Notice préliminaire
Chère Lectrice, Cher Lecteur,
Avant toute chose, Indélébile et Dandy Flagrant tiennent à s’excuser pour le retard pris dans la publication du report du concert de Radical Face. Du temps fut nécessaire pour se remettre de cette épopée féérique et onirique vécue au Café de la Danse, loin de tout. Du temps fut nécessaire pour raconter convenablement ce concert hors du temps.
Merci de votre compréhension.
Indéflagramment,
Dandy & Bile
Back to live
C’est donc au Café de la Danse, lieu aussi insolite et génial qu’intimiste malgré sa situation, au cœur des bars de Bastille, que nos deux Indéflagrateurs se sont retrouvés. Le hall-bar d’entrée permet de s’approvisionner en rafraichissements avant d’entrer dans la salle, aux allures de vieil atelier retapé, et de s’installer calmement dans les gradins (des places assises, youhou).
La scène est parsemée d’instruments, d’accessoires absurdes (tente, arbres de déco…) et de guirlandes lumineuses. Le tout donne une belle impression de bordel organisé.
Ne vous fiez pas au calme apparent de ce groupe tout droit venu de Jacksonville (FL), malgré la fatigue liée au jetlag et à l’enchaînement de deux concerts dans la même journée (ce qui était semble-t-il une première pour eux), les lurons de Radical Face nous donnent l’impression d’une bande de potes qui s’éclatent en faisant ce qu’ils aiment : de la ((très) bonne) musique.
Little Books – Folie, Originalité, Simplicité
La première partie, Little Books, est un duo enfantin, léger et déjanté composé du batteur de Radical Face (lutin, grimaçant à la gestuelle absurde et maladroite jouant aussi bien de la guitare que de l’harmonica) et d’une de leur choriste (dont les talents de dissociation sont aussi impressionnants que sa flûte traversière, oui monsieur !).
Rien n’est sérieux, l’ensemble est génialement déstructuré à l’image des instruments disposés sur scène (la batterie est par exemple éclatée entre les deux musiciens qui se partagent le floor tom), les morceaux sont entrecoupés de remarques, facéties et autres réflexions sur l’importance du sommeil (« you should definitely sleep »). Leur étonnante sincérité ne peut que nous ravir, et c’est avec une joie singulière que nous nous laissons aller à la complicité qu’ils instaurent dès leur entrée sur scène. Nous vous invitons chaleureusement à regarder leurs certaines de leurs performances sur Youtube (Bridges, Empire, Failed Sun…)
Cette première partie se finit dans l’excitation au point que le guitariste en casse une corde (ce qui est problématique, la guitare étant celle du guitariste de Radical Face).
Radical Face – Folk, Bonne Ambiance, Confessions
Le temps d’un changement de corde et Radical Face investit la scène du Café de la Danse.
Les six compères (le chanteur guitariste, le violoncelliste, le bassiste, le batteur et le claviériste guitariste) ne font que confirmer l’ambiance « bande de potes » de la soirée en nous donnant un aperçu de ce à quoi aurait pu ressembler notre post-adolescence outre-Atlantique. Ils se chambrent, le claviériste agace les autres en signalant (d’une touche) à tout le monde lorsqu’il est prêt, le violoncelliste exprimant son mécontentement du bout de son archet, pendant que le batteur vit ses transes au fond de la scène. Au milieu de tout cela, le chanteur s’impose par son calme et sa sérénité, tel un père qui trône parmi ses enfants.
Cette fine équipe laisse Dandy sans voix.
Ben Cooper, chanteur, fondateur et cœur du groupe, possède une voix étrangement douce et légère qui tranche avec son physique d’ourson (ce dernier justifie son choix de jouer et chanter assis par le suivi d’un régime strict visant à lui faire prendre du poids, ce qui fonctionne, selon lui, très bien !). Il est l’auteur des textes du groupe floridien, entre mélancolie et optimisme, s’inspirant de sa vie, de ses proches, ses sentiments, ses démons. Il n’hésite pas à en parler, et à se confier, sa musique est cathartique et c’est en cela qu’elle est pleine d’émotion. Ce dernier est bien entouré, cette bande de musiciens polyvalents semble pleinement vivre le concert.
Dandy a pu apprécier la variété des morceaux, de la noirceur de Black Eyes à l’entrain de We’re On Our Way (morceau totalement folklo-country aux airs de musique cajun sur lequel le public est invité à taper des mains) en passant par la candeur enfantine de Mute ou de Cellar Door. Indélébile s’est lui laissé aller sur Welcome Home, le morceau phare du groupe (merci Nikon), et n’a pas hésité à chanter à gorge déployée (les yeux fermés).
Le concert s’achève avec un deuxième rappel des plus absurdes. Ben Cooper nous annonce qu’il va jouer une chanson qu’il joue depuis des années maintenant, sa chanson préférée et que celle-ci est tirée de Robin des Bois (le dessin-animé Disney). Dans le bordel le plus absolu (chacun a pris l’instrument d’un autre, certains se sont couchés sur scène, quelqu’un s’est caché sous la tente décorative…), le chanteur, imperturbable, entonne Oo De Lally pendant que ses compères semblent jouer à 1, 2, 3 Soleils entre la scène et les gradins.
Ben Cooper a changé le Café de la Danse en cabane où il nous raconte des histoires. Il nous fait voyager, nous l’écoutons de loin… Ce genre de concert nous fait l’effet d’un bain d’ondes positives. On en sort ressourcés et souriants, bien que le temps qui nous attende dehors soit aussi gris que froid…
Notre note (Dandy Flagrant et Indélébile) :
Radical Face : iii ½
Un joli capharnaüm empli de variations belles et sincères
Le baromètre de notation Indeflagration évolue de i (piètre performance) à iiii (totalement inoubliable)