26 Septembre, 19h55. Flangrantidote (chroniqueuse d’un soir) et Indésellée arrivent au Point Ephémère, qui arbore toujours fièrement ses tags. Le quai est bondé, les places assises sont chères. L’ambiance est à la fois bobo et décomplexée. Le cocktail de couleurs et d’odeur de fritures nous plonge dans une atmosphère typiquement parisienne où nos sens s’affolent.
Indésellée fait coucou à quelqu’un qu’elle ne reconnaît pas. Après coup, elle se rend compte que c’était le guitariste de Chris Garneau, qu’elle a rencontré hier au Studio Flagrant (session live à venir très bientôt), et qui l’a sûrement reconnue grâce à sa botte de marche et ses deux béquilles qui vont avec (rien n’arrête Indésellée lorsqu’elle tient à assister à un concert, pas même une jambe cassée !)
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Interlude Waacking
Beaucoup de monde à déjà pris place au rez-de-chaussée. Notre regard se dirige vers une deuxième salle dans laquelle un ensemble de personnes semble gesticuler de manière synchronisée. « Mais qu’est-ce que c’est que cette danse ? » se demande Flagrantidote. « Cool, on dirait mon jeu sur Wii-Fit ! » pense très fort Indésellée. De la tecktonik branchouille avec une pointe de disco fait l’objet d’un cours de danse dans la salle. « Cours de Waacking », annonce le panneau. Pour ceux qui l’ignorent, le waacking est une fusion du hip-hop, du groove et de la funk, développé historiquement dans les clubs homosexuels américains en 1970.
Aux yeux d’Indésellée, qui n’y connait pas grand chose, ça ressemble à du fitness sur des musiques stylées (années disco obligent). Pour Flagrantidote, grande danseuse, le waacking lui paraît simple au premier abord, mais après de multiples observations, elle se rend bientôt compte qu’une souplesse accrue au niveau des bras est nécessaire pour parvenir à exécuter correctement cette danse. Mieux vaut se consacrer à apprendre la guitare électrique.
1ère partie : La Mess Edith
20h30. La Mess fait son entrée sur la scène du Point Ephémère. Nous ? Nous nous trouvons à l’étage, devant de bonnes frites de patates douces et un petit burger. Les béquilles d’Indésellée ont aidé à trouver une table, alors on en profite.
Entre deux mouvements de waacking, nous apercevons Chris Garneau, qui erre à l’étage. Nos frites et burger finis, nous nous dépêchons d’accéder au concert pour la première partie : « La Mess », un peu en retard mais pas trop.
21h. La Mess : une vraie trance, une possession musicale et un concert inspirant. Les couleurs y sont rouges ou parfois d’un beau blanc, lumineux comme un tunnel de fin de vie. Indésellée se régale de ces jeux de lumière avec son appareil photo. Flagrantidote arrive au concert, aussi naïve que surprise. Les jeux de lumières et la présence scénique de Jessica Fitoussi, chanteuse du duo, provoque quelque chose de charmant et de captivant. Elle meut ses bras dans le nuage de lumière tout en chantant sur une musique qui semble être une association de gospel/pop/électronique orchestrée par Yvan Ginoux. A se demander comment des sonorités si différentes peuvent former une musique si bien proportionnée. Le tout crée une ambiance originale. Nous sommes loin de ce qu’a déjà entendu Flagrantidote, qui se réjouit de cela. La musique électronique est bien dosée : les temps sont corrects et surprenants à la fois.
Jessica Fitoussi possède une voix puissante et grave qui nous ensorcelle. C’est alors que Flagrantidote se détourne de la chanteuse et aperçoit le « second artiste » Yvan Ginoux devant sa table de mixage, pour qui elle éprouve immédiatement une grande admiration pour cet assemblage de génie de différents styles. Elle scrute la salle et se rend compte que ce duo, La Mess enjôle la salle. Monsieur X marque chaque note imposante d’un mouvement de tête, tandis que Madame Y
prend une photo, tentant de capter l’émotion dégagée lors du concert. La Mess parvient à remporter l’un des plus gros challenge actuels : faire oublier son téléphone portable.
On s’imprègne des ondes musicales et de l’énergie que ce duo dégage. La scène est leur élément, toute la salle est envahie par cette électro instillée parfois de touches de gospel et plus particulièrement de pop. Flagrantidote (fervente auditrice de salsa, de r&b, de hip-hop et de soul) et Indésellée (Fanatique de musique classique et de comédie musicale) adorent le concert de La Mess, tout comme l’ensemble de la salle. Une recette réussie pour ce duo. La conclusion ? Cette première partie nous laisse toutes deux sur notre faim, nous serons à l’heure la prochaine fois…
Toutes les photos du concert de La Mess
Chris Garneau entre en scène
21h30. Musique lancinante et languissante, atmosphère sombre, lumière minimale. Chris Garneau fait son entrée sur scène sur The Leaving Song, mélancolique à souhait pour un début de concert. On le sent un peu stressé, sans doute dû à certains soucis au niveau des réglages sons. Mais peu à peu, la nervosité s’efface et la présence de Chris Garneau et ses musiciens s’étoffe doucement. La musique prend de l’ampleur, chaque morceau nous surprend, tout comme la voix si particulière de Chris Garneau. Celle-ci, tantôt rauque, tantôt suave, tantôt grave, tantôt aigûe, tantôt plaintive, tantôt douce à souhait. Elle ne cesse de changer, de se mouvoir, tout comme les différents mouvements de ses morceaux.
Le concert débute par plusieurs morceaux inédits, qui paraîtront le 9 Novembre, date de sortie du nouvel album tant attendu de Chris Garneau (4 ans !) qui sera intitulé Yours. Le style des nouvelles chansons paraît très sombre par rapport à certains morceaux mélancoliques de ses anciens albums. Flagrantidote est peu habituée à ce style particulier, dans lequel les accords s’enchevêtrent en courbes sinueuses jusqu’à sembler parfois désordonnées. Pour une novice, ces harmonies peuvent gratter l’oreille les premières fois, mais l’expérience se révèle enrichissante et intéressante.
| Voir la chronique et setlist de Yours sur Soul Kitchen
Chris est accompagné de Maxime (nous ne sommes pas sûrs de son nom) à la guitare, et de Patrick (nous sommes quasi sûrs que ce n’est pas son nom) à la batterie. Après l’interprétation de Gentry par le groupe, Morgane Imbeaud fait son entrée sur scène pour interpréter Ambush. La voix de cette nouvelle chanteuse et celle de Chris Garneau se marient à souhait lors de ce duo envoûtant. Chris se lance ensuite sur Torpedo, premier single révélé de l’album à venir.
Pour notre plus grand bonheur, la suite du concert est constituée de plusieurs chansons de ses anciens albums, toujours aussi douces et tristes, sur une musique pop psychédélique bien arrangée. Le groupe paraît plus synchronisé, plus rôdé sur ses anciennes chansons, ce qui sort le public de sa torpeur des premiers instants. L’album Winter Games, sorti en 2013, est omniprésent. Le groupe joue les Winter Songs 1 et 2 et Switzerland entre autres.
Le public est charmé et bouge sur les rythmes lents et la voix alanguie de Chris Garneau. Indésellée apprécie énormément, quant à elle, la chanson Pas Grave interprétée avec un accent tout à fait charmant. Une dernière chanson Sad News (effectivement, triste nouvelle, on en aurait voulu plus), et tout s’arrête.
Ou pas.
Rappels attendus et conclusion
Chris Garneau refait son entrée pour trois rappels. Une improvisation totale en duo avec Morgane Imbeaud de La plus belle pour aller danser (Sylvie Vartan), très brouillonne mais qui nous fait bien rire, Raw and Awake et enfin No Lord – morceau joué la veille en session au Studio Flagrant.
Dans l’ensemble, Flagrantidote et Indésellée ont beaucoup apprécié ce concert, toutes deux pour des raisons très différentes. Indésellée a hâte d’entendre les morceaux de Yours en versions studio, pour se faire une idée plus précise du nouvel album, tandis que Flagrantidote compte approfondir sa découverte de La Mess, qu’elle a particulièrement aimée.
La conclusion : une première partie ensorcelante et une deuxième partie dont la poésie de l’artiste mériterait à être bien plus connue. Nous conseillons donc à tous nos lecteurs de prendre leurs places pour le prochain concert de Chris Garneau au Badaboum à Paris le 28 Novembre 2018.
PS : Disons-le franchement, le Point Ephémère est une des meilleure salle de Paris selon Indésellée, qui a encore oublié ses bouchons d’oreille, mais qui en trouve par miracle à l’entrée du concert, car la salle en fournit. Merci le Point Ephémère pour les petites cellules ciliées et l’audition de ses spectateurs !
PPS : Après des recherches fructueuses : le guitariste de Chris Garneau s’appelait Maxime Vavasseur et son batteur Benoît Bel (on y était presque!).