“If you listen hard, I’ll tell you what you want to know”
Ce refrain libérateur est celui de What You Want To Know, perle rare du groupe de rock progressif Rare Bird. Morceau final de la face A de Sympathy (1969), dont vous connaissez sans doute le morceau éponyme, il bénéficie d’un oubli, certes non mérité, mais qui rend sa redécouverte d’autant plus jouissive.
L’orgue électrique, les conjonctions de guitare saturée et les extraits mélodiques si caractéristiques du rock progressif font de ce morceau, qui autrement rappellerait plutôt les plus connus de The Band (I Shall Be Released notamment), une pièce prog par excellence.
Avec sa construction mélodique simple (4 accords), ses envolées rythmées, ses paroles doucement romantiques et la voix rauque de Steve Gould, What You Want To Know avait pourtant le véritable potentiel d’un tube, et semblait taillé pour le succès. C’est à se demander comment ce morceau est resté aussi confidentiel, peut-être noyé dans un océan prog dont l’avénement est patent au début des années 1970.
Rare Bird, groupe emblématique (et oublié) du rock progressif
Si le single Sympathy s’est vendu à 1 million d’unités dans le monde (dont 500.000 en France, ce qui est assez rare pour être noté), le groupe fondé par Steve Gould, Dave Kaffinetti, Graham Field et Mark Ashton ne connaîtra en effet jamais, durant les 6 années tumultueuses de son existence, un véritable succès d’image. En témoigne l’absence de Rare Bird dans le Nouveau dictionnaire du rock dirigé par l’écrivain et historien du rock Michka Assayas, un ouvrage se voulant pourtant exhaustif et qui nous avait bien renseigné sur un autre groupe tombé dans l’oubli, Poco.
Précurseurs par l’usage de l’orgue électrique, qui tient son rôle dans le succès de The Doors à la même période, les britanniques Rare Bird débutent leur carrière en signant chez Charisma Records, label qui accueille à la même période les cultes Van der Graaf Generator (voir notre Prog-List).
En 7 ans d’existence, le groupe sortira 6 albums. Mais aucun n’atteindra les sommets des charts (en particulier britanniques) et Sympathy sera leur seul morceau à rester à la postérité. Sans doute parce qu’avec sa construction instrumentale réduite à son simple appareil, il véhicule une impression étrange de douce angoisse. Il constitue en tout cas un témoignage condensé (2’48) de la musique du tout début des seventies.
Chaque mardi, retrouve un morceau rétro* sélectionné avec soin, décortiqué et partagé sur Indeflagration pour le délice de vos oreilles en quête de souvenir ou de fuite du temps présent. Tout cela afin de tenter de fusionner les époques par la musique.
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* le mot sexy pour « vieux »