Dimanche 13 août – Jour 5 du Sziget Festival 2017 – Nous commençons la journée en visitant le chateau de Budapest. Notre lecture approximative des panneaux d’information ne nous permet pas de connaître l’identité exacte de son constructeur. Mais on apprend néanmoins que la ville aurait connu ses premières fortifications suite aux invasions mongoles menées par Gengis Khan. On se fait la réflexion qu’un groupe qui s’appellerait Gengis Khan aurait quand même beaucoup de style.
On préfère cependant venir défendre l’Europe sur l’Europe Stage, où un groupe belge que l’on attendait avec impatience débute son set en avance.
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Puggy ont enflammé l’Europe Stage
Mais d’où un nom de groupe pareil peut-il venir ? Un rapport avec un petit carlin (“pug” en Anglais) ? Ou un lien avec Ziggy, le surnom du batteur suédois du groupe belge ? Nous apprendrons l’explication en interviewant le groupe un peu plus tard. C’est catchy, c’est fun, il n’y a pas de “The” devant. Et ça représente parfaitement la musique du groupe !
Les Belges sont venus en nombre devant l’Europe Stage. Il faut dire que Puggy sont de vraies stars au plat pays. Matthew l’Anglais (chant/guitare), Romain le Français (basse) et Ziggy le Suédois (batterie/claviers) se sont rencontrés à Bruxelles en 2005, mais c’est en 2011 que Puggy perce réellement avec l’album Something You Might Like et des morceaux dingues comme How I Needed You et When You Know.
Avec leurs folies chacune différente, ils parviennent à créer une alchimie dingue sur scène. Matthew, c’est le déchaînement du frontman. Ziggy, la classe du batteur qui, tantôt s’assit, tantôt se lève, et balaye ses cheveux en rythme. Romain, le swag du bassiste qui, tout en gardant un visage impassible, peut véritablement faire n’importe quoi. Nous sommes captivés par le set de bout en bout : Soul, Last Day On Earth, le plus récent Lonely Town, Goddess Gladys, She Kicks Ass, Teaser… Que des morceaux aux paroles qui font sourire – ‘She’s A Teaser‘, ‘She Kicks Ass‘ – et qui entrent dans des crescendos délirants.
Comme lorsque Matthew rejoint Ziggy à la batterie et que Romain se met aussi aux percus pour 2 minutes déchaînées. Et lorsque le When You Know final est prolongé de plusieurs minutes, le rythme s’adoucissant puis s’énervant et ralentissant encore.
L’univers excessivement intense de Jagwar Ma
Ce bob. Et ce pull 100 fois trop large. Côté style, Jagwar Ma n’a pas l’égal de The Strypes passés sur la même scène quelques jours plus tôt. L’énergie, commune aux deux groupes, s’exprime également de manière totalement différente. Lors du set de Jagwar Ma, une tension forte plane alors que se déroulent des supers parties au synthé avec des basses qui retournent les tripes. On se met inconsciemment à danser avec le reste du public, qui ferme les yeux pour se laisser envahir par les mélodies et breaks extrêmement réussis du groupe australien.
On croît entendre le début de Heroin du Velvet Underground, et c’est une atmosphère toute similaire qui est véhiculée. Le public danse sans clameurs, et sans s’arrêter, au son de Say What You Feel ou encore Come Save Me.
Jagwar Ma ont en commun avec leurs compatriotes Tame Impala cette même recherche de sons psychés et vaporeux. Mais avec un aspect dark et un degré d’intensité en plus qui nous séduit complètement.
Un tour chez Two Door Cinema Club
Après avoir interviewé Puggy en backstage (à venir !), on passe voir Two Door Cinema Club sur la Main Stage, un groupe que l’on connaît depuis que plusieurs de leurs morceaux ont percé lors de la Coupe du monde de football 2010. Entendre What You Know nous plonge dans un passé pas si lointain mais qui nous rend déjà nostalgiques, et quelques riffs éclatants et énergiques nous marquent particulièrement.
Les nouveaux morceaux ne semblent pas générer cependant la même ferveur, mais on se promet d’y jeter une oreille plus attentive.
Un Mac Demarco complètement frappé, aux riffs à tomber
Aucune surprise si l’on vous dit que Mac DeMarco est complètement frappé. Pas étonnant donc que les gars qui l’accompagnent le soient tout autant. Comme ce batteur qui, à chaque fois que le héros du soir lui tend le micro, hurle d’une voix de métalleux aguerri :
“You rock Hungary !”
En chaussettes sur scène, la clope au bec entre chaque morceau, la gardant même parfois en bouche en chantant, Mac DeMarco semble n’avoir aucune limite. Alors que le fond de la scène diffuse une partie de Ness sans interruption, le Canadien pousse la nonchalance à son paroxysme positif. La performance est de l’ordre de l’exceptionnel et du délire absolu. Mac DeMarco pète son pied de micro alors que, juste devant nous, une marionnette de Guignol évolue dans la foule avec persévérance. On croit halluciner.
Le Guignol sur scène déroule quant à lui des mélodies planantes et des riffs à tomber par terre, avec cette distorsion et ce son à la gratte qui lui sont propres. De manière surprenante, la voix de Mac DeMarco, qui n’est pas forcément son point fort bien qu’elle ait une couleur au charme tout à fait particulier, est plus qu’au niveau.
De la setlist, on retiendra en particulier les récents This Old Dog et One More Love Song, ainsi que le psychédélique Ode to Viceroy.
Avion à 6 heures du matin oblige, nous squeezons le DJ set de Flume à regret. Non sans manger une dernière fois un wrap de nationalité inconnue, et enchaîner quelques cocktails pour la route. Il nous fallait bien noyer dans l’alcool notre tristesse de quitter le Sziget Festival 2017. Mais on ravale nos larmes en se promettant de revenir en 2018. Pinky promise.