Nous étions au concert de Franz Ferdinand au Liberté à Rennes, et le combo écossais nous en a mis plein la vue !
2022 restera pour beaucoup d’artistes l’année de la renaissance après une période quasi “off” à bien des égards. Les Écossais de Franz Ferdinand n’échappent pas à la règle. Ils n’ont pas repris véritablement la route des studios – à l’exception de deux inédits « Curious » et « Billy Goodbye » – mais nous ont concocté un album best-of Hits to the Head pour célébrer leur vingt ans de carrière. Logiquement, Franz Ferdinand ont planifié une tournée mondiale pour remettre au centre l’énergie qui les habite.
Initialement le concert rennais était prévu en mars. Mais, conditions sanitaires obligent, il a été déplacé au 5 novembre, toujours dans la grande salle du Liberté.
Franz Ferdinand dans une formation rajeunie pour la nouvelle tournée
Ce n’est plus la formation initiale de Franz Ferdinand qui arpente les routes de cette vaste tournée. Seuls Alex Kapranos, la figure tutélaire, et Bob Hardy, le bassiste, sont encore de l’aventure du nouveau quintet. Les nouvelles figures de Franz Ferdinand se nomment Julian Corrie aux claviers, Dino Bardot à la guitare, et la toute nouvelle recrue arrivée l’an dernier, la redoutable batteuse Audrey Tait, en remplacement de Paul Thomson.
Ce soir de novembre, je retrouvai avec bonheur le combo écossais quasiment vingt ans après mon premier concert. C’était alors au festival Art Rock de St Brieuc, lors de la première tournée française de leur l’album éponyme. Le set de la bande à Kapranos nous avait alors tous scotchés par l’énergie puissante et l’incroyable jeu scénique. Le leader sautait et bougeait comme un félin emportant avec lui le public briochin.
En terre rennaise, ce sont donc de belles retrouvailles en perspective avec tout de même un peu d’appréhension… Quid de la nouvelle formation ? Quid de l’énergie du désormais quinqua Alex Kapranos ?
Franz Ferdinand, toujours les maîtres du dancefloor…
21h tapantes, la salle du Liberté s’enfonce dans le noir et derrière le grand drapé blanc, les silhouettes gigantesques des cinq musiciens apparaissent en ombres chinoises sur l’intro de Dark Of The Matinée. Un superbe instant visuel et sonore…
Le rideau tombe et les maitres du dance-floor donnent illico le ton. On est là pour bouger ses hanches ce soir, le volume est fort et le leader Kapranos saute comme à ses débuts ou presque… Et tout s’enchaine allègrement avec un public déjà conquis et ravi par l’entrée en matière. Bien sûr, l’assistance a évolué quelque peu car ce sont les afficionados de la première heure en grande majorité qui paradent. Mais ces quadras et quinquas semblent bien décidés à suivre l’énergie impulsée par nos écossais.
C’est d’ailleurs assez cocasse car Kapranos disait à l’époque composer une musique pour faire bouger les filles. Vingt après, il a devant lui des fans plutôt matures bien enclins à montrer aux plus jeunes que le dance-floor les titille aussi…
Et ce n’est que succession de hits à l’image du best-of qui est repris presque intégralement sur cette tournée, des tubes en cascade qui vous rentrent dans la tête. Les cinq albums studio sont revisités avec quelques incontournables qui mettent le feu à tous les coups.
A mi-parcours, Do you want to envoie un coup de chaud sur le Liberté dans une version rallongée et sur-vitaminée. Plus tard Love illumination et surtout l’inimitable Take me out déchainent la foule qui saute comme un seul homme en reprenant mot pour mot les paroles dont se délecte encore et toujours Kapranos au micro. Tout est huilé et superbement orchestré sous la baguette du frontman.
Alex Kapranos aussi classe que Bowie
Le show repose toutefois en partie sur l’énergie fabuleuse d’Alex Kapranos. Il sait capter l’attention grâce à son jeu scénique très funky et ses poses sexy entre deux riffs de guitare. D’une grande classe avec sa chemise noire à pois blancs en rappel de chaussures cuir de mêmes couleurs, il arpente la scène comme un félin, un peu à la manière de David Bowie grâce à son déhanché langoureux et son jeu de jambes. Et dans la voix aussi il y a des intonations à la Ziggy Stardust chez cet écossais.
La bonne humeur présente sur scène, à l’exception toutefois de Tom Hardy qui reste comme à son habitude centré sur son instrument sans sourciller, va contaminer le public jusqu’à la fin.
Sur le dernier morceau du set principal Outsiders donné aussi en version rallongée, les lumières se baissent avec juste un son sourd en accompagnement. Puis plein feu à nouveau et modification orchestrale avec deux Toms ajustés en avant sur lesquels prend place Audrey Tait, quand ses quatre comparses s’installent autour de la batterie principale pour quelques instants de percussions enjoués. Le public savoure et jubile de plus belle…
Un final renversant
Les musiciens sortent quelques instants avant de revenir pour trois titres endiablés Billy Goodbye, Michael et le tonitruant This Fire. Sur ce final digne de Franz Ferdinand, le public a compris que les minutes étaient comptés et les écossais ont aussi tout donné pour que cet instant soit marqué et remarquable. Kapranos invite les milliers de spectateurs à descendre doucement au sol et à se lever ensuite comme un seul homme sur les riffs de guitare du bien nommé This Fire. C’est tout simplement jouissif de sentir tout le public vibrer à l’unisson…
Les sourires sont sur tous les visages et le show a beau être court (1h20), les écossais ont ravi l’assistance grâce à leur générosité et leur énergie.
Les Franz Ferdinand, sans complexe aucun, montrent que le rock est fait pour être dansé. Et ce n’est pas le défunt Jerry Lee Lewis qui pourrait dire le contraire… Le groupe aux dix millions d’albums vendus, aux six millions de billets de concerts écoulés et au plus d’un milliard de titres streamés est clairement la belle incarnation du dit courant pop-rock. Leur musique fraiche et dansante touche et séduit encore un large public vingt ans après ses débuts.