (Vince Melouney) made in Australia.
Bee Gees’ 1st : plus Bee Tles et Bee Chboys que disco
A l’image de sa cover, Bee Gees’1st est un album de pop psychédélique, de pop sucrée, qui nous fait voyager dans la fin des Sixties. Cet album de 1967, qui est malheureusement tombé aux oubliettes, est le troisième album des Bee Gees et leur premier album destiné à l’international. Certains y retrouveront des airs des Beatles de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band et de Magical Mystery Tour (notamment dans Craise Finton Cook Royal Academy Of Arts ou Please Read Me), des Beach Boys et de leurs polyphonies joyeuses (dans Please Read Me…), des Kinks, de Simon & Garfunkel (qui deviendraient Gibbs & Gibbs dans New York Mining Disaster 1941), ou même du très jeune Bowie de David Bowie (dans One Minute Woman, Cucumber Castle…), car c’est bel et bien la diversité qui définit au mieux cet album qui nous ‘dévoile l’âme’ des Bee Gees.
Une instrumentation construite avec brio
Ces Bee Gees nous proposent un savant mélange qui est étonnamment mélancolique et nostalgique pour l’époque. L’ouverture baroque de l’album, avec l’intro de Turn of the Century (où l’on retrouve clavecin, hautbois et violon), donne le ton : dès les premières notes il s’agit d’un album intemporel et éclectique qui offre une diversité instrumentale impressionnante : des cuivres (Turn of the Century ; Red Chair, Fade Away ; One Minute Woman ; Cucumber Castle) et autres instruments à vent (Red Chair, Fade Away ; I Close My Eyes), des cordes (Turn Of The Century ; Red Chair, Fade Away ; One Minute Woman, Cucumber Castle ; I Can’t See Nobody) en parallèle du traditionnel piano, des superpositions de voix, de la guitare, du synthé et autres arrangements (notamment dans la mystique Every Christian Lion Hearted Man Will Show You) qui nous ramènent au psychédélisme des Sixties.
Le coup de cœur : Holiday
Bien qu’elle vous fût longtemps dissimulée, cette pépite de la deuxième moitié des Sixties mérite d’être appréciée, et si vous n’avez pas la force, la foi, le temps, l’envie (or whatever) d’écouter cet album en intégralité, voici une sélection de titres qu’il est (fortement) conseillé d’écouter en boucle : Turn of the Century, Craise Finton Cook Royal Academy of Arts, New York Mining Disaster 1941 et I Can’t See Nobody.
A ceux-ci s’ajoute notre coup de cœur : Holiday. Avec ce temps morose, l’été qui se meurt n’a de cesse de nous rappeler l’inéluctable fin des vacances, c’est alors que sa tonalité mineure et son atmosphère mélancolique conviennent parfaitement à notre humeur du moment. Heureusement que vous êtes là pour nous : «You are a holiday, such a holiday…» Et puis consolons-nous, nous pouvons toujours regarder la pluie en écoutant Bee Gees’ 1st et en annonçant au reste du monde « avant je n’étais pas un amoureux des Bee Gees, mais ça c’était avant… »
Chaque mardi, retrouve un morceau rétro* sélectionné avec soin, décortiqué et partagé sur Indeflagration pour le délice de vos oreilles en quête de souvenir ou de fuite du temps présent. Tout cela afin de tenter de fusionner les époques par la musique.
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* le mot sexy pour « vieux »