Mardi 3 avril dernier, mes jeunes britanniques préférés de The Orielles nous faisaient l’honneur de commencer leur tournée européenne par leur toute première date à Paris. Ça se passait à La Maroquinerie, et c’était surtout un concert exceptionnel.
The Orielles, la crème de Halifax
Leur nouvel album, Silver Dollar Moment, était sorti en février et avait été, avec Always Ascending de Franz Ferdinand (qui s’était au passage révélé beaucoup plus convaincant que lors de la présentation des morceaux au Point Ephémère), mes deux sources de bonheur musical des deux derniers mois. En effet, l’album était absolument à la hauteur des deux mastodontes Sugar Tastes Like Salt et I Only Bought It For The Bottle, déjà chroniqués ici et montrait l’étendue des talents de compositeurs et interprètes du groupe, qui leur a valu le surnom des ‘Halifax’s finest’ (“la crème de Halifax”, Halifax étant leur ville d’origine).
Formation simple pour émotions fortes
Placés entre Niki Niki et Joan as a Police Woman, le groupe n’avait que 45 minutes pour se démarquer. Et ce fut largement assez pour s’approprier la scène et nous jouer 10 morceaux à la perfection, avec une aisance assez incroyable pour des jeunes de 20 ans.
Snaps, le morceau d’ouverture, a permis au groupe de se chauffer, et de donner la mesure au public : finie l’électro chill de Niki Niki, et bonjour la formation guitare/basse/batterie qui envoie de la bonne saturation dans les enceintes.
Car c’est avec cette simple formation, et rien d’autre (pas d’enregistrements, de samples ou quoi que ce soit) que le groupe va nous faire aimer sa musique, sa performance et sa vision.
Public mou… Mais on s’en fout ?
Un problème survient pourtant très vite : le public est mou, trop mou, ce qui était déjà le cas pour Niki Niki. Presque tout le monde n’était là que pour Joan as a Police Woman, ce qui a empêché la musique de The Orielles de s’exporter plus loin que le cercle très restreint des admirateurs du groupe, placés tout devant. Après coup, j’ai remarqué que cela n’a pas empêché des membres du public de courir acheter le vinyle à la fin de leur set!
Après le délicieux Mango qui aura permis à Sidonie, la batteuse, de faire sonner la cowbell de sa batterie, Henry, le guitariste, nous annonce sobrement l’arrivée d’un morceau inédit – dont il me parlera lors de l’interview en or complètement improvisée qu’ils me donneront après le concert (à venir).
Enchaînement de tubes
Qui dit moitié de concert dit tube! C’est apparement la réflexion que le groupe s’est faite puisqu’ils se lancent dans le très fort I Only Bought It For The Bottle, qui fera résonner les arpèges de guitare du début dans une salle de plus en plus convaincue.
Passée la division de tempo par deux avec Liminal Spaces, Henry, Sidonie et Esme (chanteuse) se lancent dans la course au single pour enchaîner le plus de morceaux possibles avant la fin (trop proche) du set. C’est comme ça que Let Your Dogtooth Grow, avec une formidable outro basse/batterie/cowbell/sifflet et Blue Suitcase (Disco Wrist), dotée de coeurs qui restent dans la tête pour toute une vie et de sauts de mesures qui montrent l’incroyable osmose qui règne entre les trois musiciens – pour qui un simple regard suffit à donner l’évolution du rythme à suivre –, se suivent.
Sugar Tastes Like Salt, l’apogée de ce concert de The Orielles
Et enfin, nous avons eu droit à une version allongée de la géniale, que dis-je, grandiose Sugar Tastes Like Salt, que j’attendais avec une impatience folle après en avoir fait, selon mon algorithme d’écoutes Spotify, mon morceau le plus écouté de l’année 2017.
Je n’osais pas regarder les lives en basse-résolution sur internet de peur de me gâcher la surprise, de découvrir comment ils allaient (et surtout s’ils allaient) réussir à retranscrire l’immensité de ce morceau, ses rythmes complètement déchaînés et son ambiance aussi mystérieuse que libératrice d’énergies corporelles (comprendre ici : nous faire beaucoup bouger la tête de haut en bas et beaucoup sauter).
C’est finalement chose faite, avec une prestation de dix minutes de pure extase musicale et surtout de coolitude purement britannique, avant de quitter la scène avec simplicité et un grand sourire.
Quoi de mieux, alors, que de se reposer après le concert avec le groupe, pour prendre le temps de fêter les un an de Sugar Tastes Like Salt à coups de Chartreuse, et d’improviser une petite interview avec le groupe ? Rien, nous sommes bien d’accord.
Évidemment l’abus d’alcool est dangereux pour la santé
La Setlist
- Snaps
- Old Stuff, New Glass
- Mango
- Under The Borrachero Tree
- I Only Bought It For The Bottle
- Liminal Spaces
- 48%
- Let Your Dogtooth Grow
- Blue Suitcase (Disco Wrist)
- Sugar Tastes Like Salt
Crédit photos : Neelam Khan Vela (Instagram : @neelastica)