Le groupe de rock-indé belge Girls in Hawaii était à L’Olympia mardi 18 mars, et nous y étions (Indésilver et Socrate Flagrant) avec en tête les très jolis morceaux d’Everest que sont Misses, Switzerland, Not Dead, We Are The Living, Rorscharch … Un 3e album onirique, à la sensibilité touchante et enivrante, qui marquait le retour du groupe après le décès tragique de leur batteur Denis Wielemans en 2010.
Si le concert a bien débuté avec un Not Dead remarquable, il n’a pas véritablement décollé avant la toute fin, et ce malgré l’affluence importante. Il y avait en effet de quoi être déçu du rendu sonore général. Non des instruments et voix pris séparément, ni même de leur capacité à suivre la partition à la lettre, mais surtout de la coexistence non optimale de leurs sons, qui ne se respectaient pas les uns les autres. Le nouveau batteur était bien en feu toute la soirée. Mais la batterie, bien présente également sur la version studio, masquait pendant le concert les beautés harmoniques des guitares, des claviers et surtout des voix. Notamment sur Switzerland ou Mallory’s Height par exemple. Nous n’aurions pas été contre quelques décibels en plus si cela avait permis de mettre plus en valeurs l’aspect mélodique des morceaux, primordial sur l’album, et qui en faisait tout leur charme. Autant se casser plus les oreilles avec du beau son !
Un jeu de lumière et visuel objectivement beau et fascinant n’a pas suffi, ce mardi, à montrer Girls In Hawaii sous le jour d’un vrai groupe de live. L’usage d’un micro type mégaphone à la Gorillaz, parcimonieux sur l’album, semblait cette fois-ci superflu, et surtout pas franchement convaincant. Mais peut-être aurions-nous pu nous douter que les morceaux d’Everest ne se prêtaient pas très bien à l’exercice. Car avec un équilibre parfait entre percussions, instruments rythmiques, solos et harmonies vocales tel qu’il s’entend sur l’album studio, il devenait indispensable que les balances soient parfaitement réalisées en live pour chacun des morceaux de cet album. Et s’il y a bien une chose de sûre, c’est que celles-ci n’étaient pas optimales cette fois-ci …
Cela ne retire rien à la qualité intrinsèque exceptionnelle de l’album Everest, dont nous vous proposons de partager avec vous un nouvel extrait – Head On – où vous pourrez admirer cet équilibre des instruments qui nous l’avait fait tant aimer dès la première écoute il y a quelques mois, équilibre que nous nous attendions – sans le savoir consciemment – à retrouver en concert.
[youtube=https://www.youtube.com/watch?v=tuqxxiqbT1I]
—
Cette inadéquation entre version studio et version live, surtout lorsqu’elle n’est compensée par aucune improvisation ou énergie débordante que l’on attendait avec espoir que Girls In Hawaii nous communique, pose la question plus globale des concerts de ces styles de musique indépendants, où chaque instrument a sa place, son rôle (fond sonore, solo, rythmique, harmonies). La batterie et les basses tendent à souvent les masquer en concert, ce qui nuit définitivement à la qualité des prestations.
C’est définitif : les balances des différents instruments et micros doivent être l’objectif majeur de ces groupes expérimentés, lorsqu’ils sont en tournée, afin que le son qui jaillisse perfore les oreilles des spectateurs en leur procurant un sentiment intense de plaisir, de partage et d’oubli …