Dans une carrière musicale, l’essentiel n’est pas tant de sortir de bonnes musiques mais de les sortir au bon moment… Cet alignement des astres, The Stone Roses l’ont trouvé en 1989 pour la sortie de leur premier album éponyme.
Beaucoup ont épilogué sur la création de l’opus parfait, le meilleur en matière de rock pour certains, d’autres parleront du meilleur premier album. Un média prestigieux comme le NME classe The Stone Roses meilleur album du 20ème siècle en 2002. Je suis admiratif de ces onze compos mais je reste persuadé que Ian Brown et sa clique ont bénéficié du parfait alignement.
The Stone Roses, un opus qui explore de nouveaux horizons à l’orée des 90s
Revenons un instant sur cette période riche en tout point. Fin des 80’s, on arrive au bout de la nouvelle vague made in UK. On explore de nouveaux territoires autour des mouvements de l’acid house. La formation mancunienne The Stone Roses veut tenter une synthèse, une sorte de pop psychédélique pour entrer dans les 90’s et ouvrir de nouvelles voies.
Ces jeunes talents seront d’ailleurs considérés comme les figures de proue d’une nouvelle brit-pop britannique. On peut dire en substance qu’ils sont entrés dans la nouvelle décennie avant tout le monde. Là est le parfait timing et les nouveaux Fab Four de Manchester l’ont saisi à bon escient.
Une formation made in Manchester aux multiples talents
Cet album éponyme, qu’en reste t-il après trois décennies ? Vingt-cinq ans après leur split et une tentative poussive de reformation il y a dix ans, on en revient toujours à cette unique et brillante année 1989. Car tout est parti à vau-l’eau par la suite pour The Stone Roses : égo sur-dimensionnés, drogue et conflit interminable avec la maison de disques… Le groupe n’a jamais pu retrouver la flamme et l’inspiration des premières années.
Donc l’essentiel est là entre nos mains et sur notre platine, un album hors-norme… Et ne nous centrons pas uniquement sur la personnalité et le charisme de Ian Brown car ce chef d’oeuvre en question est lié au travail de la formation toute entière. Le géniallissime guitariste et co-parolier John Squire a été un élément moteur dans ces onze créations. Quant au duo Mani / Réni (basse et batterie), ils sont juste sur-vitaminés et dopent véritablement l’ensemble des compos. Et que dire du producteur John Leckie qui a chiadé chaque morceau pour espérer atteindre la perfection musicale. Tout a été revu et corrigé par ce génie de la production pour que tout sonne royalement et qu’on ait ces mélodies gravées en tête pour l’éternité.
Et ça marche ! Elles sont là plus de trois décennies après et rien n’est à jeter, vraiment.
Des morceaux envoutants et entêtants
Dès l’ouverture, l’hypnotique et prétentieux morceau I Wanna Be Adored vous donne la bougeotte et vous fait sauter du sofa illico. John Squire atteint des sommets avec ses riffs monstrueux montant avec puissance. Encore plus vrai pour Made Of Stone qui vous rappelle l’ambiance des grands festivals avec un public chantant plus fort que le chanteur lui-même, tellement le titre est prenant et exaltant et vous plonge dans une quasi transe grâce aux arpèges dudit Squire.
L’hypnotique Fool’s Gold présent à l’époque sur la version américaine est un objet musical non identifié. Une plage de près de 10 minutes qui assène une touche funk groove très proche des rythmiques house. Il deviendra le morceau mythique des Stone Roses atteignant les sommets des charts britanniques et propulsera définitivement le groupe fer de lance du mouvement Madchester avec d’autres formations naissantes comme Happy Mondays ou Charlatans… bien avant Blossoms et The Orielles. On entre ici au coeur des espaces de créations hors-norme, mélangeant énergies nouvelles, souffle d’optimisme, culture rave à peine émergeante et son pendant dark fait d’ecstasy.
Le dernier morceau I Am The Resurrection sonne comme le tout premier, témoignant du même égo. Ce n’est pas seulement un titre, on a ici une ode au talent, au génie que la formation s’adresse à elle même et qui semble ne jamais finir. C’est juste jouissif !
Alors bien sur, on ne peut passer sous silence le charisme envoûtant du leader Ian Brown. Un chanteur presque sans voix, peu affirmée en tout cas, mais ô combien captivante et entêtante. Il a insufflé un style maintes fois copié par d’autres leaders, tant sur le mouvement, le style capillaire ou vestimentaire…
Beaucoup de nostalgie autour de The Stone Roses
Mais encore une fois, c’est plutôt l’équilibre parfait au sein du quartet The Stone Roses qui en fait l’album mythique par excellence.
On a à présent dépassé les quatre millions d’albums écoulés et les éventuelles annonces de concerts ou retrouvailles créent autant d’hystérie qu’à la grande époque. Il y a toujours autant de nostalgie autour de cet album.
On va dire qu’on était à la croisée de chemins, de cultures musicales et cela sonne peut-être comme un paradis perdu, état d’innocence et de bonheur jamais égalé…