Vendredi 1er juillet
13h38 : Flagrant Délice est en retard. Mais nous partons bientôt, très bientôt de Paris pour le château de Beauregard à Hérouville-Saint-Clair…
1er concert : AA à 16h. Comme un hommage à la perte du AAA du Royaume-Uni.
1er constat : on n’y sera jamais.
13h53 : Nous apprenons que Indélébile sera également en retard. On est rock’n’roll ou pas…
19h30 : Après avoir fait 4 fois le tour de l’agglomération de Caen pour trouver l’entrée du parking du festival, marché et encore marché afin d’entrevoir la tour marquant l’entrée du domaine de Beauregard, été fouillé et trifouillé à l’entrée, nous avons pu assister à la fin du set de Feu! Chatterton. Oui, à cause de ces f*cking parkings, nous avons raté Brian Jonestown Massacre. Nous étions pourtant arrivés à l’heure à destination. Mais c’était sans compter sur les routes barrées et la difficulté surhumaine à trouver le parking presse…
Donc Feu! Chatterton. La plus belle découverte des Primeurs de Massy 2015 pour nous. Nous n’avons pu profiter que des 3 derniers morceaux (La mort dans la pinède, Boeing et La Malinche). Suffisant pour rester convaincus que ce groupe a le potentiel de durer et de devenir d’authentiques bêtes de scène. Ils préparent actuellement le 2e album, espérons que ce soit pour 2017…
20h05 : les “reufs” de Nekfeu étaient bien présents sur scène pour un des groupes les plus animés de ce vendredi soir. Des moshpits aux danses folles, on avait de quoi bouger, danser, crier avec le rappeur français et son crew. Si nous avions le rythm de Rap, le poetry était moins présent. En effet le son micro était trop bas empêchant les nouveaux dans le monde technique et fraternel de Nekfeu de profiter de son superbe flow. On s’est bien défoulés si on faisait omission de ce problème technique, mais cette petite touche noire a pu endommager l’expérience de certains de nos camarades.
21h10 : comme prévu, Beck avait activé le mode rock à Beauregard. Chapeau de cow-boy, veste en cuir, jean noir, boots et ceinture cloutée, accompagné d’un guitariste conformiste, d’un bassiste légèrement groovy et d’un batteur qui a beaucoup trop de toms. Ce natif de LA, de 45 ans est sans doute la plus belle incarnation de la schizophrénie musicale de notre époque. Quand un album branche les guitares électriques et met le feu, le suivant se laisse aller aux arpèges folk, lui valant récompense sur récompense (les Grammy Awards de Morning Phase). En ouvrant avec Devil’s Haircut et Loser, nous étions prévenus. Ce soir, c’était un Beck puissant, bruyant et électrique qui noyait quelques passages trip-hop dans une démonstration rock assez classique. Au programme : un Beck chapeauté, très fidèle à ses albums studios, avec des interprétations rappelant parfois fortement Bowie, un mash-up hommage à Nile Rodgers pour présenter ses musiciens, intégrant justement China Girl de Bowie mais aussi Good Times de Chic, du rock, du rock et du rock.
22h15 : Une chose est certaine, Ghinzu fut une découverte, mais nous ne savons pas la qualifier. Le chanteur assis derrière son clavier au milieu de la scène semble fasciner le public et concentrer les regards. Accompagné de ses deux guitaristes, d’un bassiste et d’un batteur, il arrive à capter notre attention davantage quand il ne chante pas. Il nous transporte dans des envolées instrumentales qui semblent interminables. L’énergie dépensée par le groupe est étonnante et leur permet de plonger un public un peu mou dans un univers rock onirique qui devient rapidement trop pop et commercial.
23h20 : The Chemical Brothers, le “groupe” le plus surestimé de l’histoire. Un set beaucoup trop long (le seul d’1h30… POURQUOI ?). Seul point positif au tableau, des visuels perturbants (et donc intéressants). Un autre intérêt aura été de nous faire partir, et donc nous placer idéalement pour The Shoes…
00h55 : The Shoes, alliage très réussi entre images et son. Rire permanent devant cette collection de mèmes Internet mythiques (Sharkira, marmotte, funny cats), de véritables inventions (poulet chasseur de chats mignons, culs-de-poule), ouvrant notre esprit à apprécier des morceaux mélangeant rock et électro, hyper catchy. Sans doute une des plus belles surprises de ce vendredi. Napalm Flagrant pourra regretter que le duo n’ait pas fait ses morceaux préférés de Crack My Bones (Stay The Same, Wastin’ Time, Investigator). On lui fait confiance pour dire que c’est très dommage.
Mention spéciale golden pour “l’hommage à Michael Jackson” : son visage en décomposition.
Mention spéciale silver pour les canards-tanks.
Mention spéciale bronze pour Time to Dance et la version remixée de A Forest de The Cure.
2h : 1 personne sur 8 a survécu à cette première journée éprouvante. Il s’agit de Napalm Flagrant, pour qui Rone a réussi à enchanter le festival en cette fin de soirée, posté sur scène tel un extra-terrestre dans sa navette spatiale, face un public transporté et attentif. En effet, Rone a livré un set progressif mais subtil mélangeant à merveille Tohu Bohu (avec le toujours magique Bye Bye Macadam notamment en début de set) et son EP Vod(oo). Les variations sur Bye Bye Macadam ainsi que la continuité du thème de Vod(oo) réussissent à apporter la base mélodique et l’univers de Rone dans un set très rythmé et techno. Certains ont reproché trop de basses dans la balance du set, le privant de la subtilité des versions albums, mais le tout reste sublime et entraînant pour conclure cette belle première journée. RONE EST LE MEILLEUR ARTISTE DU MONDE BORDEL.
Samedi 2 juillet
16h26 : Après avoir dormi toute la journée, nous déjeunons. 1er concert que nous attendons avec impatience : The Horrors. Toute l’équipe s’avère extrêmement en forme.
19h : Nous arrivons en retard, bien sûr. Le temps d’écouter un morceau de Naive New Beaters. Le public avait l’air particulièrement enthousiaste, mais nous sommes tristes d’avoir raté The Horrors.
19h20 : Brigitte ou la grosse erreur de casting du festival Beauregard. Tout le charme de ce duo charismatique repose sur leurs harmonies sensuelles et envoutantes et sur leurs qualités de raconteuses d’histoires. Ici, le son des instruments écrasent celui des voix, on ne comprend pas un mot de ce qu’elles disent (à moins de faire preuve de beaucoup de bonne volonté et d’avoir déjà entendu la chanson plusieurs fois auparavant). Aucun indéflagrant n’est convaincu par la prestation, même Indésilver et Napalm Falgrant qui vantaient quelques minutes plus tôt l’incontestable sens de la musique et de la scène des deux jeunes chanteuses. Préférez les lieux intimistes (bar, petites scènes …) si vous planifiez de les écouter un jour à l’oeuvre, la magie fonctionnera à coup sûr (un peu plus que pour nous ce soir en tout cas).
20h25 : La Femme est l’avenir de l’homme, disaient Louis Aragon puis Jean Ferrat. Si la poésie du groupe de pop-électro n’atteint pas vraiment celle des deux susnommés, leur énergie n’est pas contestable. Souvent fun (notamment ce nouveau morceau sobrement nommé Mycose qui nous a bien amusés), parfois un peu brouillon sur le plan musical, La Femme a néanmoins bien réveillé le public de Beauregard, qui semblait dans une certaine léthargie depuis notre arrivée. On attend le nouvel album prévu pour septembre avec attention. Si la ‘formule’ en live se développe suffisamment pour atteindre la structure régulière des morceaux studio, La Femme sera définitivement très bonne.
21h30 : À peine sortis des quatre synthés de la Femme, on se débrouille pour ne pas arriver trop loin de la scène Beauregard. Pas facile, il y a du monde pour voir le bon Robert. Normal, il a beau être venu sous le nom Robert Plant and the Sensational Space Shifters, on aperçoit rapidement dans la foule des panneaux ou des t-shirts Led Zeppelin. Et c’est ainsi que, fort de son héritage, il débarque sur scène tel le vieux roi lion du rock des années 70, la barbe prononcée et la crinière sauvage (selon Dandy Flagrant). “Allez les bleus !“, déclare-t-il en arrivant. Une maîtrise totale pour chauffer la scène. Bravo, Rob.
Accompagné de musiciens résolument blues rock, c’est par des chansons propres à son groupe qu’il remet Beauregard sous le règne du rock’n’roll. Mais il faut peu de temps pour que le quart de Led Zeppelin ne s’exprime. D’abord avec une reprise de Black Dog, dont le rythme du riff est encore plus étrange que l’original (sisi, c’est possible), puis avec des interludes de classiques tels que Dazed and Confused ou Whole Lotta Love. Pour le plus grand bonheur de tous. Le point d’orgue restera tout de même un Babe I’m Gonna Leave You d’anthologie d’une bonne dizaine de minutes.
Ce qui ne veut pas dire qu’il est seul sur scène, loin de là. Avec de talentueux musiciens, les Sensational Space Shifters mêlent blues rock des années 70 à des styles plus folk voire africains (les noms des instruments traditionnels africains utilisés nous échappent et nous plaidons coupables de notre ignorance). Même les titres de Led Zeppelin se voient parfois transformés par ces sensationnels machinistes d’espace. Une réussite totale pour le groupe et pour Robert Plant qui reste impressionnant de maîtrise. Certains chanteurs souffrent plus que d’autres lorsque les années passent (Dylan, si tu nous entends), ce n’est clairement pas le cas de Plant qui emballe sans difficulté le festival en finissant avec Rock and Roll en rappel. On espérait tout au fond de nous entendre résonner les notes de Stairway To Heaven (en bons fanboys pas originaux du tout que nous sommes). Il n’en sera rien mais nous quitterons la scène Beauregard sans déception devant ce show, mélange de classiques et de renouveau. Et puis cela restera le concert le plus proche de ce qu’on verra d’un set de Led Zeppelin dans nos vies. Sans doute. Peut-être. Enfin, Jimmy et John, si vous nous lisez… Voilà, quoi. On sait jamais. A bon entendeur.
22h55 : Lilly Wood And The Prick : Faire suite à Robert Plant est compliqué (euphémisme, quand tu nous tiens…), mais Nili Hadida et son groupe se sont attelés à la tâche et nous ont livré un live pop/folk entraînant. Bien que nous n’ayons pas entendu la totalité du set (Eh oui, la presse aussi a besoin de se sustenter !), celui-ci nous aura permis de chiller et de bouger notre corps au fil de nos kebabs/frites.
0h00 : Nous n’attendions pas de The Avener une prestation live exceptionnelle, devinant que les versions studio de ses morceaux, fondées en majorité sur des samples ou des travaux sur d’autres chansons connues (Lonely Boy des Black Keys, Ain’t No Mountain High Enough de Marvin Gaye & Tammi Terrell…), ne différeraient pas beaucoup en live. Et, effectivement, nos attentes n’ont pas été pulvérisées [ALERTE EUPHÉMISME]. Comme en atteste cette capture d’écran faite par le bon Indélébile (très fier de son action), The Avener a sans doute, par moments, cédé à la facilité de brancher tout simplement son iPod. Ou son Galaxy 3, tout dépend du sponsor…
1h05 : Nous nous sommes donc échappés assez vite du set précédent pour nous placer idéalement pour The Kills. Le retour du duo rock sulfureux pour un final en apothéose était sans aucun doute l’un des sets les plus attendus par le public de Beauregard. Et nous n’avons pas été déçus par le sulfure dégagé de la réaction chimique entre la sublime blonde Alison Mosshart, toute de cuir vêtue et pulvérisant Joan Jett en termes de classe vestimentaire, et son compagnon Jamie Hince, qui remporte sans doute la palme du swag de ce festival (à égalité avec Robert Plant nous dit Ingéflagrant, maître du swag). Avec sa voix grave et maîtrisée, Alison Mosshart s’est déchaînée, dégageant un charme fou et définitivement rock, se mêlant à merveille avec les riffs garage rock produits par le très classe Jamie Hince. En témoigne leur version assez géniale de Doing It To Death, premier single de leur dernier album Ash & Ice.
Une belle conclusion avant de reprendre la route de nuit pour la capitale. Sur le chemin du retour, nous avons beaucoup parlé de Rone (ou plutôt écouté Napalm Flagrant en dire un bien fou) et donné les bons points.
La performance de Robert Plant, le set maîtrisé de Beck, le concert déjanté de The Shoes et le garage rock de The Kills resteront des moments forts de cette édition 2016.
Rendez-vous en 2017 ?