Nous l’avons tous déjà entendu au moins une fois dans notre vie… Le meilleur de tous les tintements de la musique contemporaine à travers des morceaux choisis de Manu Chao, sur Clandestino et Próxima Estación: Esperanza.
Bongo Bong & Je ne t’aime plus – Manu Chao (Clandestino)
Le petit miracle de Manu Chao. La légende tournant autour de Clandestino raconte qu’un bug informatique aurait effacé l’ensemble des sons rock enregistrés par l’ancien leader de la Mano Negra, et destinés à son premier album solo, ne conservant que les pistes acoustiques et de voix. Manu et son producteur, séduits par le rendu épuré et semblable à aucune autre musique sur les ondes à l’époque, s’investirent alors dans une entreprise un peu folle, tout à fait différente du projet originel. Et il en a résulté Clandestino, album au succès mondial, qui semble désormais irrémédiablement la musique des Landes et du pays basque. Les pistes se suivent sans interruption telles un seul et même morceau ; la voix unique de Manu Chao nous adresse des paroles parfaitement articulées en espagnol, en anglais, en français.
Bongo Bong en particulier se distingue de King of Bongo de la Mano Negra non par les paroles (qui sont, vous l’entendrez sans nul doute, exactement les mêmes), mais par le fond sonore et rythmique, extrêmement prenant. Je dois vous avouer que je la préfère à King of Bongo et l’écoute bien plus souvent. Cette douceur rythmée permet de prendre garde aux paroles. Elle est suivie sans coupure de la seule chanson en français de Clandestino, qui a contribué au succès de l’album par son paradoxe intrinsèque : Je ne t’aime plus mon amour.
Homens – Manu Chao (Próxima Estación: Esperanza)
Non vous ne rêvez pas, c’est exactement la même musique. Mais le conteur s’est transformé en conteuse, et la langue a fait un saut de quelques dizaines de kilomètres pour rejoindre les grandes étendues de l’Algarve. Plus de trace de chant, la musicalité – si elle est – se trouve dans l’enchaînement ininterrompu des sonorités des mots en portugais. Homens survient à la fin du 2e album solo de Manu Chao, intitulé Próxima Estación: Esperanza, et souvent qualifié de ‘petite soeur’ de Clandestino. Tout le monde a déjà entendu Me gustas tu, j’imagine. Cet album est bâti sur le même modèle : des morceaux se suivant sans interruption, les pistes sonores évoluant au fur et à mesure. Quel bonheur à la première écoute de cet album lorsque revient la douceur rythmée de Bongo Bong, et quelle surprise d’entendre cette voix marmonnant dans un flux ininterrompu des phrases en portugais. Le rythme est suivi, respecté, et on finit par être pris de la même manière que sur Bongo Bong . Ce n’est d’ailleurs pas la seule surprise de langue que Manu Chao nous a préparé : l’arabe qu’il chante sur la formidable Denia est des plus mélodiques et agréables. Un morceau à ne pas manquer également.
Pour conclure, ces albums sont deux perles dans leur ensemble. Sans doute vous remettrez plus facilement du prochain bug de votre ordinateur en pensant à celui sans lequel Clandestino et Esperanza n’auraient jamais vus le jour…