Le roi britannique Elton John face au boss américain Bruce Springsteen : vous n’osiez même pas en rêver ? Et pourtant !
Oui, le thème principal de Tiny Dancer et le riff de la première partie de Jungleland sont rigoureusement … les mêmes ! Pourtant, pas une seule trace d’inspiration revendiquée de part et d’autre. Le hasard de la musique ? Même si l’antériorité de Tiny Dancer semble donner la paternité de la mélodie à Elton John, impossible pour autant d’accuser Bruce Springsteen de plagiat pour Jungleland. Ce morceau absolument somptueux de Born To Run – dans lequel le saxophoniste du Boss, Clarence Clemons, livre une prestation extraordinaire – surpasse en complexité et force le Tiny Dancer d’Elton John.
On vous laisse admirer le “swag” respectif de Sir Elton John et The Boss Bruce Springsteen.
Tiny Dancer de Elton John (Madman Across The Water, 1971)
Ce morceau brille par ses différents mouvements. D’un riff inoubliable au piano (au point d’y penser instantanément en entendant Jungleland pour la première fois), il subit une véritable montée en puissance, entre percussions frappantes sur le refrain et montées de voix de haute voltige. Entré dans la culture populaire, ce morceau donne lieu à une scène marquante du film Almost Famous. Il est de notoriété qu’Elton John est un virtuose du piano. Premier prix de piano et Docteur Honoris Causa de l’académie royale de musique de Londres, il est surtout une – si ce n’est LA – superstar du pop-rock. Doté d’une tessiture très large (atteignant des notes très hautes) dans son jeune âge, comme cela s’entend très bien sur Tiny Dancer, il excelle en live. Tout comme un certain… Bruce Springsteen.
Jungleland de Bruce Springsteen (Born To Run, 1975) – 0:28 pour le riff semblable à celui de “Tiny Dancer”
D’abord un violon, puis un piano. Ces deux instruments, assez marginaux dans la structure instrumentale rock habituelle, donnent le ton dans ce morceau qui conclut le mythique premier album de Bruce Springsteen. Un solo de guitare électrique puis un extraordinaire solo de saxophone de Clarence Clemens achèvent de faire de ce morceau de 9 minutes 37 au déroulé progressif jouissif (pas étonnant que ces deux mots riment) un monument du rock. Mais ce n’est pas tout. Dans la deuxième moitié du morceau, des instants qui rappellent presque Pink Floyd s’alternent avec le trio voix-piano-violon de manière virtuose, comme si le morceau ambitionnait d’être un opéra rock complet … Avant que le rideau ne tombe sur la note finale exécuté magistralement par les violons. Sans aucun doute mon plus récent coup de coeur.