Du 22 au 24 mai, Indélébile et Indésilver étaient en patrouille pour Indeflagration, accrédités média (première fois de la jeune histoire de notre site !), au Festival Papillons de Nuit dans la Manche.
Bilan : un festival riche en émotions, découvertes (et confirmations !) musicales durant lequel nos deux aventuriers chroniqueurs ont assisté à pas moins de 12 concerts sous un soleil de plomb (leur classement au bas de l’article). Parmi eux : Saint Motel, Christine and The Queens, Shake Shake Go, Placebo, Ibeye, Electro Deluxe et bien d’autres !
Voici leur journal de bord et leurs notes, au jour le jour, heure par heure. Leurs photos aux effets légèrement psychédéliques valent le détour (au bas de l’article)
À venir dans la foulée : des interviews exclusives de Arthur H et Electro Deluxe !
Le système de notation des concerts s’échelonne de i (décevant) à iiii (fabuleux)
JOURNAL DE BORD
par Indésilver et Indélébile
VENDREDI 22 MAI
Indesilver : Il est 22h40, tout le monde est déjà bien amoché autour de nous et nous nous laissons dire qu’un petit demi ne nous ferait pas de mal à nous aussi.
Pour ça nous devons accomplir la première mission de la soirée : trouver le stand où nous pourrons charger notre carte de paiement.
En effet, une des grandes nouveautés de cette année est la mise en place de cartes de paiements dématérialisées. Le Festival Papillons de Nuit – P2N pour les intimes – est le premier festival de France à franchir le pas.
Le temps court et le concert de IAM va commencer d’une minute à l’autre, une seule solution s’impose à nous : se séparer. Indélébile se rendra à ce premier concert, et moi, seul et abandonné, irai trouver ce stand.
Indélébile : le groupe de Rap, vieux de 25 ans a déjà commencé son show lorsque j’arrive face à la scène : Thécia.
Son flow, premier du nom en France, n’a pas changé. La foule les acclame, et force est de constater que ce monument du rap français le mérite !
On les croyait perdus dans le passé mais il n’en est rien, et j’ai le plaisir d’écouter l’un des rares groupes de hip hop français, perdu dans cette foule impressionnante.
Celle ci se répartit en quelques catégories, classées selon leur état : D’une part il y a la grande majorité, abreuvée par des litres de Stella Artois , de Leffe ou d’autres substances dont nous tairons le nom.
De l’autre il y a les conducteurs, qui ne dorment pas au camping, ceux qui travaillent et quelques volontaires perdus dans la foule qui sautent au rythme du flow de IAM. »
Indésilver : Il est 23h50, Indélébile et moi-même nous dirigeons vers la scène Vulcain où se prépare le concert d’une des plus grandes révélations musicales de l’année 2014 : Christine and the Queens.
Après un détour par le stand de boissons, nous tentons de nous frayer un chemin parmi la foule en tachant de tacher le moins d’individu possible. Pour cela nous avons recours à la technique ancestrale du levé de gobelet haut dans le ciel pour que les autres voient bien que nos mains sont pleines, et qu’il ne serait, par conséquent, pas très malin de nous bousculer.
La princesse est sur la scène, et ses vaillants chevaliers sont à ses pieds et n’attendent qu’une chose, qu’elle fasse chavirer leurs cœurs et leurs oreilles. Le show est lancé, un de ses premiers titres sera son célèbre Christine. Aucun dépaysement pour l’instant. La voix est fidèle à celle des enregistrements que nous entendons en boucle depuis presque 1 an maintenant.
Le spectacle est autant visuel que auditif. Les jeux de lumières, apportant un côté psyché au concert, et les danses complètement décalées des artistes, confortent l’idée selon laquelle ce groupe descend tout droit d’une autre planète. Quand Christine attaque son tube Saint-Claude, la foule devient instantanément hystérique et les ailes des petits papillons se mettent alors à battre de plus en plus vite. Les corps se bousculent, les voix s’élèvent, et en l’espace de quelques secondes, ce n’est plus une artiste mais un public tout entier qui se retrouve habité par l(es) esprit(s) de Christine and the Queens.
Nous sommes littéralement propulsés hors du temps. C’est à la fin de cette heure de folie psychédélique que nous réalisons que Christine and The Queens, il faut définitivement la voir pour approuver.
Notre note : iii
SAMEDI 23 MAI
Indésilver : Il est 16h40, retour au Festival Papillons de Nuit. Nous nous apprêtons à découvrir un artiste peu connu au bataillon, le jeune caennais MALO’, de son vrai nom Malory Pablo Legardinier.
Beaucoup de musicalité dans la voix et notamment dans les aiguës qui rentrent presque dans l’ordre du lyrique sur certains morceaux. Si l’on ferme les yeux on croirait entendre Matthew Bellamy, le leader de Muse.
Malo’ nous offre, pour les 5 dernières minutes de spectacle, une reprise du superbe tube : Big Jet Plane de Angus et Julia Stone. Cette reprise n’aura cependant rien d’exceptionnel, elle restera un peu trop classique à notre gout.
Indélébile : La qualité du son est excellente tout le long du concert, ce qui rend d’autant plus appréciable le rendu final. Le jeune chanteur a beaucoup de classe et a beaucoup de courage de jouer en costume-cravate sous ce soleil de plomb, et face à un public tantôt en débardeur, tantôt complètement torse nu.
Je trouve personnellement le rendu de Malo meilleur en live qu’en studio. Les paroles ne sont peut-être pas toujours très claires, ce qui rend l’analyse du texte plutôt compliqué.
Sa voix se rapproche beaucoup de celle de Miles Kane. L’ensemble manque globalement de dynamisme, et le style se veut un peu répétitif à la longue. On peut apprécier particulièrement les moments où sa voix part littéralement en live. Il faudrait le voir se lâcher comme ça plus souvent.
Côté public, les gens sont sobres, pour l’instant, ce qui crée une atmosphère beaucoup plus posée et calme que celle de la veille au soir
Notre note : ii
Il est 17h20, le concert de Saint Motel a déjà commencé. Le public est déchaîné et semble super en phase avec les artistes.On relève l’apparition occasionnelle d’un saxo de temps à autre. Très british dans son style, le chanteur pourrait être assimilé au personage de Karl dans le film The Boat That Rocked/Good Morning England.
Le groupe semble avoir une experience de la scène certaine et c’est sur l’une de leur dernière chanson du spectacle, connue sous le nom de My Type que l’on réalisera l’impact de leur travail sur leurs fans. Nous sommes séduits par ce que nous propose ce groupe et quittons les lieux avec la ferme intention d’écouter, une fois le festival terminé, les différents morceaux de la troupe, existants à ce jour.
Notre note : iii
Indésilver : Il est 18h00 et c’est au tour d’Izia de faire ses preuves devant le public du festival des P2N, ce soir. La jeune rockeuse arrive très à l’heure et ne perd pas une minute pour enflammer la scène. On est d’emblée bluffé par sa présence et surtout par l’énergie absolument surhumaine qu’elle dégage, d’abord de part sa puissance vocale absolument hallucinante, et ensuite par un jeu de scène digne d’une grande comédienne.
On assiste littéralement à un show : de l’eau est propulsée sur la chanteuse et sur son public, puis c’est l’heure de sauter puis de courir puis de crier… Bref, quand la pile électrique est activée, plus rien ne peut l’arrêter et tant mieux, car nous adorons ça !
La showgirl semble véritablement heureuse d’être là et pour preuve voici quelques unes des répliques auxquelles nous avons eu le droit.
Izia aime son public : « Que vous êtes beaux sous la lumière du soleil »
Izia aime les animaux : « Faites ressortir le reptile qui est en vous ! »
Izia aime la scène : « Vous n’imaginez même pas à quel point je suis heureuse d’être là ! »
Izia aime vraiment beaucoup les animaux … : « Je veux que tu prennes ton reptilien préféré par la main »
Bref, sur scène, Izia est littéralement habitée ; habitée par les esprits du rock, de la scène et de l’amour !
“Merci d’avoir été aussi papillonnesques et reptiliens, je vous aime très fort, du fond du cœur” dit-elle à son public avant de jeter son micro à terre et de disparaître dans la brume épaisse qui recouvre la scène.
Indélébile : Izia est un déluge musical avec une voix cassée et puissante à en réveiller les morts.
Le temps aurait du être exécrable ce samedi. Que nenni, la Chamane Izia avait les esprits de son côté et c’est sous un soleil presque estival que la reine de la soirée aura assuré ses presque 1 heure 30 de show.
Notre note maximale : iiii
Il est 19h15, c’est l’heure de manger. Ce sera un Burger maison avec des frites pour Indesilver et un kebab pour Indélébile.
On s’empresse vite de s’installer à table, le show des sœurs Ibeye va commencer d’une minute à l’autre.
Indélébile : « Après une Izia hyper-active, dur d’apprécier le changement de ton avec les deux jumelles franco-cubaines Ibeye.
Sans doute sont-ce ces changements brutaux de tempo et de dynamique qui étouffent la performance de ce duo charmant.
Celles ci parlent régulièrement de leur culture et de l’importance de leurs racines. Elles tentent, à travers leurs morceaux, de nous transmettre justement cette double culture dont elles sont si fières. »
Indésilver : « Ibeye c’est un groupe de deux jeunes filles avec pour seuls instruments : 3 tambours, 2 synthés et deux voix, très différentes, mais toutes deux très maîtrisées, aussi bien dans la justesse que dans le souffle ou dans les harmonies. Ces harmonies apportent d’ailleurs une atmosphère mystifiée à l’ensemble du spectacle.
Les variations de style, au niveau de leurs propositions musicales, se veulent cependant assez rares dans l’ensemble. On a l’impression d’avoir vite fait le tour de ce qu’elles peuvent nous proposer.
Elles restent néanmoins très jeunes et présentent un sens du rythme et de la musique incontestable.
Nous espérons donc que le temps nous fera changer d’avis…
Notre note : ii
Nous profitons d’avoir 1 heure de libre pour visiter le village le plus proche.
Nous nous arrêtons dans le premier bar ouvert des environs où nous sommes reçus très chaleureusement par la patronne du bistro.
Nous découvrons alors l’une des spécialités normandes : le café normand, mélange de café et de calva normand. Tout simplement.
Après s’être requinqués un petit coup, nous reprenons la route du Festival Papillons de Nuit. Le groupe Faada Freddy nous attend !
Indésilver : Il est 22h10, le groupe a tout juste commencé son show.
C’est un coup de cœur immédiat.
Nous sommes fascinés par l’osmose intrinsèque qui règne au sein de ce groupe, mais également par celle entre les artistes et leur public, qui ne cessera de grandir au fil des chansons.
Ils respirent la musique, ils transpirent la musique, ils incarnent la Musique.
Ces 5 prodiges de la musique gospel nous donnent une pêche d’enfer et nous font nous souvenir pourquoi l’Art sera toujours la plus belle arme contre la haine.
Aux cris presque orgasmiques que procurent les petits papillons, le chanteur leur répond que, chez eux, on appelle ça : la kiffologie active.
Vaillants défenseurs de la paix et de l’égalité des genres sur notre petite planète, ils interpréteront un bel hommage à ces enfants du monde, qui n’ont pas choisi de devenir des soldats, qui doivent se battre nuit et jour, sous le signe de la peur et de la terreur, dans le seul but de servir de vieux fantasmes de pouvoir et de domination portés par notre espèce.
Ce quintet au cœur d’or dégage, sur scène, un optimisme qui soignerait toutes les blessures du monde.
Ici, dans le public, tout le monde danse, tout le monde est heureux.
Ces gars là vous réconcilient avec la vie, tout simplement.
Indélébile : Je n’avais encore jamais eu l’occasion de voir quelqu’un faire des basses avec sa cage thoracique.
Notre note : iiii
Indésilver : Nous arrivons, avec quelques minutes de retard, à 23h05, face à la scène Vulcain, pour assister au concert du groupe phare de ce festival P2N 2015 : Placebo.
Je crois que le terme de “foule” serait un euphémisme à lui-même pour qualifier le public présent ce soir. Les musiciens sont tops, la voix de Brian Molko – dont les graves nous font toujours autant vibrer – est restée intacte, notamment sur leur petit bijou Too many friends issu de l’album Loud Like Love paru en 2013. Ce groupe de légende part donc, dès le départ, avec un très bon bagage. Mais voilà, il semblerait que, ce soir, les rockeurs aient décidé de ne pas donner davantage que cela.
Le show demeure, en effet, beaucoup moins chaleureux que le précédent. L’ensemble est trop statique, trop linéaire à mon goût.
On aimerait voir le chanteur crier, sauter, bref foutre le feu à la scène.
On aimerait qu’il nous donne un rôle à jouer dans son spectacle.
Rien de tout ça n’arrivera.
Si l’on enlève le son, il ne nous reste presque plus qu’un cliché d’individus figés sur une scène et c’est bien dommage.
Ce soir, Placebo se sera contenté de porter un nom, et rien d’autre.
C’est à peu près tout ce que nous retiendrons de cette performance de ce soir.
Notre note (faible) : ii
DIMANCHE 24 MAI
Il est environ 15h00 quand nous arrivons sur les lieux du Festival Papillons de Nuit aujourd’hui. Nous prenons 1 heure pour préparer tranquillement notre journée, autour d’un café.
Nous passons ensuite une partie de l’après-midi en conférence de presse.
Nous avons alors le privilège de rencontrer Arthur H, le rêveur solitaire et Electro Deluxe, le groupe électro jazzy incontournable du moment.
Les comptes rendus d’interviews seront publiées très prochainement sur le site. En attendant, place au spectacle !
Indésilver : Nous sommes de retour dans l’arène et il est 17h55 quand nous arrivons face à la scène Vulcain. Le concert de Black M touche à sa fin.
Bien que mes goûts musicaux soient à des années lumières du style incarné par le célèbre rappeur français, il est impossible d’être indifférent au charisme de cette bête de scène. Nous sommes en effet séduit par le flow du chanteur. Il reprendra notamment son tube de l’été 2014 : Sur la route, qui rencontrera un franc succès au sein du public.
Nous nous rendons alors sur la route de la scène Érebia pour assister au concert du groupe Shake Shake Go, un des groupes que nous attendions le plus dans ce festival.
Il est 18h20 et la troupe est déjà sur la scène, prête à démarrer le show.
Elle se compose d’une jeune fille, chanteuse, et de 4 musiciens.
Ils sont jeunes, ils sont beaux et maîtrisent l’espace scénique comme des pros.
Dès les premières minutes, les influences shakiriennes se font immédiatement ressentir, principalement dans le timbre de voix de la jeune chanteuse. Puis dans le style général, c’est Of Monsters and Men que nous retrouvons de temps à autre sur certaines de leurs compositions.
L’ensemble du concert n’est pas d’une originalité sidérante mais on passe un moment agréable tout de même.
Indélébile : Le concert est assez dynamique, les musiciens jouent leurs morceaux en essayant de faire participer au maximum leur public.
Un problème, selon nous, est qu’ils ont peu de compositions en leur possession, et surtout que celles-ci ressemblent beaucoup, dans l’ensemble, à des morceaux entendus et réentendus mainte fois auparavant. Le futur leur apportera, on l’espère, leur marque de fabrique.
Notre note : ii
Indésilver : Il est 18h50, nous nous rapprochons à grand pas de la fin de ce week-end festivalier, fort en musique et en émotions.
Nous manquons, malheureusement, les 15 premières minutes du concert d’Arthur H. À notre arrivée, c’est l’une de ces célèbres chansons : Est-ce que tu aimes qu’il est en train de chanter, initialement interprété avec Mathieu Chedid (dit « M »), dans l’album Adieu tristesse, sorti en 2005 en France. Après un début un peu mou à notre gout, le chanteur fera une montée en puissance remarquable au fil du concert. C’est dans un caddie que Arthur H fera sa réapparition sur scène pour interpréter sa chanson La caissière du super, issu de son dernier album Soleil dedans.
S’ensuivra alors une petite ballade qui porte le nom de Femme qui pleure et qu’il introduit en demandant à son public d’imaginer qu’il fait nuit, que la pénombre nous empêche de nous distinguer les uns des autres et que survole au dessus de nous une lune inspirante et poétique.
Ce gars là est bien complètement perché. Il représente l’anti ‘Monsieur tout le monde’ et on apprécie découvrir les personnalités doubles ou triples du personnage sur la scène. Arthur H c’est la simplicité dans toute sa complexité.
Nous sommes obligés de quitter les lieux 10 minutes avant la fin, plutôt satisfait par le show dans l’ensemble. Cet artiste a du talent, c’est incontestable.
Indélébile : L’univers d’Arthur H se révèle finalement sur scène, étrange, décalé, plein d’humour. Il ressemble à un rêveur qui se déplace, hors du temps, un peu maladroit mais plein d’élégance
Notre note : iii
Il est 21h50 et nous n’attendons qu’une chose, que le groupe de jazz phare de ce festival prenne place et y mette fin dans les meilleures conditions possibles !
Seulement, sur la scène voisine se tient une prolongation interminable du concert de Ms Lauryn Hill, Après 30 minutes de trop passé sur la scène, Electro Deluxe peut enfin prendre le relais.
Indélébile : Arrivée fracassante, folle et pleine d’énergie. Electro Deluxe est sur scène, retardé par le concert précédant.
Impossible de ne pas bouger, de toute façon ils ne nous laissent pas vraiment le choix.
‘Number four !’
Ces deux mots lancent une vague dansante et cette déferlante ne s’arrêtera jamais vraiment. Immense surprise, bouquet final de notre passage festivalier, nous avons tous deux beaucoup aimé ce groupe qui entre dans notre top 3 du festival Papillons de Nuit !
Notre note : iiii
NOTRE CLASSEMENT DES CONCERTS DU FESTIVAL PAPILLONS DE NUIT
Le système de notation des concerts s’échelonne de i (décevant) à iiii (fabuleux)
- Avec une note de iiii : Faada Freddy, les enchanteurs bienveillants.
- Avec une note de iiii : Izia, la rockeuse habitée.
- Avec une note de iiii : Electro Deluxe, les maestro enjazzés
- Avec une note de iii à égalité : Christine and The Queens, la créature onirique et Saint Motel, la classe british incarnée
- Avec une note de iii : Arthur H, le poète hermétique.
- À égalité, avec une note de ii, le groupe rock de légende Placebo, peu convaincant ce soir là, ainsi que Malo’, Ibeye et Shake Shake Go, trois groupes d’artistes prometteurs, mais qui n’ont pas su assez se démarquer des autres, cette fois-ci, selon nous