À peine remis d’une sieste trop longue et pas assez reposante, nous arrivons au Fort de Saint-Père pour vivre ce troisième et dernier jour de la trentième édition du festival de la Route du Rock. Nous nous disons que c’est long trois jours car nous sommes un brin moins enthousiastes devant l’affiche de la soirée.
L’annulation malheureuse de King Gizzard & The Lizard Wizard pèse clairement sur le fort, et nous sommes inquiets : pas extrêmement fans de Fat White Family, le seul nom qu’Indéflation a à la bouche est celui de PVA, sur scène à minuit… Autrement dit, dans une éternité.
Arriverons-nous à passer la journée? Le troisième jour possédait-il son lot de surprises? Le stand de galettes saucisses est-il encore debout? Indéflation verra-t-il les PVA? Serait-ce le jour de trop ? La réponse en cliquant sur ce lien.
Big Joanie, Vanishing Twin, Wu-Lu : La soirée risque d’être longue…
Nous n’avons assisté que partiellement et de loin au concert de Big Joanie, groupe punk et féministe composé de trois londoniennes. Big Joanie semble offrir une belle énergie et parvenir à électriser un petit nombre de fans déjà conquis. Ce trio aurait pu être une belle découverte pour nous mais que nous remettons à une prochaine fois.
Nous nous dirigeons ensuite vers la scène du Fort pour retrouver Vanishing Twin. Ce groupe londonien (pour être original) se produit devant une foule éparse et moins nombreuse que les deux jours précédents et nous propose un show étrange que nous ne parvenons ni à comprendre ni à apprécier. L’atmosphère psychédélique et planante confirme les inquiétudes de Dandy Flagrant concernant le jour de trop. Nous ne sommes probablement pas assez intelligents pour comprendre cette musique, ce grand chapeau à rayures, ces masques roses, notre présence ici…
Nous enchaînons, alors plein d’espoir, avec le concert de Wu-Lu dont nous ne retiendrons que le scotch maintenant la sangle de la guitare de Miles Romans-Hopcraft (aka Wu-Lu) et la corde manquante du bassiste. Le cerveau est une machine merveilleuse. Fatigués, déçus, lassés, démunis, nous nous replions vers notre endroit préféré du festival : le food truck vendant des galettes-saucisses.
Beak> : Le coup de cœur du jour 3 et la belle surprise du festival
Il nous faut attendre 21 heures pour que la soirée commence réellement, avec l’arrivée sur la scène du Fort du groupe anglais Beak> composé notamment de Geoff Barrow, membre fondateur de Portishead. Dès le début, le rock essentiellement instrumental de Beak> nous frappe par sa musicalité et son intensité notamment sur des morceaux comme Allé Sauvage ou Wulfstan. Derrière leur apparence de groupe de papas geeks (t-shirt star-wars, basseur assis, tête ensanglantée en plastique empalée sur le charleston…) les trois Anglais parviennent à nous sortir de notre torpeur et nous transmettent une énergie folle par leur musique.
Les instruments se superposent pour occuper tout l’espace et nous envelopper sur des titres comme Blagdon Lake. Nous avons envie de bouger sur les lignes de basse endiablées de Billy Fuller, le synthé bruyant et rétro de Will Young et la batterie répétitive de Geoff Barrow. Parfois le rythme s’accélère et nous sommes transportés dans une ambiance de jeux vidéo old school, parfois il ralentit et l’atmosphère devient lourde, sombre et inquiétante. Bien que rare, le chant plaintif et inquiétant du batteur nous rappelle des groupes comme Eels et TR/ST.
Indéflation et Dandy Flagrant sont surpris et conquis par ce groupe qu’ils n’attendaient pas. Beak>, sa précision musicale et sa puissance sonore nous remontent le moral. Non, cette journée n’est pas gâchée par l’absence de King Gizzard and the Lizard Wizard ! Merci à Beak>!
Ditz is our break
Une dernière galette saucisse, mais vraiment pour la route. Dandy Flagrant s’essaye à sa variation avec ketchup. Sacrilège breton ? “Ça glisse mieux”, nous dit-il dans l’oreille. Tant mieux pour lui.
Ty Segall – Point Basse 3
Indéflation – Oh, le bassiste a encore la basse de Scott Pilgrim !
Dandy Flagrant – Oui, c’est vrai qu’elle est stylée cette basse.
Les années passent mais certaines choses ne changent pas… (lien vers la chronique jour 3 de 2017)
PVA – Quand l’électro vient au secours de la Route du Rock
Notre point basse préféré de la Route du Rock passé, il est temps de s’atteler à quelque chose de plus sérieux, qu’Indéflation attendait depuis son arrivée au fort : la pop techno des Anglais de PVA, trio venu ici pour faire autre chose que coller des post-its.
Stratégiquement placés entre deux groupes très punk, PVA prend le contre-pied total et n’a de rock que son batteur, Louis Satchell, déchaîné et impeccable, valant à lui seul mille boîtes à rythme. À ses côtés se trouvent Josh Baxter, maître des synthétiseurs lançant ses arpèges avec une présence olympienne, ainsi qu’Ella Harris, chanteuse tout aussi impliquée, dont la voix posée donne une dimension beaucoup plus profonde aux chansons proposées.
La tonalité très électro s’éloigne légèrement de la version studio, pour le plus grand plaisir des festivaliers : le set se veut plus sec, plus énergique, et l’occupation scénique du groupe colle tout à fait à cette nouvelle formule.
Les balances sont le plus gros bémol de ce show, sur les trois premiers morceaux la batterie couvre beaucoup trop le chant, laissant Ella Harris tenter tant bien que mal de poser sa voix – après de partielles améliorations, les balances laissent la chance au public de vivre le set probablement le plus électro du festival.
À la longue ce set semble un peu répétitif et manque parfois un peu d’intensité. La fin arrive néanmoins avant que nous ne nous soyons lassés.
L’absence remarquée du single Divine Intervention nous met la puce à l’oreille : les PVA viennent effectivement d’annoncer un premier album, ainsi qu’une tournée qui passera au Badaboum le 10 novembre.
Fat White Family
Remplaçant les regrettés Australiens de King Gizzard and the Lizard Wizard, Fat White Family semblait arriver en terrain conquis au Fort de Saint-Père. Dès le premier morceau, The Drones (dont nous vous laissons apprécier le clip), le chanteur du groupe, Lias Saoudi, s’est jeté dans le public pour prendre un bain de foule et s’adonner au crowd surfing démarrant ainsi un concert punk et chaotique. Les fans du groupe ont l’air ravis. Lias Saoudi porte une sorte de collant-legging couleur chair et des bretelles (qu’il perd rapidement). Nous sommes circonspects. Fat White Family fait partie de ces groupes que certains adorent et d’autres détestent. Nous ne sommes pas plus séduits par ce show déjanté que nous l’étions par celui de Moonlandingz il y a cinq ans. Tous les goûts sont dans la nature et c’est heureux.
Nous terminons donc cette trentième édition de la Route du Rock sur un sentiment mitigé. Nous avons beaucoup moins apprécié cette dernière soirée malgré la belle surprise musicale de Beak> et le bon moment électro avec PVA. S’il fallait choisir une journée, nous ne choisirions définitivement pas la troisième, jour de trop; mais nous ne pouvons cela dit pas manquer de saluer cette programmation de la Route du Rock qui se sera illustrée en France par un désir de mélanger têtes d’affiches et nouveaux arrivants de la scène britannique, pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
Et la suite de La Route du Rock ?
Pour voir les live reports des 2 autres du Festival La Route du Rock Été 2022, c’est par ici :