L’année 1984 offre son lot de pépites en pleine mouvance new-wave. Il y a en effet pléthore de bons groupes et les places sont chères pour atteindre les sommets des charts britanniques. Pourtant, les nouveaux fab four de Liverpool Echo and the Bunnymen réalisent l’improbable avec Ocean Rain.
Pop symphonique en pleine période new wave
Jusque là très influencés par le post punk à la Joy Division, Echo and the Bunnymen tentent l’album hors-norme. 35 minutes de pop symphonique pour Ocean Rain, qui atteint alors la quatrième place des charts UK.
Ian McCulloch, le leader charismatique du groupe dit avoir réalisé l’album parfait et même la perfection sonore. Beaucoup lui reprochent alors sa prétention et sa suffisance, mais à y regarder de près on ne peut que s’incliner devant tant de grâce, de lumière et de limpidité. L’orchestre philharmonique sublime les cordes de Will Sergeant et les percussions de De Freitas. La voix de McCulloch trouve ici un parfait terrain de jeu dans cet écrin somptueux.
C’est l’album de la synthèse pour Echo and the Bunnymen . Le baroque et le lyrisme rencontrent les mélodies pop, les ténèbres et la lumière irradient le timbre du grand Ian. Reconnaissons-lui une réelle maturité pour avoir réalisé un tel aboutissement en seulement quatre albums.
Echo and the Bunnymen signent un chef d’oeuvre, morceau par morceau
D’aucuns évoquent régulièrement la beauté de Killing Moon qui reste comme le tube incontesté et envoutant de Ocean Rain, mais l’ensemble de l’oeuvre n’est que douceur et volupté sonore. Silver (Tidal Wave) surfe sur les cordes chatoyantes de Sergeant et les vocalises de McCulloch, très maniérées dans bon nombre de chansons new-wave, deviennent chez lui justes et absolument non surfaites. C’est la bonne hauteur mélodique. Et pour ôter toute impression de maniérisme, notons l’influence très forte du groupe pour le psychédélisme sophistiqué et même le ténébrisme à la Nick Cave dans the Yo Yo Man et Thorn of Crowns.
Tout Echo and the Bunnymen est là, sa marque de fabrique originale. L’envol est assumé avec ce son cristallin et l’orchestration d’influence slave – cordes glockenspiels, cymbalums et violons. Ocean Rain clôture l’opus avec force et délicatesse, un pur moment de grâce à savourer avec délectation.
Ocean Rain, apogée créative
Oui mais voilà, Echo and the Bunnymen ne retrouveront plus jamais cette hauteur. Le succès commercial du futur album éponyme restera comme la tentation tubesque sans l’exigence mélodique révélée ici. Notre génial Ian McCulloch tel Icare est monté si haut sur Ocean Rain qu’il s’aveugle et s’éloigne de l’éternelle exigence à avoir face à l’oeuvre en devenir.
Il nous reste cette création majeure et disons simplement que le beau est toujours à saluer quand on s’approche ainsi de la lumière…