Au milieu des 70s, la musique contemporaine connaît l’une des révolutions les plus importantes de son histoire. L’arrivée de sons électro-synthétiques bouleverse en effet le paysage musical, avec un impact qui ne se démentira pas de décennie en décennie.
Fondé en 1971 par Jeff Lynne, Roy Wood et Bev Bevan sur l’idée de créer un nouveau genre par l’utilisation du violon et du violoncelle dans un contexte rock, Electric Light Orchestra est sans doute le groupe le plus caractéristique de cette transition de l’électrique à l’électronique. D’un rock symphonique assumé (lieu de rencontre entre rock, pop et musique classique), ELO a fini par participer à la période d’or du … disco des Donna Summer et autres Bee Gees !
Pour illustrer cette cohabitation entre rock, pop et classique ainsi qu’entre acoustique, électrique et électro-synthétique, 2 morceaux emblématiques :
Telephone Line (A New World Record, 1976)
Si on vous le partage aujourd’hui, c’est tout d’abord parce qu’on l’adore. Ensuite, parce que si ce morceau ne fait pas rétro (voire kitsch), je veux bien manger un vinyle (et du même coup me transformer en mange-disques). Enfin, parce que les cordes prégnantes, caractéristiques du style d’Electric Light Orchestra, trouvent une harmonie parfaite avec les choeurs.
Surtout, attendez bien d’avoir écouté les 2 premières minutes pour entendre le refrain du morceau, qui vous dira surement quelque chose. Un véritable poison. Je ne vous cache pas que je ne parviens pas à changer de piste depuis déjà quelques dizaines de minutes.
The Diary of Horace Wimp (Discovery, 1979)
Issu du premier album classé n°1 du groupe, The Diary of Horace Wimp semble d’entrée avoir changé de période par rapport à Telephone Line. S’il laisse tout de même une place de choix aux cordes, l’influence du disco se fait de plus en plus sentir (un côté Bee Gees marqué dans les voix et choeurs n’est-ce pas ?) et le synthé très space (notamment au début du morceau) ajoute une toute nouvelle couleur à la musique d’ELO.
Pas étonnant que l’arrivée de ce nouvel instrument aux allures de jeune premier n’ait pas plu aux violonistes et violoncellistes du groupe. Ils claquent la porte peu après l’enregistrement, laissant tout l’espace à ce synthé aux multiples facettes de poursuivre la route avec l’orchestre de lumière électrique.
https://www.youtube.com/watch?v=A30Bt29i5KM
Suivre ou ne pas suivre
Cependant, la période de déclin du groupe qui suivra nous montre une fois de plus que suivre les tendances ne suffit pas. Ce qui faisait l’originalité d’Electric Light Orchestra étaient ses violons et violoncelles qui trouvaient leur place dans l’instrumentation classique du rock et avec des choeurs qui ont fait la marque du groupe. Leur cohabitation avec le synthé a donné un album génial (Discovery), mais force est de constater que leur perte complète a été fatale au projet d’ELO …
Après tout, évoluer vers la nouveauté en gardant sa patte n’est-il pas l’elixir, le substrat magique que tout groupe recherche tout au long de son existence ?
Vous aimerez sans doute…
Si vous avez aimé Telephone Line etThe Diary of Horace Wimp, vous aimerez à coup sûr :
- Holding On For Life de Broken Bells (#85) pour les voix et effets très Bee Gees
- I Want The World To Stop de Belle And Sebastian (#25) pour le synthé, les instruments et les choeurs sur le refrain
- L’Amour Naissant de Sébastien Tellier (#39) pour les cordes et le son synthétique
- Et en petit bonus : Digital Love et Face To Face de Daft Punk qui samplent/utilisent des parties d’Evil Woman d’Electric Light Orchestra, montrant que leur influence a dépassé leurs années d’activité (je me disais bien que le titre “Discovery” me semblait familier…)