CONCERT – Paris | Le 3 avril dernier, 5 indéflagrateurs (record d’affluence) étaient présents au concert des légendaires Sting et Paul Simon au Zénith de Paris. Dandy Flagrant, Ingéflagrant, Indésilver, Flagrant Délice et moi-même vous promettons donc leur review de concert la plus complète ever. En bonus, des sons live dantesques.
« On sort de ce concert heureux » par Ingeflagrant
Quand on voit l’affiche « Paul Simon & Sting », on est en droit de se demander ce qui a un jour rapproché ces deux artistes. L’un, tout droit sorti des USA, est plutôt folk alors que l’autre, chanteur et bassiste roulant à gauche, aime le rock teinté de reggae. Et la différence ne s’arrête pas là, elle est même de taille en les voyant côte à côte sur scène. Littéralement : Sting surplombe son copain, le petit Polo, de 22 cm (oui, j’ai cherché, et j’étais d’ailleurs assez impressionné de voir que Google référence les tailles des célébrités).
Pourtant, on est loin de regretter cette collaboration sur scène où ces deux dinosaures de l’histoire du rock nous ont offert trois heures de set en alternant entre Walking On The Moon (écouter ci-dessous), Mrs. Robinson et autres duos étonnants d’efficacité. Chacun semble être venu avec ses propres musiciens, comptant ainsi une bonne quinzaine de personnes sur scène avec jusqu’à trois batteurs, deux bassistes et quatre guitaristes en même temps. Rien que ça (une pensée émue pour les ingés son chargés de sonoriser tout ça).
Des instruments connus, d’autres moins, et on est finalement vachement contents d’avoir entendu du shred au violon, un putain de solo tuba ou encore un percussionniste sous LSD utilisant un instrument bizarre dans lequel on met la main dedans et ça fait le son d’une goutte d’eau (à peu près).
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Mais rendons à César ce qui est à Sting et à Paul Simon, ces bons vieux rockeurs. Parce qu’on se le dise : on peut arriver sur la scène du Zénith avec un petit t-shirt noir et avoir quand même la classe ultime tout le long du concert. Paul Simon, en chanteur de folk aguerri, s’était muni de son chapeau folk (style Alpine Hat) tandis que Sting avait opté pour la barbe de huit mois pour accompagner sa Fender. Et rien qu’avec ça, les deux ont plutôt pas mal de style en chantant leurs hits.
Finalement, on ressort du concert heureux, encore sous le choc de l’arrivée de Message in a Bottle, en se remémorant les trips caribéens de Paul Simon, mais surtout en se posant une question : pourquoi est-il écrit sur Wikipédia que Sting a 63 ans ?
Chronique Mode par Dandy Flagrant
- Sting : la classe du British barbu
« Il est si sexy, mais quel âge a-t-il donc ? », se demandaient-elles toutes avec émoi à l’issue du concert. Sting se démarque nettement de son camarade de The Police, Stewart Copeland, qui bien qu’étant plus jeune, semble avoir bien accepté sa condition de grand-père-batteur, et prouve aux sexagénaires pessimistes que style et exercice sont des remparts contre l’impitoyable fuite du temps.
S’il porte avec virilité une (épaisse) barbe teinte et des cheveux plaqués à l’arrière (teints !?) façon vieux loup de mer, l’auteur-interprète de Shape of My Heart sait surtout rester sobre pour être classe : t-shirt uni et jean coupe droite, voilà l’équation parfaite lorsqu’on est resté aussi athlétique qu’à ses 20 ans. Sting ne manque pour autant pas d’originalité. Il s’est en effet permis une folie pour le rappel, en débarquant avec un « gilet-châle » noir lui donnant des airs de preux chevalier. L’important c’est d’être mesuré !
NB : cette version de Sting a bien plus de sex-appeal que la version hair-free du début de la tournée avec Paul Simon.
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- Paul Simon : the Dwarf Hatter
Borsalino ou Stetson, difficile de savoir quand on regarde le chapeau Paul Simon depuis les gradins. Tout de noir vêtu, il porte un chapeau que seuls les chanteurs de country et de folk, les mafieux italiens et les joueurs d’accordéon peuvent se permettre de porter. Paul Simon a toujours été un grand amateur de couvre-chefs (casquette, sombrero et chapeaux en tous genres), les personnes de sa stature pourront user de cet accessoire pour gagner quelques centimètres.
- Le rock, un art de vivre et de se vêtir…
Enfilez un jean slim sombre pour allonger votre silhouette filiforme et adoptez le cheveu fou, vous voilà paré des attributs essentiels du guitariste de hard-rock, Dominic Miller (guitariste de Sting) semble l’avoir bien compris…
Qui suis-je ? J’ai les cheveux gras, mi longs, une raie (approximativement) centrée, ma garde robe va du gris au noir en passant par l’anthracite, je porte des avant-bras noirs… Le métalleux bien évidemment ! Mais cette fois-ci je ne joue pas sur la BC rich que je consacre à la gloire de Belzébuth mais sur un magnifique et (on ne peut plus) classique violon. C’est donc sous ces traits mystérieux et ténébreux que le violoniste Peter Tickell accompagnait, avec rage méphistophélique, le divin Sting.
Attention, si même GQ fait l’éloge du pyjama porté au grand jour pour le printemps 2015 ceci ne concerne certainement pas l’étrange combinaison rouge portée par le multi-instrumentiste et multiséculaire Mark Stewartqui accompagne Paul Simon. Ce dernier est remarquable de par la véritable chimère capillaire qui le coiffe. Cette toison d’argent lui confère à la fois l’aspect léonin du hard-rocker, la bonhommie du musicien country et la sagesse du philosophe, et couplée à de magnifiques rouflaquettes, rappelle aussi les premières heures du rock’n’roll. Lelook de ce musicien hors pair était, est et restera une énigme pour nous tous.
- Jazzmen et autres Afro-caribéens, casual but fresh
Qui pensait qu’une casquette (type baseball) rouge (rappelant étrangement celle des employés de Five Guys), vissée sur la tête, associée à une chemise à carreaux marron était une faute de goût ? Ces accessoires feront de vous un parfait jazzman d’influences caribéennes (à tenter de préférence si vous ressemblez à Morgan Freeman). Il en va de même pour la casquette plate (noire, grise ou marron) que vous associerez avec une veste en cuir et quelques pas de danse. Si vous préférez les chemises de couleur vive, n’oubliez pas non plus d’orner vos doigts d’énormes bagues (plus ça brille, mieux c’est !). Si vous avez le sens du rythme et de l’improvisation, qui sait, vous parviendrez peut-être à atteindre le niveau de style des trois Afro-Américains qui accompagnent Simon et dont lelook devrait être un modèle pour tous les hipsters modernes qui ont d’ailleurs perdu de vue l’essence hipster des années 1940.
- Être stylé, ce n’est pas donné à tout le monde
C’est aux percussionnistes qu’est attribué le prix « nerdy », il doit être impossible de cumuler une sensibilité esthétique et un don pour la dissociation et la coordination gestuelle. La choriste ainsi que les autres instrumentistes qui ne sont pas cités ici n’ont pas su se mettre en valeur par leur style et ont ainsi disparu derrière leur talent.
David contre Goliath : un vainqueur ? par Socrate Flagrant
Le colosse Sting contre le petit et fluet Paul Simon. Le légionnaire post-punk reggae contre le papa de la pop américaine. Le match avait en tout cas de quoi intéresser les amateurs ! Déjà que la différence de hauteur était marquée avec Art Garfunkel, son partenaire des années 60, voilà qu’il a fallu que Simon se mette en position de faiblesse également au niveau de l’âge et de la largeur d’épaules !
Dès le début du concert, le duel tourne à l’avantage du “jeune” géant de Newcastle. Comme un revers de l’Histoire, Goliath surplombe David (ces dieux du rock s’attaquent très clairement à l’Ancien Testament, les gars). Sting fait péter ses tubes en solo (Englishman in New York, Shape Of My Heart, Fields of Gold) et avec Police (Walking on the Moon, Message In A Bottle) tandis que Paul Simon, à la voix clairement atteinte par les années, tente de se défendre avec Mrs Robinson, la B.O. du film Le Lauréat qui a fait connaître Dustin Hoffman.
Au fil du concert, le fossé s’est creusé de plus en plus, non pas au niveau de la qualité des prestations mais du style de musique. Sting interprétait avec brio ses plus grands tubes, leur apportant souvent des touches nouvelles (comme pour ce medley Roxane-Ain’t No Sunshine surprenant – voir ci-dessous), tandis que Paul Simon dérivait de plus en plus vers des rythmiques et sonorités afro-caribéennes, soutenu par des musiciens extrêmement talentueux et pour le moins originaux (voir la chronique mode ci-dessus).
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Nous n’avons absolument pas assisté à un match officiel, mais bel et bien une rencontre amicale, sans enjeu, avec la flamboyance d’un jubilé. Jusqu’à l’apothéose finale en deux temps, deux duos : Every Breath You Take, anti-chanson d’amour mythique à laquelle Paul Simon son style country-folk-caribéen indéfinissable …
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… Et Bridge Over Troubled Water, ballade pop mythique à laquelle Sting a apporté tout son swag et sa puissance vocale.
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En résumé, notre note pour ce concert :
Paul Simon & Sting : iiii
3 heures GÉNIALES. Le zénith [de Paris] atteint.
Le baromètre de notation Indeflagration évolue de i (déconseillé) à iiii (indispensable)
Pour (re)vivre le concert parisien exceptionnel de ces deux géants comme si vous y étiez, tous les morceaux capturés en live sont ci-dessous
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Le coin Tweet
@IndeFlagration Mais pas de quoi, c’est toujours un plaisir de lire de chouettes chroniques 🙂
— ZenithParis (@Zenith_Paris) 13 Avril 2015