Il nous a fallu plusieurs jours pour nous en remettre mais nous pouvons désormais vous raconter cette trentième édition de la Route du Rock, à la programmation très prometteuse, à laquelle nous avons assisté du 18 au 20 août au Fort de Saint-Père.
De retour au Fort de Saint-Père, nous nous sentons à la maison dès le début quand nous apercevons l’inénarrable photographe de concert Robert Gil, calot noir à pompon rouge sur la tête, fidèle au poste, avant d’improviser une interview, à paraitre, des fortiches de Leeds de Yard Act.
Pour cette première journée, nous attendons particulièrement ces derniers ainsi que Wet Leg. Nous ont-ils déçus ? Ont-ils été à la hauteur de nos attentes ? Avons-nous jubilé ? Nous vous laissons découvrir les réponses à ces questions en cliquant sur ce lien.
Cola/Black Country New Road : Prémices de la soirée
Cela fait près de 8 ans que Dandy Flagrant a (presque) arrêté de consommer du cola (quelle qu’en soit la marque) et ce n’est pas ce soir qu’il s’y remettra. Le jeune groupe de post-punk de Montréal à la formation minimaliste (guitare/voix, basse, batterie) ne parvient pas à nous enthousiasmer, quelque chose semble manquer.
Il en va de même pour les (très) jeunes Black Country New Road qui cumulant les instruments (saxophone, flûte, accordéon, clavier, basse, guitares, batterie) nous rappellent un groupe monté en classe de musique pour la fête de fin d’année. De nombreux titres joués sont des nouveautés de leur tournée estivale. Ce collectif est intriguant et plein de potentiel, les chanteuses et (surtout) le chanteur ont de belles voix, mais le tout nous semble manquer de cohérence et de maturité sur scène. Nous avons peut-être déjà la tête à ce qui viendra ensuite. La soirée débute. Doucement.
Nous décidons alors de sacrifier le troisième concert (Geese) pour nous sustenter et survivre aux concerts qui arrivent, notre choix se porte sur le meilleur rapport calorie-prix du festival : la (traditionnelle) galette saucisse à 3 € seulement !
Les phénomènes Wet Leg & Yard Act : climax de la soirée
Un bon rapport qualité-prix en cache souvent un autre. Se lance devant une foule déjà conséquente et conquise le duo le plus pop du post-covid : les deux anglaises de Wet Leg débarquent en tenue champêtre sur le thème de la Comté dans Le Seigneur des Anneaux et annoncent la couleur avec le bien nommé Being in Love ; une manière pour le groupe de faire craquer les derniers festivaliers non initiés.
La formation continue doucement mais sûrement sa setlist, donnant à leur premier album une dimension beaucoup plus subtile qu’une simple pop trop produite. Les riffs filent et redonnent leurs lettres d’or au festival lui-même, les festivaliers se lançant dans des pogos chaotiques et endiablés, provoquant l’apparition d’un nombre incalculable de crowdsurfers d’un jour.
Les monuments Angelica et Too Late Now résonnent pendant que les fiers trublions de Leeds Yard Act se préparent sur la scène d’en face. L’hymne Chaise Longue finira de convaincre en fermant une setlist extrêmement solide et faisant foi d’un amour pour la musique simple mais juste, permettant dans le même temps à Indéflation de réaliser un de ses rêves : crowdsurfer, en imperméable et avec des lunettes (qui ont survécu malgré ses craintes), les bras écartés, criant ‘All day long’ avant de disparaître, inconnu conquis, dans la foule au loin.
Les étoiles dans les yeux ne suffisent pourtant pas à éclipser la réalité : Yard Act arrive, et c’est le moment d’aller apprécier le retour du groupe le plus punk de la nouvelle scène, après une petite pause du groupe pour se concentrer sur leur famille.
Pause clairement reposante, car l’arrivée en trombe du quatuor sur l’excellent Dead Horse met une claque immédiate au public. Les Yard Act ne sont pas là pour enfiler les perles et ils le prouvent avec une setlist plus que solide, mélangeant poésie anglaise et solos débridés. Le bordel monstre qui se forme dans le public témoigne de la passion que met la formation dans chacun de ses titres et de sa capacité à partager une énergie folle de la scène au public. Les paroles résonnent et confortent Indéflation que The Overload est sans conteste l’album de l’année, produit anti-conforme politique et un immense doigt d’honneur à une Angleterre qui perd de vue ses ambitions artistiques, ayant été jusqu’à motiver Elton John à demander un featuring avec eux sur la balade 100% Endurance.
La cerise sur le gâteau aura été de retrouver les Wet Leg dans le public, aussi enflammées que nous, et de partager un pogo avant de les voir disparaître vers de nouvelles aventures.
Indéflation note, dans un des rares moments de lucidité journalistique, que le groupe aura joué l’intégralité de son premier EP Dark Days (comprenant les énormissimes Fixer Upper et l’éponyme Dark Days) pour le plus grand plaisir de tous.
Un pari réussi pour les programmateurs de la Route du Rock qui ont réuni en deux heures les deux groupes britanniques les plus demandés de l’année, ainsi que les plus prometteurs pour le renouveau post-Covid d’une scène indé musicale qui change pour le mieux.
Fontaines D.C. : repos bien mérité
Nous sommes exténués après ces deux concerts au cours desquels tous nos sens ont été mis à l’épreuve. Nous décidons alors de suivre le phénomène Fontaines DC de loin et de nous reposer un peu. La foule est enthousiaste devant Grian Chatten (chanteur) qui déambule sur scène en marcel et jogging noir avec ses airs de beau brun mystérieux.
Le set est bien huilé, les Irlandais font le taf, mais nous n’avons pas l’énergie pour nous forger un quelconque avis. Nous croisons un festivalier que l’alcool a rendu agressif. Minuit approche, l’heure de passer à l’électro aussi.
Bolis Pupul et Charlotte Adigéry : démence électro
Dès son arrivée sur scène, le duo belge Bolis Pupul & Charlotte Adigéry impressionne par son charisme et nous transporte dans son univers déjanté et électrique. Nous basculons sans transition du rock à l’électro aux influences variées techno comme r’n’b et le public du festival semble conquis. Nous attendions tout particulièrement (et avec curiosité) le morceau HAHA qui rend aussi bien en live qu’en version studio. Dandy Flagrant apprécie aussi le morceau Ich Mwen.
Le duo fait le travail, et le jeu de lumière est à double tranchant, entre glorification du groupe et initiateur de migraines.
Il est temps d’aller se concentrer sur la fin (tardive) de la programmation.
Working Men’s Club : quand Manchester te fait la gueule
Dernière surprise de la journée, cette fois mauvaise, aura été l’arrivée des mancuniens de Working Men’s Club à une heure du matin.
Pourtant forts de deux albums extrêmement solides (dont le single White Rooms and People était apparu dans la playlist de confinement d’Indéflation https://indeflagration.fr/chronique/flashback-declan-mckenna-sparks-working-mens-club/), le maintenant surnommé ‘quatuor qui fait la gueule’ monte sur scène avec une tête qui annonce clairement la couleur : trois ont l’air de s’ennuyer plus que devant un mauvais jour des chiffres et des lettres, et peinent à convaincre en envoyant les diverses pistes de drum machine qui font pourtant leur effet en studio.
Que ce soit un simple jeu de scène ou une vraie animosité entre les membres du groupe, la présence sur scène fait peine à voir et inquiète plus qu’elle ne convainc ; et les boucles deviennent de moins en moins supportables. La faute à l’heure trop tardive peut-être, c’est bien l’excellent single Teeth qui nous aura le plus marqué, l’ayant écouté depuis la sortie du festival en se disant que c’était effectivement une bonne idée d’être partis avant la fin.
Et la suite de La Route du Rock ?
Pour voir les live reports des 2 autres du Festival La Route du Rock Été 2022, c’est par ici :