Vendredi 25 Août 2017 – Jour 1 à Rock En Seine 2017 – À peine arrivons-nous sur les lieux du festival que le soleil, absent de tout ce début de journée, fait son apparition chassant la pluie incessante et fulgurante qui dominait le ciel depuis plusieurs heures. Les terres de Rock En Seine seraient-elles dotées d’un micro-climat où seul le soleil aurait un droit d’entrée ?
NB : pour une meilleure compréhension de live report, nous préférons vous indiquer que tous les sous-titres se rapportent à nos tympans.
Frank Carter and The Rattlesnakes attaquent nos tympans
Nous découvrons d’abord un homme à moitié nu sur la scène, agenouillé face à son public. Il s’agit de nul autre que le chanteur de Frank Carter and The Rattlesnakes, chantant de toutes ses tripes et interprétant chaque titre comme si c’était son dernier. Pour cet investissement sans demi-mesure, nous applaudissons la performance. Pour le reste, la surpuissance des micros et des basses et l’énergie souvent démesurée du leader de Frank Carter and The Rattlesnakes nous empêchent d’apprécier pleinement le spectacle.
Certes, des bouchons d’oreille sont distribués partout dans le festival. Mais si tout le monde en porte, ne serait-il pas plus judicieux d’envoyer simplement un peu moins de décibels pendant les concerts ? Petites natures que nous sommes. Un regard objectif sur le spectacle nous pousserait à reconnaître qu’ils ont beaucoup de talent et que ce serait criminel de ne pas l’honorer jusqu’au bout.
Mais l’Art n’ayant rien d’objectif, nous décollons 15 minutes avant la fin du show, vers le bar à bière le plus proche. Il commence à faire chaud et il est important de s’hydrater régulièrement.
Cabbage achèvent de les défoncer
Nous faisons un passage éclair à la Scène de la Cascade où joue Cabbage, un groupe de la scène post-punk-rebel-(surtout noisy) rock, formé à Mossley une petite ville du Nord de l’Angleterre. Avec ce public, nous croyons revivre nos années Green Day & Oasis. Ces jeunes rockeurs ont plein d’énergie à revendre, c’est incontestable, mais nous restons sur notre faim et la nostalgie n’aura pas raison de nous.
Nous cherchons des subtilités sonores, mélodiques, rythmiques, nous cherchons une empreinte Cabbage qui nous ferait oublier tous leurs prédécesseurs. Nous cherchons à établir une connexion, à ressentir que le groupe ne fait plus qu’un avec son public. Nous cherchons, cherchons encore… Mais comme tout chercheur qui se respecte, nous ne trouvons pas grand chose. Dommage ! Nous partons donc en direction de la Scène de l’Industrie.
Barbagallo les répare parfaitement
Ayant été très séduits par la prestation de Julien Barbagallo, batteur de Tame Impala, à la Route du Rock 2017 – Collection Hiver, nous souhaitons renouveler l’expérience à Rock En Seine.
Il est 17h02 et Barbagallo, accompagné de ses musiciens et de ses belles boucles, commence son show avec 3 minutes d’avance. Nous avons le droit à certains de ses titres devenus des incontournables à nos yeux tels que Nouveau Sidobre, issu de son dernier album, La Moitié de Moi ou encore Mungibeddu.
Après avoir flatté l’égo des festivaliers en leur exclamant qu’il ne pouvait rêver meilleure fin de tournée qu’un concert à Rock En Seine face à eux, Barbagallo présente sa chanson suivante :
« On va parler d’amour. Cette chanson s’appelle La Soif. C’est sur ces petits moments où on se lève pour aller boire, mais qu’elle ne se lève pas… »
Nous n’avons pas tout compris mais la chanson rencontre un franc succès de la part du public, nous inclus. Avec Barbagallo, nous avons toujours cette sensation étrange de vivre un rêve éveillé plein d’énergies positives. Comme lorsque nous l’avions interviewé à La Route du Rock. Le langage extra-terrestre de ses textes, les associations mélodiques étonnantes et subtiles, l’univers cosmique et décalé de l’artiste, rendent la proposition artistique très séduisante.
Barbagallo, poète rêveur des temps modernes, termine son show sur un solo de batterie magistral et grandiose avec le morceau La Vérité dont la partie instrumentale dure près de 8 minutes. Nous sommes conquis.
| Voir aussi l’interview de Barbagallo : « Être en Australie m’a aidé à détruire plein de barrières »
Gunwood les flattent avec douceur
Il est 18 heures, nous retrouvons sur la petite scène Île-de-France le jeune groupe de Parisiens Gunwood, dont le premier album Traveling Soul est sorti plus tôt cette année. Derrière leurs looks d’ingénieurs un peu geek, Gunnar, Jeff et David nous surprennent par leur énergie, leur assurance et leur capacité à mobiliser le public.
Avec ce mélange inattendu de rock de biker américain à moustache, de folk rock, parfois même de nu metal et de musique celtique, Gunwood nous fait voyager avec son univers dynamique et puissant. Nous retiendrons l’explosif Swimming et le nanana assez pop de Rainchild.
The Pharcyde les fait fumer
Il nous suffit de parcourir quelques dizaines de mètres pour nous retrouver propulsés à Los Angeles et plus précisément à South Central, au beau milieu des Nineties. Imani, sec et nerveux, et Bootie Brown, force tranquille, font bouger la foule devant la scène Cascade avec des sons bien old-school à réveiller nos talents de breakdance.
“Roll it, light it smoke it! We wanna smoke weed every day”
Entre deux bons mots vantant la consommation de cannabis, les deux rappeurs de The Pharcyde insistent pour que le public s’investisse en dansant, criant et chantant. C’est ainsi qu’ils introduisent le morceau Oh Shit! en clamant à plusieurs reprises “when I say OH you say SHIT”.
Une batterie bien placée, un clavier presque retro et un DJ qui n’hésite pas à scratcher accompagnent nos deux rappeurs underground dont les styles sont très complémentaires. La foule hétérogène est composée à la fois de trop jeunes apprenant avec stupeur que le rap n’est pas que Jul, et de moins jeunes qui (re)découvrent les origines de la musique urbaine de leur jeunesse.
Tous sans exception bougent la tête et les bras en se laissant porter par nos chauffeurs de salle californiens.
Franz Ferdinand les régalent
Il est 21h20 et Franz Ferdinand, l’un des groupes les plus attendus de la soirée, joue déjà depuis 20 minutes sur la Grande Scène de Rock En Seine. La foule est noire de monde tandis que le groupe écossais alterne titres explosifs et titres planants.
Alex Kapranos nous fait jouir de son instrument vocal, qu’il maitrise à la perfection, par ses graves d’une profondeur et d’une clarté à faire rougir Joe Bonamassa, par sa capacité à passer d’une octave à une autre en un claquement de doigt et à doser avec justesse chaque décibel qu’il envoie vers son public. Avec style, le leader de Franz Ferdinand parvient à nous garder dans ses filets jusqu’aux dernières minutes du show.
Nous avons le plaisir de découvrir en live les titres Take Me Out ou le – un peu – plus récent Walk Away, ayant atteint le statut de légendes en France, et qui font l’unanimité parmi le public de Rock En Seine.
Le Night King a un nom. Il s’appelle Alex Kapranos, et il déchire tout.