Malgré un début de festival difficile, entre la boue, l’attente à l’entrée et l’annulation du concert de l’Impératrice, le festival ouvre enfin ses portes. Alors que les parisiens se divisent entre le Weather et We Love Green, qui accueillait cette année un line-up encore plus électro que l’année précédente, nous avons jeté notre dévolu sur ce dernier, choisissant LCD plutôt que RPR Soundsystem. Et dans l’ambiance pesante d’un ciel bas et lourd, la programmation a réussi à nous redonner le sourire à quelques reprises.
Jour 1
FKJ, un live subtil et maîtrisé
FKJ arrive toujours à repartir de la base de ses morceaux phares (Instant Need, Lying Together etc.) pour improviser durant ses concerts. Multi-instrumentiste (piano, guitare, basse, saxo), le petit prodige du très bon label Roche Musique nous a livré une belle prestation, groovy et dansante, sincère et bien sentie, parfaite en ce début de festival.
Floating Points, un concert transportant et fort – la (re)découverte de la journée
Ayant déjà beaucoup apprécié le 7 titres Elaenia et notamment le superbe Silhouettes (I, II & III) (mettre le lien), nous n’avons pas été déçus par le Live du groupe qui nous a replongé dans son univers électro-jazz riche, entre puissance et sensibilité.
LCD Soundsytem, la master class – le coup de cœur de la journée
C’est incontestablement le concert le plus transcendant de la journée – et de tout le festival We Love Green. Le groupe mené par James Murphy, plus classe que jamais, et bercé par les sons du synthé de Nancy Whang, témoigne d’une maîtrise incontestable et électrise la Prairie. L’enchaînement dès le début du concert de Daft Punk Is Playing at My House et de I Can Change donne le ton. LCD Soundsystem arrive à merveille à alterner entre des moments très instrumentaux – avec une session rythmique superbe – et des passages plus rock, davantage portés par la voix de James Murphy.
Après le très bon Someone Great, James Murphy annonce « we’ve got 5 five more songs to play guys ». On compte sur nos doigts le nombre de morceaux de LCD qu’on aimerait entendre, espérant à tout prix qu’ils feront partis de ces 5 derniers. S’enchaînent alors un déferlement de morceaux géniaux : un Losing My Edge tonitruant, une réinterprétation sensible du célèbre New York I Love You But You’re Bringin Me Down portée par des variations de voix d’un James Murphy visiblement inspiré et un All My Friends parfait pour clôturer ce très bon concert. Le groupe aura visiblement réussi son pari, après l’annonce de sa séparation en 2011, de revenir, dans la maîtrise comme dans l’émotion.
La setlist complète :
- Us vs Them
- Daft Punk Is Playing at My House
- I Can Change
- Get Innocuous !
- You Wanted a Hit
- Tribulations
- Movement
- Yeah
- Someone Great
- Losing My Edge
- Home
- New York I Love You But You Bringin Me Down
- Dance Yrself Clean
- All My Friends
Le concert qui a duré 2h, soit 30 minutes de plus que prévu, se conclue de façon grandiose, ce qui nous a fait oublier les problèmes d’organisation et l’annulation du concert de l’Impératrice.
Jour 2
Fatima Yamaha, le retour du soleil
On assiste à un très bon set de Fatima Yamaha, qui danse avec son public, pour célébrer le retour d’un soleil trop rare pendant le festival. De belles variations autour du thème de What’s A Girl To Do suffisent à notre bonheur.
James Blake, un concert décevant que l’on aurait aimé plus intimiste
C’est en fans inconditionnels de James Blake que nous nous dirigeons vers la Prairie, espérant être autant séduits et transportés qu’à la première écoute d’Overgrown, dont l’enchaînement Retrograde, DLM, Digital Lion, reste une boucle répétitive et inlassable dans nos esprits. Néanmoins, nous avons été quelque peu déçus par la performance de James Blake, dont les interprétations n’offrent que peu de variations et de recul par rapport aux versions albums. L’artiste a été trop respectueux de ses propres codes, qui façonnent la version album de ses titres, et, à notre grand regret, il n’a pas su donner à son live l’unicité que l’on en attendait. Nous aurions préféré une ambiance plus intimiste, sûrement plus appropriée pour la musique de l’artiste, introspective et planante.
AIR, trois instants musicaux : Alpha Beta Gaga, Playground Love et Sexy Boy
Le concert de AIR ressort dans nos souvenirs à travers trois instants musicaux qui nous font traverser les âges, et à la manière d’Arnaud Depleschin invoque « Trois souvenirs de ma jeunesse » :
- La tendre enfance et les sifflements répétitifs d’Alpha Beta Gaga
- La douce et mélancolique adolescence du lancinant Playground Love (morceau phare du film Virgin Suicides de Sofia Coppola) et sa version acoustique
- Le jeune âge avec le puissant Sexy Boy et ses « idoles mal rasées »
Jacques, la puissance et le talent – le coup de cœur de la journée
Sous ses airs de savant fou et après une balance de 25 minutes, Jacques se lance enfin dans son set … Et ça valait le coup d’attendre ! Une véritable richesse et un foisonnement d’instruments et de bruits, dans un rythme entraînant. Tout y était magnifique.
Le mot de la fin
Ainsi, de tous ces groupes en trois lettres (FKJ, PNL, AIR, LCD) et de tous les autres, c’est LCD nous a le plus séduit du festival, oscillant en permanence entre maîtrise et émotion. On a également été conquis par Jacques, le deuxième soir au Think Tank, toujours ingénieux, toujours magnifique. On a également beaucoup aimé FKJ, Floating Points, Fatima Yamaha et Air. On part cependant un peu déçu, car les attentes étaient immenses, d’un James Blake moins convaincant ou du set de Metronomy (James Mount), tant la déperdition est grande entre le live et le DJ set.
Mais qu’est-ce qu’un bon festival sans ses petites phrases entendues à la volée, entre deux concerts, entre deux morceaux ? Petit florilège des punchlines les plus énormes entendues ce week-end. Si vous vous reconnaissez comme l’auteur, sachez qu’on vous aime.
Florilège des meilleures punchlines entendues à We Love Green
- Le mec raisonnable : « [En parlant d’un agent de sécurité] Il a un tatouage de scorpion dans le cou, il faut pas le faire chier je pense. »
Oui, clairement.
- La meuf lucide : « [En parlant de PNL] les paroles sont assez violentes finalement. »
Pourtant rien de plus sobre que le délicat « J’laisse pas une pièce pour tes fesses / Tu veux d’la punch, suce ma bite »
- La mec perché : « Fatima Yamaha tu le mets pas à 17h30. Ca tabasse trop pour être le matin »
Décalage spatio-temporel sûrement dû à un samedi soir rallongé par du LSD après LCD. On apprécie.
- La meuf pragmatique : « Non mais attends Jacques, il se rase le crâne régulièrement c’est sûr, c’est pas possible, il est pas chauve au milieu comme ça naturellement pendant des mois ».
On vient peut-être de découvrir une anomalie capillaire intéressante.