Live-report – Patrick Watson était au Casino de Paris ce jeudi 26 novembre 2015. Pour nous présenter son dernier opus Love Songs For Robots ? Oui, sans doute.
Mais le Canadien semblait surtout là pour s’amuser, triturer ses morceaux dans tous les sens, jouer avec nos nerfs (un peu ?), et nous montrer comment l’hétérogène, l’inconstant et le déconstruit peuvent être élevés au rang de qualités.
> Voir aussi : la chronique de Love Songs For Robots de Patrick Watson
De l’informe au sublime
Car Patrick Watson a le don de tirer l’essence de ses morceaux en les déformant. À la régularité des versions studio se substitue l’informe poussé au génial : sons déconstruits, batteur désarticulé ou tapant sur une scie en métal, guitare jouée à l’archet…
Les morceaux s’étirent dans une forme de progression mais sans continuité, et sous des états diverses. Comme lorsque les 5 musiciens et Patrick Watson se rassemblent en acoustique autour d’un seul micro, dans une formation réunissant deux voix, deux guitares, des cymbales et un cor.
Tout comme Sufjan Stevens (voir le live-report de son concert au Grand Rex en septembre), tout n’est pas toujours parfait. Rien n’est pur, tout est déformé, et c’est ce qui en fait une prestation qui fascine. A contrario, Patrick Watson semble évoluer dans son élément dans le chaos. Son univers est spécial et unique, il le sait et fait tout pour le rendre attractif en n’en faisant qu’à sa tête. Jamais prise de tête malgré tout, il n’hésite pas à faire des blagues sur scène (on n’a pas tout compris, mais ça avait l’air fun !)
De la surprise à la conquête
La voix de Patrick Watson, capable de passer d’une octave à une autre d’une manière qui marque quiconque à écouter quelques morceaux de Adventures In Your Own Backyard ou Love Songs For Robots, charme de bout en bout. Elle est le liant, le catalyseur de progression qui suffit à maintenir les morceaux dans une harmonie incontestable.
La deuxième partie du concert voit s’enchaîner Adventures in Your Own Backyard et Turn Into the Noise (notre coup de coeur du dernier album) dans un final de près de 8 minutes. Le long rappel que nous ont réservé Patrick Watson et son groupe est initié par le célèbre Lighthouse, qui devient subrepticement une Gnossienne de Erik Satie complètement réinterprétée. Autour d’un piano toujours essentiel, un esprit soul s’empare finalement du groupe sur Know That You Know : une guitare surfin’ vient se présenter et se décomposer devant nous.
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De l’admiration à l’immersion
Aucune version ne ressemblait de bout en bout à la version studio. Après tout, Patrick a raison : pourquoi jouer quelque chose que l’on peut entendre exactement (voire mieux !) sur sa chaîne Hi-Fi (oui, on a encore une chaîne Hi-Fi au Studio Flagrant).
Un seul petit bémol à noter néanmoins : la prestation du canadien prend plus la forme d’un récital intime, pour lequel la position debout ne permet pas de tirer le meilleur parti du concert. Comme lors du concert de Sufjan Stevens, nous aurions sans doute préféré être assis confortablement pour profiter des sons et nous laisser submerger et immerger dans cet univers. Mais cela n’en reste pas moins un détail élémentaire, mon cher Watson.
Notre note sans surprise :
Patrick Watson : iii ½
Un live prodigieux, surprenant et immersif
Le baromètre de notation Indeflagration évolue de i (déconseillé) à iiii (indispensable)