Vendredi 19 août, nous retournons au Fort de Saint-Père pour cette deuxième journée de la trentième édition été de la Route du Rock. La pluie en début d’après-midi nous a fait craindre le pire. Prévoyants (un peu trop même) nous avons chaussé nos bottes.
Honeyglaze : Une entrée en matière douce comme le miel
À peine arrivés sur le sol du fort plus sec que trois galettes saucisses sans sauce (image tout à fait choisie au hasard), le buzz typique du jack qui se branche dans une guitare se fait entendre, fait l’effet des trois coups qui font taire la foule et annonce le lancement de ce deuxième jour.
La leader du trio de Londres Anouska Sokolow commence un set qui se veut maîtrisé et sans prétention, qui pourtant transporte le public dans un univers bien ficelé de ballades rock aux paroles touchantes. La formation simple guitare/basse/batterie est un support parfait pour la voix douce et puissante de la chanteuse qui n’hésite pas à puiser loin pour sortir des notes qui nous donnent des frissons. Elle chante à la manière d’une conteuse qui récite des poèmes en musique.
Les tentatives du bassiste d’échanger en français avec le public et de jouer le jeune novice faussement mal à l’aise marchent et font rire (avec des phrases toujours utiles : ‘prenez-vous les cartes étrangères ?’, ‘ce site web est indisponible’ –ils nous confieront avoir étudié le français au lycée dans une interview après leur set, à paraître prochainement), et le set file sans aucun souci.
Un coup de cœur pour nos deux envoyés spéciaux, qui, après longue réflexion, acceptent de partager le tuyau : Honeyglaze sera en concert au Supersonic le 8 septembre (et à Angers le 7 septembre). À ne manquer sous aucun prétexte.
Los Bitchos : Une énergie débordant et communicative
Indéflation s’éclipse, tandis que Dandy Flagrant se rend sur la scène du Fort pour retrouver le quatuor déchaîné de Los Bitchos. Dès les premiers instants et le “Bonjoooouuuuuur” triomphal de Serra Petale l’énergie est au rendez-vous. Les quatre membres (au féminin) du groupe de rock psychédélique nous transportent rapidement dans leur univers ensoleillé aux influences caribéennes et latino-américaines (Change of Heart) voire de musique andine (Pista), orientales (I Enjoy it) et western (The Link is About to die). Los Bitchos rendent aussi hommage aux grands absents du festival, les Australiens de King Gizzard and the Lizard Wizard, avec une reprise cumbia de Trapdoor.
Nous ne sommes (malheureusement) pas habitués à voir un groupe de rock composé (presque) exclusivement de femmes et c’est bien dommage ! Les quatre Bitchos sont de véritables show women dont le style caricatural nous rappelle certains groupes de rock parodique. Elles semblent bien s’amuser sur scène pour notre plus grand plaisir. Il est difficile pour nous et pour le reste du public de ne pas se déhancher. Le tout se termine en beauté avec une reprise difficilement reconnaissable de Tequila des Champs, plus punk que la version originale.
Le groupe termine son concert par un énorme câlin à cinq. Même si le tout manque de variété nous nous sommes bien amusés. C’était très cool. Tant pis pour Indéflation.
Porridge Radio : Galettes saucisse
La formation de Brighton de Porridge Radio était sur la petite scène pour défendre leur dernier album, The Rip, devant un public encore dans une transe post-Tequila.
L’exercice est réussi, et l’intérêt pour le groupe est clairement à la hausse après l’excellent featuring de sa chanteuse Dana Margolin sur le dernier album de Metronomy.
Si le groupe délivre une performance plus que correcte, il nous est malheureusement impossible de nous attarder trop longtemps, car l’appel journalier de la galette saucisse se fait sentir. Impossible de bien suivre le festival dans sa totalité sans un détour chez notre traiteur breton préféré ; et, même si le choix est dur, il est juste. Direction la queue, surmontée de la célèbre fumée du grill ou les saucisses se préparent à remplir les ventres affamés des festivaliers.
Kevin Morby : Golden folk boy
Kévin débarque, sobrement vêtu d’une veste à franges (attribut indispensable pour tout chanteur de folk qui se respecte) dorée et muni d’une guitare portant les dix lettres de son nom sur le manche. Voilà un artiste humble et discret comme nous les apprécions tant. Merci à Kévin Morby. Indéflation le rappelle : “le set était quand même solide”. Merci à Indéflation.
DIIV : Le temps d’une interview…
DIIV était un des concerts à ne pas manquer de cette soirée. C’est bien évidemment pourquoi vos deux fidèles serviteurs Dandy Flagrant et Indéflation ont eu l’excellente idée de rater la première partie du set, afin d’interviewer, comme mentionné plus haut, les Londoniens de Honeyglaze.
Coup de chance, l’enregistrement de l’interview a aussi enregistré l’intégralité de la partie manquée; nous laissant l’occasion d’apprécier, différemment certes, ce début de concert. Y sont reconnaissables des lignes de basse de morceaux fondateurs du groupe tel que l’excellent Doused ou encore Is the Is Are, qui ont, de source interne à la foule, achevé de conquérir un public déjà enflammé.
La deuxième partie du concert de DIIV, cette fois vécue de nos propres yeux et en live, est tout à fait en raccord avec les dires de nos sources. Le set se veut puissant, sans tomber dans le show trop exubérant, et les singles des albums plus récents n’échouent pas à continuer de faire monter une température qui, nous le pensions, avait atteint sa limite.
Mais aucune température n’est trop haute pour l’Anglais le plus hot et sexy du fort de Saint-Père qui, secrètement, se préparait à monter sur scène.
Baxter Dury – Blanc et excitant comme la coca*ne ?
“C’est la musique la plus sexy (sic) que j’ai jamais vue” Voici les mots qu’Indéflation utilise pour faire revenir Dandy Flagrant qui s’est égaré quelque part au Fort de Saint-Père. Plus qu’un concert, le Britannique en costard blanc comme sur la pochette de Prince of Tears nous livre un show dont il est la star un brin mégalo. Il passe le concert à déambuler sur la scène, à se mettre accroupi, à guetter et interpeller le public, à danser bizarrement et s’arrête de temps en temps pour déblatérer les paroles provocatrices de ses chansons.
Sur certains morceaux comme Porcelain, le chanteur laisse ses musiciens et la chanteuse qui l’accompagne, Madelein Hart, faire tout le travail. Après Miami, Baxter Dury se barre de la scène sans prévenir, laisse le public sur sa faim pendant quelques minutes, certains commencent à quitter la foule, puis revient pour une sorte de rappel, inhabituel en festival, avec notamment Cocaine Man, Say Nothing et Prince of Tears.
Le show nous emballe et nous apprécions particulièrement la prestation de la chanteuse qui adoucit les râles de Baxter Dury, nous regrettons cependant que la formation du concert de ce soir soit un peu minimaliste ce qui se traduit par de nombreuses pistes préenregistrées.
Snapped Ankles, The Limiñanas : Un dénouement tardif
Pas tout à fait remis du set de Baxter Dury qui ressemblait peut être plus à un une soirée très sensuelle qu’un concert, et dans une incompréhension totale face à Snapped Ankles, nous nous dirigeons une dernière fois vers les galettes-saucisses. Là-bas, nous remarquons que le courage que nous avions d’assister au dernier concert de la soirée, The Limiñanas, nous quitte peu à peu, la faute à une heure trop tardive. La perspective d’être en forme pour le jour 3 prend le dessus, et nous quittons, le fort de Saint-Père, saluant nos agents de sécurité préférés au passage.
Et la suite de La Route du Rock ?
Pour voir les live reports des 2 autres du Festival La Route du Rock Été 2022, c’est par ici :