Jeudi 10 août à 3h40 – Le réveil sonne après une longue nuit de 2h20. Pétris de fatigue mais motivés jusqu’à la moelle, nous – Flagrant Délice et Socrate Flagrant – sommes prêts à rejoindre le pays du Magyar à pointes pour le festoche le plus dingue d’Europe. Quoi, vous ne savez pas de quel festival nous parlons ? Mais du Sziget Festival 2017 pardi !
7 jours de musique, chill, amour et boisson sur une île ensoleillée au beau milieu de Budapest. Après que 2 autres truculents chroniqueurs s’y soient rendus l’été dernier (voir le live report & photos du Sziget Festival 2016), nous récupérons ce lourd fardeau et nous ruons vers Obudai-Sziget.
13h – Constat : il fait chaud. Très chaud. Très très chaud. Et il fait beau. Très beau. Très très beau. Et les gens sont à fond. Très à fond. Vraiment complètement à fond.
16h – Pour inaugurer notre Sziget Festival en beauté, nous nous rendons sur la Main Stage pour le concert du jazzman anglais Jamie Cullum. Flagrant Délice en crash barrière, Socrate Flagrant l’oreille alerte, nous sommes idéalement placés pour vous faire vivre le concert.
Jamie Cullum, pas fou-fou
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Jamie Cullum se kiffe au moins autant que ses mélodies sont plates. Si peu enthousiasmantes que les 3 moments forts de son set seront les 3 reprises qu’il interprètera avec une certaine originalité : Shape of You d’Ed Sheeran, High and Dry de Radiohead en clôture et un Don’t Stop The Music de Rihanna totalement interminable. Mais même ces reprises se noieront dans la continuité sans nuances du style de l’artiste britannique.
Il nous convient de noter cependant le jeu de piano de grande qualité de Jamie Cullum, associé à des musiciens jazz également très propres. Justement, sans doute trop propres. Le jazz, c’est par essence la folie musicale, les improvisations “sales”. Jamie Cullum fait plutôt gendre idéal, clean cut, avec sa petite mèche et sa voix bien maîtrisée mais trop contrôlée, et trop dans l’air du temps. Pour sa défense, on dira qu’il vaut sans doute un peu plus que Michael Bublé. [En lisant ces mots, Flagrant Délice désapprouve et se lance dans une version approximative de Haven’t Met You Yet].
Gros point positif cependant : nous apprécions d’ores-et-déjà le son sur la Main Stage, d’une qualité absolument exceptionnelle pour un festival de cette ampleur.
17h45 – Nous attendons beaucoup plus du successeur de Jamie Cullum sur la Main Stage, le dandy Tom Odell.
Superstar, Tom Odell met la barre très haut pour ce Sziget Festival 2017
Après avoir vu Tom Odell sortir une performance 5* au festival Lollapalooza Paris il y a quelques semaines, nous n’en attendions pas moins, mais peut-être pas plus pour son set au Sziget Festival. Et nous avions tort.
Sublimé par des balances sonores encore une fois dantesques et une voix au sommet de sa forme, Tom Odell lance véritablement le festival sur la voix de la mythologie. Le jeune Britannique virevolte, enchaînant des morceaux tous aussi cools les uns que les autres. Suivant le tempo fantastique de Andy Burrows, ex-batteur de Razorlight et auteur d’un 1er album solo immanquable, les 2 premiers opus de Tom Odell se mêlent à la perfection. De Long Way Down (2013), on notera le dynamique I Know, le sublime Can’t Pretend, inoubliable d’intensité, Grow Old With Me et enfin l’énergique et rock Hold Me qui déchaîne la foule.
De Wrong Crowd (2016), on retiendra le doux Entertainment et surtout le tube en puissance Magnetised, qui n’a rien à envier aux belles heures de Coldplay. On se souviendra longtemps de la partition et du solo d’Andy Burrows à la batterie, qui ajoutent un aspect brut et acoustique au morceau en live.
Tom Odell a mis la barre haute avec une performance complètement folle, devant un public bien plus enthousiaste qu’au Lollapalooza Paris.
| Voir aussi : l’atmosphère unique du Sziget Festival 2017 en images
Kensington et transe néerlandaise
20h45 – Après avoir assisté à une bataille de ballons complètement barrée pendant le coucher du soleil sur la Main Stage, nous arrivons au beau milieu du set de Kensington sous la chapiteau de l’OTP Bank Stage.
Étant données les mélodies plutôt classiques et surtout répétitives du groupe de rock néerlandais, nous n’aurions jamais imaginé ce qui se déroulait sous nos yeux. Un public totalement en transe.
Répondant aux injonctions du leader de Kensington que nous ne comprenons pas – nous saurons pourquoi plus tard -, des jeunes gens déchaînés, filles comme mecs, retirent leurs hauts et les font tournoyer en hurlant les paroles. Au point que nous nous sentons honteux de ne pas reconnaître un seul morceau… Avons-nous manqué l’émergence d’un groupe légendaire ? D’un coup, tout le monde s’assoit à même le sol, avant de se relever en jetant leurs verres et autres déchets de consistances diverses. L’ambiance est complètement folle, compensant le relatif manque d’émotion que nous inspirent les chansons. Le doux Sorry sort cependant du lot.
Frappée d’un éclair de génie, Flagrant Délice souffle à l’oreille de Socrate Flagrant : “ils doivent être tous Néerlandais”. Cela expliquerait à la fois leur entrain à même de réveiller la Belle aux bois dormants et pourquoi nous ne comprenions rien aux mots du leader de Kensington entre les morceaux. Pas étonnant également qu’il y ait autant de Néerlandais lorsqu’on sait que le Sziget Festival 2017 réunit presque 500.000 personnes venant de 102 pays à chaque édition. Mystère résolu. Élémentaire mon cher Watson.
SöNDöRGö redonnent vie à la musique balkanique
Nous laissons les Néerlandais kiffer leur concert tranquille et partons à la recherche de la World Music Stage pour changer d’atmosphère. Le moins qu’on puisse dire c’est que cette scène est un trésor caché. Même trop caché, et c’est bien dommage.
En pleine action, le groupe hongrois SöNDöRGö enthousiasme déjà son public – malheureusement clairsemé – à base de clarinette, saxophone, trompette, accordéon, tambourin et tambura, sorte de mandoline des Balkans. Ce groupe formé de quatre frères et un “meilleur ami” nous a proposé une musique traditionnelle d’Europe de l’Est, aux intonations parfois arabisantes et en tout cas très dansante. Nous étions même déçus de ne pas avoir de rappel !
The Vaccines à l’énergie débordante
En Hongrie, nul besoin de piqûre préventive. Notre dose hebdomadaire de vaccins nous attend à 22h sur l’OTP Bank Stage. Boudant Wiz Khalifa en scène au même moment, nous ne regrettons pas une seconde de lui avoir fait faux bond lorsque The Vaccines entrent en scène sur le générique de Game of Thrones, que plusieurs milliers d’Européens se mettent alors à entonner de manière plus pathétique et spectaculaire les uns que les autres.
Le leader Justin Young est revêtu d’un sublime jogging Adidas que ne renierait pas feu Fidel Castro. Le bassiste Árni Hjörvar est un mélange étrange entre un viking et Julien Doré, dont la chemise hawaïenne nous fait penser aux pubs Deezer à l’entrée des métros parisiens. “Vamos à la playlist”. Satanés slogans à 2 balles.
Nous divaguons. The Vaccines se lancent dans un set extrêmement énergique et lourd, à l’image du morceau Dream Lover que nous découvrons pour l’occasion. La distorsion rappelle Walk Like A Giant ou encore Hey Hey My My (Into the Black) de Neil Young & Crazy Horse.
Flagrant Délice demande même à Socrate Flagrant si c’est “punk”. Celui-ci ne sait encore que lui répondre. Nous sommes totalement emportés par l’énergie folle du groupe et la gestuelle particulière et diablement sincère du leader. Justin Young évolue avec sa guitare comme s’il s’agissait d’une mitraillette et ne semble rien retenir.
Plusieurs nouveaux morceaux du groupe font tout à fait leur effet, comme My Favourite Band et Rolling Stones. Un climax du set est atteint lorsque The Vaccines se lancent dans une version mémorable de Post Break-Up Sex, sans doute le plus gros succès issu de leur premier opus What Did You Expect from The Vaccines? (2011).
Après un court passage légèrement moins enthousiasmant, lors duquel l’ambiance retombe quelque peu, The Vaccines relancent la machine avec Minimal Affection et son riff excellent à la The Strokes ou encore Melody Calling et I Always Knew.
23h – Nous nous échappons après un If You Wanna bien “punk” comme il faut. Direction notre lit. Pas faute d’avoir essayé de tenir plus longtemps, mais cette première journée passée au Sziget Festival 2017 avait vraiment commencé très tôt…