Vous semblez insister beaucoup dans votre album sur l’expression Young Chasers. Que représente-t-elle pour Circa Waves ? Est-ce que vous sentez quelque part qu’elle vous définit ?
Kieran : Oui sans doute. Elle caractérise cette période de la vie, de 18 à 25 ans, où tu ne sais pas ce que tu veux faire et te demande ce que tu vas bien pouvoir faire. Tu essaies de viser la lune…
Il y a aussi le fait que c’est la chanson qui nous a vraiment lancée, celle qui a été jouée pour la première fois à la radio. Le reste de l’album est venu avec. C’était une sorte de “catalyseur” [catalyst].
Avez-vous un morceau préféré sur l’album ?
Kieran : peut-être T-Shirt Weather. C’est sans doute celle qui a les meilleures paroles et est la plus “catchy”. Elle a beaucoup voyagé à travers le monde.
Quand vous avez commencé à jouer ensemble, est-ce que vous saviez que vous vouliez faire ça de votre vie, jouer de la musique toute votre vie ?
Joe : la façon dont on a débuté est très particulière. Les choses sont arrivées très vite, nous n’avons même pas eu le temps de… nous en rendre compte en réalité. La situation était telle qu’elle était et nous devions travailler avec elle, autour d’elle. Cette grande interrogation n’a même pas eu le temps de nous effleurer l’esprit.
Kieran : oui l’aventure Circa Waves a été tellement vite. C’était une façon très étrange de débuter, de grandir vite à travers cette expérience d’un succès rapide. En quelque sorte nous ne nous sommes jamais connus hors du groupe, et c’est une chose à la fois étrange et unique.
Joe : je pense que nous sommes les seuls à pouvoir comprendre l’étrangeté de la situation. Je connaissais Kieran depuis 5 mois quand nous avons signé un contrat avec un label.
J’attends avec impatience le deuxième album. Ce sera la véritable épreuve de notre groupe encore jeune, malgré le fait que nous avons déjà fait le tour de la planète, l’occasion de montrer que nous sommes forts ensemble.
Travaillez-vous déjà sur ce deuxième album ?
Kieran : oui… J’ai déjà écrit une vingtaine de chansons. J’aimerai en écrire une vingtaine d’autres dans les prochains mois, puis sans doute “trier”. Je pense que c’est la meilleure manière de faire : avoir une bonne base de choses intéressantes, et garder les meilleures, chercher à ce que les gens ne puissent pas s’ennuyer en écoutant notre album.
Kieran, tu écris toutes les chansons ?
Kieran : oui, j’écris seul.
Joe : je pense que cela marche très bien pour nous ainsi.
Kieran : j’ai les accords dans ma tête, si quelqu’un joue différemment je ne saurais plus quoi faire ! [demi-rires]
Vous jouez des instruments classiques de tout groupe de rock. Envie d’ajouter des violons ou trompettes au prochain album ?
Kieran : il n’y a pas de limites (encore) à ce qu’on veut faire. Le premier album, nous voulions vraiment faire un album de rock’n’roll et l’enregistrer de cette façon. Pour le deuxième, je ne sais pas trop pour les trompettes [rires], mais il y aura sans aucun doute des cordes et peut-être des orgues cooles [on a mis un “e” pour marquer le féminin de orgue au pluriel, parce qu’on est de tueurs en orthographe] ou d’autres surprises à venir.
D’où tirez-vous votre inspiration ?
Kieran : nous écoutons un vaste champ de musiques. L’étincelle peut venir d’une photo, ou d’un article. Ou même d’un mot, qui devient phrase, puis chanson.
Des groupes anglais que vous appréciez particulièrement ?
Kieran : j’adore Rumours de Fleetwood Mac, la manière dont chaque morceau est différent. J’aimerais beaucoup m’inspirer de cela pour créer un vrai élan. 13 morceaux qui s’enchaînent tout en étant, chacun, uniques en leur genre.
J’aimerais beaucoup écrire le meilleur album de notre temps [rires]. C’est vrai ! Je suis certain d’échouer, mais j’ai la jeunesse pour y croire et y tendre.
Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à des groupes américains comme The Strokes ou Vampire Weekend en écoutant vos morceaux. Sont-ils des inspirations pour vous, ou est-ce un pur hasard ?
Joe : il y sûr quelque chose autour de cette période de la musique. Ces dernières années, la musique est, quelque part, devenue “inhumaine“. Par là, je veux bien entendu dire que la musique électronique est devenue la norme. Mais quand tu vas voir un concert où 60% des instruments sont joués électroniquement ou par des pistes électroniques, cela fait très soliste. On n’est jamais devenus “amoureux” de groupes de ce type. C’est quelque chose qui nous a drivés au départ. L’envie de revivre ce qu’on avait vécu, grandir en admirant les vrais groupes de live de cette génération, The Strokes, Vampire Weekend. Ces groupes sont très importants pour nous.
Petites scènes ou grands stades ?
Joe : c’est difficile à dire. Je pense que parfois arrive un moment où, devant une foule, on se dit que c’est trop grand. Si l’on doit mettre énormément de moyens scéniques pour garder l’attention du public, c’est sans doute que cela devient “trop” grand. Cela ne nous est pas encore arrivés.
Kieran : je pense qu’il y a un juste milieu parfait, entre 400 et 5000 personnes. Et encore, on peut perdre les personnes du fond quand il y a 5000 personnes !
Un endroit où vous souhaitez jouer désespérément ?
Kieran : les grands festivals américains en extérieur que l’on voit dans les films. Être sur la scène principale…
Vous préférez le studio ou la scène ?
Joe : j’adore être en tournée, c’est ce que je préfère. Mais c’est vrai qu’après avoir été très longtemps absent, je ressens un petit sentiment de manque. Une légère envie de me poser.
Kieran : aujourd’hui, l’industrie de la musique nous impose d’être constamment en tournée, ce qui nous éloigne des studios (18 mois déjà !). Je pense que c’est vraiment dommage, mais c’est la vie. J’adore être en studio, créer, composer… Mais c’est “la nature de la bête” de faire des shows et encore des shows.
Vous avez le temps de visiter les pays que vous visitez ?
Kieran : plus vraiment… Peut-être parce que l’on devient plus professionnels. On se pose juste prendre quelques bières…
Joe : Sauf de temps en temps où l’on sort vraiment s’éclater ! Mais aujourd’hui, c’est vrai que c’est difficile. Même si je reste positif ! C’est un peu le moyen de me faire une première idée, en un flash, des pays que l’on visite. Le moyen de préparer un vrai tour du monde plus tard, sans avoir à jouer et travailler, mais juste profiter de chaque endroit que j’ai aimé et dont je n’ai pas (encore) pu profiter assez.
San Francisco en est un exemple. On a du y passer 15 heures en deux voyages et pourtant j’ai très envie d’y retourner pour m’y poser plus longtemps.
Un meilleur souvenir à partager de la scène ? Un truc un peu fou ?
Joe : on dînait près d’une salle où l’on allait faire un concert. L’un d’entre nous, je crois que c’était Sam (bassiste) a commandé une piña colada. Je me souviens que l’on s’est dits que ce serait fou de s’en faire servir sur scène. Et ma copine s’est arrangée pour qu’on en ait par surprise servies sur scène avant le dernier morceau.
Kieran : je croyais que c’était la mienne.
Joe : elles ont du préparer ça en équipe [rires]. C’était vraiment un bon moment. Elles étaient là pour ce show, exceptionnellement, et elles nous ont fait cette surprise.
Envie de remporter des prix ?
Joe : peut-être juste pour la déco, ou le raconter à mes enfants…
Kieran : et le sentiment d’être reconnus par les autres artistes et professionnels de la musique.
Joe : c’est vrai que j’adorerais que les gens parlent encore de nous dans 20-30 ans. Je n’ai pas envie que l’on soit l’un de ces “flashing bands“.
Vos influences majeures ?
Kieran : Joni Mitchell, les Foo Fighters et Ryan Adams. Pas Bryan Adams [rires]
Joe : les Foo Fighters sont les premiers qui m’ont vraiment influencés. Ensuite je dirais sans doute Bloc Party. On a également joué 1901 de Phoenix sur scène !
Dave Grohl, votre icône ?
Joe : c’est le meilleur.