Avertissement : la misogynie apparente de cette chronique est uniquement due au choix de Sparks d’écrire un morceau intitulé Don’t Leave Me Alone With Her, libre à vous de préférer lire Don’t Leave Me Alone With Him voire Don’t Leave Me Alone With It. Je vous laisse cependant faire les modifications idoines pour que la suite de l’article conserve son sens. No worries, l’androgynie glam rendra la chose assez facile.
Voilà presque deux semaines de confinement et nous ne supportons déjà plus, plus du tout, notre co-confinée. Pire que cela, elle nous effraie, elle nuit profondément à notre bien-être et à notre santé mentale. Tout mais pas “elle”. Mais nous n’avons pas le choix. Le confinement nous montre cruellement que nous ne pouvons pas vivre avec tout le monde, encore moins enfermés ensemble pendant des semaines.
Consolons-nous, Russel Mael est dans le même cas que nous !
Un appel au secours glam et tourmenté
Quoi de mieux pour illustrer cette terrible situation que le morceau de Sparks intitulé Don’t Leave Me Alone With Her. Sur une mélodie glam et tourmentée, Russell Mael, frère de Ron, nous lance un appel à l’aide déchirant. De sa voix plaintive, il nous supplie de ne pas l’abandonner, de ne pas le laisser seul avec « elle ». Nous pouvons d’ailleurs nous interroger sur ce « elle » : la plupart y verront sa femme qui serait perverse et sadique, les freudiens y reconnaitront sa mère castratrice et tyrannique, et les plus philosophes choisiront au choix d’y voir sa conscience, sa folie ou même sa solitude…
La voix haut perchée du chanteur transmet parfaitement la panique qui le torture à l’idée de se retrouver seul avec “elle”. Le terrible portrait qu’il en fait ferait pâlir les plus courageux : une douce mais terrible esclavagiste (“a soft Simon Legree”), dictatrice à moustache (“a Hitler wearing heels”) et autres joyeusetés (“De Sade who makes good tea”…). Russel a sérieusement besoin de voir d’autres personnes car cette histoire lui monte à la tête.
Le morceau n’en reste pas moins très dansant, à l’image de son intro music-hall au piano (merci Ron !) qui nous fait taper du pied dès les premières mesures.
Propaganda, un album varié, léger et raffiné
Nous vous conseillons de prendre un peu de temps pour écouter tout l’album Propaganda (1974), cocktail glam-rock et de music-hall sur lequel vous retrouverez la voix racée, nasillarde et haut perchée des Sparks sur des mélodies variées. Cet album est un mélange joyeux et énergique, drôle et dansant, et ressemble à une parodie de très bonne facture des géants de la musique du début des années 1970.
Certains seront séduits par le raffinement de Thanks but no thanks, Never Turn Your Back on Mother Earth (belle ode à la nature) et Bon Voyage alors que les autres préférerons la légèreté music-hall de Propaganda, Alabamy Right ou encore Marry Me, dont seul les frères Maël ont le secret.
Bonne nouvelle, les très prolifiques Sparks seront bientôt de retour avec l’album “A Steady Drip, Drip, Drip” qui sortira le 15 mai prochain.
En attendant il faudra se contenter des quatre singles déjà sortis (dont le très bon Please Don’t Fuck Up My World) ou des 25 albums précédents.