C’est sous un ciel grisâtre que Dandy Flagrant et moi-même étions destinés à nous retrouver ce dimanche au Parc de Bagatelle à Paris pour le deuxième jour du festival écolo We Love Green.
Voici un petit tour d’horizon de notre journée en trois concerts, trois impressions très différentes, trois notes très appropriées et beaucoup plus que trois photos (album sur la page Facebook de Indeflagration).
José Gonzalez, la classe tranquille
Rien n’a commencé comme prévu. Dandy a fait dodo un peu plus tard qu’il ne le souhaitait. Me voilà donc arrivant seul sur les lieux à 18h07.
18h10 – La voix envoûtante de José Gonzalez retentit déjà depuis la scène indie. Le leader de Junip, dont le troisième album solo Vestiges & Claws est sorti cette année, enchaîne des morceaux calmes qui ont un peu de mal à embarquer le public dans son univers musical indie-folk. Il faut dire que les personnes présentes ont l’air sérieusement amochées. Elles semblent profiter de ce concert sous forme de ballade pour reprendre des forces, comme peuvent en témoigner leurs airs assez niais et attentifs.
Cependant, José Gonzalez ne semblait pas avoir l’intention d’en rester là. Après avoir interprété avec brio Leaf Off / The Cave, le premier morceau de Vestiges & Claws révélé en janvier dernier (voir l’enregistrement live ci-dessus), le folk-man suédois poursuit crescendo avec des morceaux plus “péchus” avant d’achever son concert sur une reprise de Teardrop de Massive Attack (voir enregistrement live ci-dessous).
Somme toute, j’ai passé un moment très agréable balancé aux gré de la voix unique et – il faut le noter – parfaitement maîtrisée en live par le statique José Gonzalez. J’aurais aimé qu’il nous transporte un peu plus, ne serait-ce que par des jeux de lumière ou de mise en scène. En même temps, il faut reconnaître qu’il aurait été assez gênant de le voir gesticuler dans tous les sens sur de la folk…
Ma note : iii
Un moment très agréable, mais qui manquait d’énergie pour rester inoubliable
Pour rappel les notes de concerts s’échelonnent de i (décevant) à iiii (immanquable)
19h-21h – intermède nourricier : errants de stands de salades au quinoa en stand d’autres inventions de salades végétariennes, Dandy Flagrant et moi-même sommes en quête d’un burger très saignant.
Après avoir entendu Paul Watson (Sea Shepherd, le pirate des mers) insulter les 3/4 de l’assistance de ne même pas essayer de tenir un régime végétarien 3 jours sur 7, nous finissons par trouver le stand de nos rêves, faire la queue une heure, manger avec gloutonnerie. Tout cela aura juste pris le temps que le concert un peu bruyant et pas très attrayant de Joey Badass se termine.
Nous nous asseyons devant la scène indie, attendant le prochain concert dans lequel nous nourrissons de grandes espérances.
Julian Casablancas + The Voidz : surprenant et (très très) mouillé
21h – Le leader des Strokes n’a pas perdu sa voix. Avec The Voidz que nous connaissions encore mal, force est de constater dès les premières notes que Julian Casablancas s’est lancé dans une expérience plus brutale, plus hard, et ce n’est pas forcément pour nous déplaire.
Malgré un engagement scénique intermittent de la part de Casablancas et des balances qui laissent à désirer au niveau de la voix, le moment le plus épique du festival aura lieu pendant leur set. Sous une pluie torrentielle dont le débit ne cesse de s’accélérer, ils interprètent sans interruption leur morceau sans doute le plus fascinant, Human Sadness : 8 minutes en différents mouvements presque psychédéliques et en tout cas complètement expérimentaux (extrait ci-dessous)
Pour le groupe comme pour le public, cet instant interminable est totalement épique. “I guess this is something I’ll never forget in my entire life” réagit Julian Casablancas à la fin du morceau, enchaînant pour cause de problèmes de branchements sur des paroles improvisées (“I don’t know what to sing, I don’t know what comes next, but I keep on singing…“)
Un gros bordel. Un bordel intéressant. Mais un bon gros bordel.
Notre note : ii ½ (pour la pluie)
21h45 – 22h30 – Intermède inqualifiable en quelques mots :
- cohue-bohue à l’aller
- Nicolas Jaar (en tout cas son mix, difficile de voir la scène électro)
- sardines
- cohue-bohue au retour
- extrait :
Bref, il est l’heure. Pas question de rater Ratatat.
Ratatat : musique + mise en scène = extase
22h30-23h30 – Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on ne s’attendait pas à ça. Mais à ça quoi ?
- À une mise en scène époustouflante et complètement barrée à base de gifs cacatoès, bébés à 8 bras, poules et gros délires psychédéliques
- À deux vrais musiciens sur scène, ayant la présence scénique de 4, alternant entre percussions et solos de guitare héroïques
- À un set électro-rock presque ininterrompu, totalement instrumental, totalement vibrant, captivant, purement génial (extraits ci-dessous). Le public danse d’un même mouvement. Toute la population de We Love Green a fini par rester et ne compte pas du tout repartir. Les vigiles devaient se sentir bien seuls aux sorties.
Le mythique Loud Pipes par RATATAT
WildCat par RATATAT
Notre note : iiii