Il était une fois un groupe de potes qui, après une soirée folle et décadente, ont décidé de s’appeler “chou préfabriqué”. Pas d’autre explication possible pour le nom de groupe le plus absurde des 80s : Prefab Sprout.
Et ce n’est pas tout puisque le groupe britannique décide également d’appeler son deuxième album Steve McQueen. Un nom complètement WTF puisqu’aucun morceau ne porte le nom de l’acteur mythique ni ne l’évoque… Les héritiers de McQueen poursuivront même le groupe en justice et l’album sortira sous un autre nom aux États-Unis. Bref, nous sommes en 1985, Avalon de Roxy Music a atteint le sommet des charts 3 ans auparavant, et Steve McQueen a le même objectif.
La ressemblance entre les deux groupes – auxquels on prête le même nom de sous-genre musical, en tout cas pour la période 80s du groupe de Bryan Ferry : sophisti-pop – se fait ressentir en particulier sur le morceau Appetite. De la saturation de guitare choisie aux passages de transition au synthé, tout aussi féeriques que sur Take A Chance With Me de Roxy Music. Bonny, par contre, ne ressemble à rien d’autre.
Bonny sans Clyde
Il n’y a pas de secret. Même le Français parlant le moins bien anglais de la planète est capable de ressentir que l’interprète de Bonny est torturé. L’histoire d’un mec qui attend sa petite amie Bonny chez lui désespérément. Un type qui regrette que sa copine ait découché tout en affirmant qu’elle ne vit pas à la maison. Bizarre bizarre…
“I count the hours ‘til you sleep away”
Dans Bonny, le riff introductif à la guitare est totalement génial et addictif, tout comme les “clac” à la batterie. La rupture couplet-refrain est remarquable de fraîcheur, la voix de Paddy McAloon montant dans ses hauteurs inconfortables, bientôt rejointe par une guitare soliste toute en reverb et un piano discret mais essentiel.
D’apparente simplicité, le morceau est bien plus compliqué à interpréter qu’il n’y paraît. Et s’il fait autant rêver, c’est sans doute grâce à l’alchimie qui se produit quand Prefab Sprout interprète le morceau. Bonny est tout simplement impossible à reprendre aussi bien… Pas grand monde s’y est d’ailleurs essayé.
Prefab Sprout n’a jamais percé
Appréciés au Royaume-Uni, notamment des critiques, Prefab Sprout n’ont jamais connu le succès qu’ils méritaient. Le groupe anglais n’a en effet pas grand chose du produit de grande consommation, même si les potentiels tubes ont afflué en nombre, tout le long de leur carrière et en particulier sur Steve McQueen : Appetite (plus haut), When Love Breaks Down (génialissime de sensibilité), Desire As… Malgré de nombreux efforts, l’album n’atteindra que la 11e place des charts britanniques.
Il est temps de réparer cette injustice. Allez, faites tourner le chou préfabriqué !
3 comments
Et bien dis donc mon coquin c’est bien écrit ! J’esp Que nous resterons longtemps les seules personnes àaimer ce groupe 🙂
Prefab Sprout est probablement un des plus cadeaux qui ait été fait à la musique dans les années 80….de Swoon à Jordan…
Tous groupes confondus, “Bonny” et “When love breaks down” sont mes deux chansons préférées, celles que je prendrais avec moi sur une île déserte. D’ailleurs, je prendrais tout l’album.
C’est de la pure beauté, une sensibilité et des mélodies incroyables. Ce solo, d’apparence si simple me donne à chaque fois l’envie de pleurer, et je vous assure, je l’ai écoutée des centaines de fois, si pas des milliers.
Musicalement, c’est d’une très grande originalité. La batterie est subtile et complexe à la fois, cette basse lancinante et cette guitare folk qui tapisse la chanson du début à la fin est envoutante. Et ce son, Thomas Dolby a fait un boulot de maître. Pour moi, c’est indubitablement un chef d’œuvre.