Après ces trois journées du MaMA Festival 2016 à déambuler entre Blanche et Pigalle, munis de l’app du festival, voici nos retours et impressions.
Tout d’abord, il convient de féliciter l’organisation ainsi que la sublime proposition artistique du MaMA Festival. Quel plaisir de voir de si belles salles (La Cigale, La Boule Noire, Le Divan du Monde, Le Bus Palladium, Les Trois Baudets entre autres) investies par des artistes si différents et riches. Tout un quartier en effervescence pour ces trois jours ! Un Pigalle en enceinte de la musique, où le folk répond à l’électro, entre chants de la Cigale et braiments des Trois Baudets, entre sex shops et kebabs nocturnes…
Jour 1 (celui qu’on ret… Chut)
The Slow Show au Divan du Monde
La salle est bondée pour le passage de The Slow Show, ces Britanniques inspirés par The National (jusque dans le nom du groupe). Après leur passage au Studio Flagrant cette année, nous avions à coeur d’entendre les natifs de Manchester en live. Et c’est dans l’ambiance tamisée et chaleureuse du Divan du Monde que nous avons eu cette chance. La voix grave du chanteur (un « crooner des ténèbres » selon JD Beauvallet des Inrocks) semble apaiser la foule extatique. Le charisme sombre et folk de The Slow Show nous séduit définitivement. Et ce bien que nous ayons malheureusement manqué le début du concert.
I Am Stramgram au Petit Moulin
Au Petit Moulin, nous nous retrouvons (trop ?) serrés. Il fait très chaud, mais ceci n’est pas suffisant à nous dissuader d’assister jusqu’au bout à la prestation du petit prodige I Am Stramgram (le nom laissant déjà présager tout un tas de bonnes choses).
L’univers du vainqueur du prix Ricard S.A. Live Music 2016 est à la fois déjanté et enfantin, féérique et puissant. À en juger par le tricératops en plastique qui trône sur un tom, le T-Rex de Toy Story debout sur la grosse caisse de la batterie et le masque de dinosaure que porte le batteur, le groupe semble étonnamment attiré par les dinosaures et autres géants reptiles du passé.
La voix est impeccable jusque dans les envolées lyriques du chanteur et I Am Stramgram dégage véritablement quelque chose de puissant et d’énergique. Dans ce cadre intimiste, la communication de ces émotions n’en est que plus rapide. Bref, nous sommes conquis à la vitesse de la fibre optique.
Le style est très varié. De la ballade folk aérienne aux explosions rock violentes, I Am Stramgram partage avec nous son univers composé de rêves, d’émotions et de fantasmes. Le peu de musiciens est comblé par l’utilisation de plusieurs pédales loop conférant au groupe à la fois force et profondeur. Les voix se superposent pour nous submerger davantage…
PAUW au Centre FGO Barbara
Pauwlopopo.
Dans une salle perdue dans les profondeurs de Barbès, nous constatons que le public du MaMA Festival a vraisemblablement été dissuadé par la situation géographique du Centre FGO Barbara, seule salle à l’écart des autres. C’est donc au sein d’un public clairsemé que PAUW décide de nous transporter dans un univers psychédélique vintage. Une voix à la Kevin Parker de Tame Impala se détache, agrémentée de hard rock puissant et explosif, de transes prog et même de sons électroniques japonisant nous rappelant les jeux-vidéos des Nineties (coucou le parallèle flagrant entre PAUW et Pokémon).
La musique est planante. Le groupe agit sur nous tel un psychotrope tout droit venu… des Pays Bas (étonnant, n’est-ce pas ?). Ce qui nous marque le plus dans chez PAUW, c’est assurément le charisme dégagé par les différents musiciens. Un style affirmé et atemporel, des cheveux longs, un T-shirt Bowie en nylon, des cheveux longs lissés, une chemise à jabot et un samouraï du clavier… Nous sommes pour la 3e fois de la soirée sous le charme. Ces jeunes Hollandais disposent d’une assurance digne des grandes figures rock du XXe siècle. Nous pardonnons donc sans difficulté le mauvais français du chanteur qui ne cesse de répéter « Paris j’adore toi ».
Nous reprocherons néanmoins à PAUW de nous avoir rappelés nos atroces cours de flûte à bec du collège avec le morceau Shambhala :
Jour 2, savoureux
Pour cette 2ème journée du MaMA festival, c’est avec une grande déception que nous ratons Fyfe (programmé trop tôt), surement l’un des artistes de la prog’ qui nous enthousiasmait. À écouter et réécouter néanmoins. Mais nous sommes vite réconfortés grâce aux prestations de Birdy Nam Nam et Chocolate Genius Inc.
Birdy Nam Nam renverse la Cigale …
Le groupe Birdy Nam Nam composé de Lil’ Mike, Crazy B et Dj Need nous a livré un concert en toute puissance pour nous présenter leur nouvel album DANCE OR DIE.
Le groupe aime jouer d’une traite, les beats se répondant, au sein d’une mixture associant beaucoup de basse à des rythmes qui tabassent. On s’y plaît. On bouge la tête, pensant qu’à chaque mouvement, qu’à chaque intention, le plafond de la Cigale peut s’effondrer. Peut être un léger manque de mélodie à nos yeux mais la rythmique et la frénésie du groupe compensent largement. Par ailleurs, on y croise Kyan Khojandi. Enfin, on pense. Ou alors un sosie très convaincant.
Bref, Birdy Nam Nam, c’était bien.
… Et Chocolate Genius Inc. amadoue les Trois Baudets
À la sortie de la Cigale, c’est en quête de douceur que nous sommes partis en direction des Trois Baudets pour y voir Chocolate Genius Inc., coup de cœur Studio Flagrant (session à venir). Nous sommes entrés par l’étage juste derrière la table de mixage, le visage éclairé par l’écran avec une vue plongeante sur la scène en contrebas, dans une ambiance intimiste.
Piano-voix et interprétation personnelle et touchante, Chocolate Genius Inc. nous emporte avec son blues-soul sensible. Il est ensuite rejoint par l’un des membres de François Atlas and The Mountains à la batterie, ainsi que des réverbérations de guitares. On se croit un instant dans un bar-concert des années 50 à la Nouvelle Orléans. Un concert chaleureux et apaisant qui ponctue cette deuxième journée du festival !
Jour 3, on en reste coi
Pour cette troisième journée du MaMA Festival, nous avons choisi délibérément de voguer de salles en salles, autant à la découverte de nouveautés que d’ambiances variées.
Samba de la Muerte au Divan du Monde, un groupe prometteur
Nous sommes tout d’abord partis à la découverte de Samba de la Muerte, un groupe qui nous a été conseillé avec force et enthousiasme.
Nous avons été globalement séduits par la spontanéité du groupe et ses compositions superbes. Au départ un peu déçus et/ou sceptiques, on regrettait un effet too much, trop de gesticulations, de cris, ou de dissonances déplacées. Au fur et à mesure du concert, le groupe est parvenu à simplifier son registre, livrant une interprétation plus brute et directe.
Certaines compos plus rocks en ressortent très convaincantes et le final aux influences électro / afrobeat est superbe. Comme quoi, se fier uniquement aux premières minutes d’un concert est souvent trompeur… Nous sommes repartis finalement très content d’avoir découvert un super groupe et quelques unes de leurs superbes compos. Mention spéciale aux pieds nus du leader/chanteur de Samba de la Muerte, Adrien Leprêtre, qui gagne à jouer avec spontanéité et simplicité. Le musicien, pas ses pieds.
Talisco au Backstage By The Mill, un groupe qu’on adore dans des conditions sonores épouvantables
Nous sommes arrivés au milieu du concert de Talisco, un groupe que nous aimons sincèrement et l’une des têtes d’affiche de cette édition du MaMA Festival.
Quelle déception de subir alors des conditions sonores exécrables ! Le groupe aurait gagné à jouer dans une autre salle, mieux sonorisée. La voix ressort mal malgré les qualités de son interprète et la balance des instruments est complètement ratée.
Nous avons donc choisi de rester sur notre première/véritable impression du groupe, à savoir de supers interprètes et des compositions géniales. Mais nous sommes indubitablement repartis de ce concert avec un goût amer quant à la qualité d’écoute offerte par la salle. Seule et unique fois que nous aurons ressenti cela durant le festival…
Denis The Night & The Panic Party, un concert rafraichissant au Bus Palladium
Le trio au nom super vintage Denis The Night & The Panic Party composé d’une guitariste/chanteuse, d’un bassiste et d’un guitariste nous a offerts un concert très frais dans la salle un peu désertée – il faut le dire – du Bus Palladium. L’aspect secret et garage du set offre un goût plaisant à la prestation du groupe, qui sait fournir un mélange intéressant d’énergie brute (batterie assourdissante) et de mélodies originales (voix). Mention spéciale au bassiste, parce qu’il était bon.
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On terminera la soirée en se noyant autour d’une énième bière chez Moune devant la techno des Cosmic Boys. Puis ensuite au Carmen avec Allo Floride et leur talentueux protégé Crayon. Notre dernier compagnon de soirée sera un gin au poivre de Jamaïque, amer mais savoureux.
De quoi achever en beauté un MaMA Festival haletant et très réussi, somme toute une superbe initiative pour la musique comme pour la vie parisienne. Merci et bravo !