Le dernier album du crooner d’Atlanta Curtis Harding, If Words Were Flowers, prend tout son sens en format vinyle. On découvre en effet un microsillon beau comme un bouquet de fleurs, et pas n’importe quelles fleurs, ce sont deux faces nappées de roses que nous offre ici Curtis Harding (voir au bas de l’article).
Après quatre ans d’absence et un large succès commercial pour son précédent opus Face Your Fear, le soulman revient plus flamboyant et plus déterminé, le coeur moins prompt à retourner aux vieux chagrins. Curtis Harding place ici la résilience au centre de son nouveau projet musical, conçu en pleine pandémie.
Un Curtis Harding en cache un autre…
Bien sûr, le style reste le même. Une musique soul à la fois rétro et hype moderne, saupoudrée de gospel et de garage rock. Et c’est tant mieux, car la recette est délicieuse ! If Words Were Flowers est groovy, pétillant et empli de joie.
Curtis Harding rend encore et toujours hommage à ses ainés et met ainsi ses pas dans le sillon de ceux qui l’ont nourri depuis des décennies. Otis Reading, Marvin Gaye, Al Green et comment ne pas citer Curtis Mayfield à qui il voue un véritable culte, même jusqu’au prénom d’emprunt. Et toutes ses influences donnent ensemble un univers musical en forme de kaléidoscope. On a des couleurs plein les oreilles, c’est hyper jouissif et revigorant.
If Words Were Flowers déroule un pur son vintage
Dès l’entame, sur If Words Were Flowers, on est saisi par tous ces choeurs dignes d’une église de Harlem. On peut aisément sentir l’influence de sa mère qui l’emmenait chanter avec elle lors des cérémonies gospel. C’est une influence forte mais Harding se nourrit de mille autres sources. Et dès la plage suivante « Hopeful », on part sur une ambiance très Motown avec une remarquable section de cordes. On décolle pour de bon et le reste ne nous fera pas redescendre…
Avec Can’t Hide It, on surfe sur du R’n’b et aussi quelques saveurs de Shadows avec les riffs de guitares très 60’S, c’est juste trop bon ! Et on découvre parfois un Curtis Harding plus intime et voluptueux sur le duo avec la songwriter et multi-instrumentiste californienne Sasami Ashworth.
Curtis Harding nous fait voir le rai de lumière sous la porte
L’album de Curtis Harding regorge d’instants lumineux et enthousiasmants grâce notamment à tous ces cuivres délicats et ces choeurs chatoyants, comme sur la piste finale I Won’t Let You Down. L’espoir insufflé par Curtis Harding est porteur, il nous invite à voir le rai de lumière sous la porte.
Curtis Harding sait que les choses obscures circulent et se diffusent vite, mais il fait le pari du cercle vertueux en laissant l’optimisme et la douceur gagner de l’espace dans ce monde incertain. Il aime citer et se référer à la grande Nina Simone comparant chaque artiste à un miroir pour son époque.
L’élégant crooner a opté pour le lâcher de fleurs en guise d’offrande à notre époque un brin troublée, c’est sa part de colibri et il est bon de s’en inspirer…