Ce jeudi se tenait la 21e édition de la Pool Party des Inrocks, dans la très fancy salle des Bains, avec à l’affiche Brace! Brace!, T/O et EggS. Lumières The Neon Demon dès la première porte, le magazine sait toujours soigner ses endroits. Mais après avoir donné sa couverture à Etienne Daho, une question me taraude : savent-ils toujours soigner leurs programmations ?
Marcher sur les EggS
20h45, les français de EggS (Howlin Banana Records) se mettent sur la coque de la salle: une guitare résonne, puis la basse, puis la batterie… Mais alors pourquoi sont-ils 4 sur scène?
Un rapide coup d’œil me permet de voir, outre le batteur en caleçon, un joli Nord Electro avec quelqu’un qui s’affaire dessus, sans pour autant émettre beaucoup de son. Pareil pour le chanteur, un Mick Jagger avec une guitare tenue plus haute que la température dans la salle, dont la voix couvre à peine le morceau joué.
Si les balances s’améliorent au fur et à mesure que le concert avance, les morceaux sont malheureusement toujours un peu trop ressemblants. Et ce malgré quelques très bons ponts instrumentaux durant lesquels le synthé peut enfin montrer de quel bois il se chauffe.
Le concert aura malheureusement été vite relayé à ‘toute premiere partie’. La faute aux balances et à un mix de genres très incongru malgré un choix plus raisonnable à l’écoute des différentes productions, qui n’a rien à envier au choix de La Femme en première partie des Red Hot Chili Peppers à Bercy il y a de cela 3 ans. Dommage, leur premier EP éponyme est une petite pause de 15 minutes qui s’apprécie plus que bien.
T/O courant ? Maintenant oui.
Les 4 chercheurs strasbourgeois de T/O font ensuite leur entrée sur une intro psychédélique poussée à fond, avec plaids sur la tête et un bonsoir plus autotuné qu’un album des Pirouettes, long de 1 minute montre en main.
Passée l’intro extrêmement expérimentale (qui sur le coup m’aura fait très peur), ce sont des mélodies finalement beaucoup plus sobres qui s’offrent à nous. De petites balades futuristes avec différents ajouts très ingénieux de delay, de fuzz et de phaser sur les guitares, avec une basse sobre et un synthé qui a son mot à dire.
La consécration du set est tout de même sur le morceau encore inédit Temporary Secretary durant lequel celui que la page Facebook du groupe nomme Cléo II, chanteur et guitariste – et je pense pouvoir dire sans me tromper frontman – décide de s’improviser une scène sur le bar de la salle, créant une complicité folle avec le public (mais pas le barman).
Le set d’un groupe qui sait où il va, qui sait comment y aller et qui sait qu’il y va. Avec une attitude de tête d’affiche qui lui sera consacrée le 11 avril à La Maroquinerie, à ne pas manquer.
Brace! Brace! concluent en beauté
Brace! Brace! (Howlin Banana Records), le groupe que j’étais venu voir initialement commence donc sa longue préparation sur la scène, sûrement désireux de ne pas rater les balances de la scène du Bain, soit extraordinaire soit désastreuses.
Un simple “on est chaud ce soir” pour bien démarrer la défense de leur nouvel album sorti en octobre 2018. Une ambiance lunaire, en apesanteur. C’est la sensation que veut nous partager le quatuor français avec ses guitares très mélodiques sachant parfaitement alterner entre riffs très crunchy ou power chords intelligents. Le tout est porté par une voix délicieusement douce, se mariant parfaitement avec la musique et le taux d’alcoolémie grandissant de la salle, sans mentionner la température de cette dernière.
Mais comment terminer un set aussi bon? Brace! Brace! fait ici la nique aux deux précédents groupes en soignant son outro beaucoup mieux que ses collègues, lançant un Tease interplanétaire. Mon morceau préféré, a l’image d’un groupe sans prise de tête qui ne veut que le bonheur de ses spectateurs.
“Le Supersonic, le Pop Up, les Bains… C’est un peu la route de la Victoire pour les groupes indés, non?”
Si Brace! Brace! Avoue humblement penser que les Bains était une boîte un peu trop chicos pour eux, ils n’en sont pas moins heureux que les fans suivent la musique:
“On a aussi été sur France Inter et France Culture, c’est des lieux où on a à moitié notre place! Du coup c’est marrant de débarquer dans ces lieux là […] surtout après des groupes comme T/O qui nous ont vachement foutu la pression; mais c’est cool d’avoir ce genre de recul sur l’album…”
Un album à suivre puisqu’il marque le véritable début de Brace! Brace!, destiné à redorer le blason de la scène indépendante française.
La scène indé française a toujours son mot à dire
Finalement, malgré quelques choix honteux ou douteux (c’est selon), cette 24e Pool Party des Inrocks prouve que le magazine sait encore piocher dans la crème des groupes indés, et nous démontre une nouvelle fois que la scène indépendante française est sur la pente ascendante. Pour un petit moment sans doute.