Mardi 8 Décembre 2015 – EL VY, le duo formé par Matt Berninger (The National) et Brent Knopf (Melomena), était de passage au Trabendo pour présenter Return to the Moon. Un premier opus réussi, avec quelques pépites (Return to the Moon, No Time To Crank The Sun, I’m The Man To Be), que nous avions hâte de découvrir en live.
O.K.
O.K. le Trabendo est une p*tain de salle, une salle que tout hipster ou autre yuccie qui se respecte adore. Il y a de l’espace, l’ambiance est familiale et chaleureuse, l’organisation insolite du lieu permet de bien voir la scène d’où que l’on soit. Enfin, le bar permet d’apprécier l’avant concert et ensuite de profiter de la musique la “binch” à la main. Le son est très cool, on est à l’aise. Tudo bem.
O.K. aller voir un groupe qui a sorti simplement un album, ce n’est peut-être pas la meilleure idée du monde. On pensait avoir inversé la tendance avec We Are Match à La Maroquinerie, on a dû revoir un peu nos attentes avec EL VY. Si la prestation est honnête et le concert commence à l’heure (21h03), le show ne dure qu’une petite heure et à la fin le public est bien conscient qu’un rappel n’aurait pas beaucoup de sens.
O.K. nous sommes un peu durs et sûrement un peu trop exigeants. C’est pourquoi, dans un élan de magnanimité, nous nous devons d’évoquer la voix grave aux inflexions uniques de Matt Berninger qui nous a quand même ravi les pavillons auriculaires et la facilité avec laquelle le multi-instrumentiste Brent Knopf switch entre clavier et guitare au cours d’un même morceau (et il chante aussi !). Gros coup de coeur pour No Time To Crank The Sun (article ici), dont la version live allongée et portée par les envolées de Brent Knopf au piano, a illuminé la soirée de Socrate et Dandy. Matt et Brent ont un véritable charisme scénique et ils disposent d’un talent plus que certain, transcendé par leur complicité.
EL VY : clowns des temps modernes
Il s’agissait d’un concert pour lequel la consommation préalable de psychotropes était vraisemblablement conseillée. Dès l’arrivée du groupe, l’allure nonchalante de Matt Berninger qui a commencé par interpeler tous ceux qui étaient au bar puis qui ensuite a partagé son verre avec les fans les plus impliqués donnait le ton. Matt voyait sûrement les choses d’un oeil différent, tout avait l’air beaucoup plus fou dans sa tête tout comme dans celle de Brent qui est adepte du fou rire en jouant de la musique.
A partir de la reprise de She Drives Me Crazy, le show est clairement parti en c*uilles. Tel un clown des temps modernes, un peu aviné (ou embièré dirons nous plutôt), Matt Berninger et ses compères de EL VY se sont livrés à 1000 facéties : balancer leurs bières et des glaçons dans le public en remerciement des chapeaux et autres accessoires reçus, appareil photo dans le slibard, quelques pénétrations hasardeuses dans le public, pied de micro défiant les lois de la gravité, perches à selfie empruntées aux fans et une multitudes d’autres blagues ponctuées de hurlements artistiques.
A noter un véritable momentum sur Need A Friend : un crescendo rondement maîtrisé et enivrant. On a senti une vrai patte naître, celle d’EL VY, d’un The National avec un piano et des guitares saturées en plus, mais pas seulement. Ce sera l’instant du concert que l’on retiendra. EL VY est un groupe aux multiples facettes, tantôt pop estivale (Return To the Moon) et tantôt mélancolique (Paul is Alive), le tout étant saupoudré de touches grunge agressives.
Pour résumer le concert de EL VY au Trabendo :
- Les plus : la voix grave et pénétrante de Matt Berninger, les coups de coeur Need A Friend et No Time To Crank The Sun, une reprise réussite de She Drives Me Crazy, des conneries et de la bière, le fan nietzschéen anglophone pour qui “without music life would be a mistake” et enfin l’impression uchronique d’assister à un “concert de garage” de jeunes lycéens californiens surdoués des Nineties (Matt et Brent ne font clairement pas leur âge et le batteur et le bassiste ont, quant à eux, l’air tout juste pubères).
- Les moins : un faux départ, un show trop court, trop long à démarrer, l’absence de surprise… En bref, les défauts habituels des groupes à 1 album. On attend la suite !
Notre note (Dandy Flagrant et Socrate Flagrant) :
EL VY : ii ½ (à suivre)
Concert gentillet de groupe naissant
Le baromètre de notation Indeflagration évolue de i (déconseillé) à iiii (indispensable)